Rwanda : L'INDUSTRIE DU GENOCIDE A BOUT DE SOUFFLE
MUNYAKAZI Léopold
Je remercie Maurice Niwese pour nous avoir donné une idée du
colloque de Montréal sur le négationnisme. Je ne doute pas
qu'un des participants a partagé avec l'assistance ses
impressions de lecture sur le livre de Norman Finkelstein, professeur
à la City University de New York (L'industrie de
l'Holocauste. Réflexions sur l'exploitation de la souffrance
des Juifs, La fabrique, 2001, 157p.)
Il n'est pas inutile de rappeler quelques passages de ce livre que
certains n'ont peut-être pas eu sous la main.
« John Stuart Mill avait fait remarquer, il y a longtemps
déjà, que les vérités, lorsqu'elles ne sont pas soumises
à une réévaluation permanente, finissent par `'cesser
d'avoir un effet de vérité par leur exagération qui les
transforme en mensonges'' » (p. 12).
[…]En fait, la politique identitaire et l'Holocauste ont
pris racine parmi les Juifs américains non pas à cause de leur
état de victimes, mais précisément parce qu'ils ne sont pas
des victimes (p. 36).
[…]Mais la question première dans la politique du musée de
l'Holocauste est de savoir de qui on honore la mémoire. Les Juifs
sont-ils les seules victimes de l'Holocauste, ou bien les autres
catégories visées par les persécutions nazies
comptent-elles aussi pour des victimes ? (p. 75).
[…]Pourtant, on sait bien que les premières victimes
politiques ne furent pas les Juifs mais les communistes, et que les
premiers à être victimes d'un génocide ne furent pas les
Juifs mais les handicapés. Le principal problème, pour le musée
de l'Holocauste, était de justifier le silence sur le génocide
des Tziganes.
[…]Derrière la marginalisation du génocide tzigane par
le musée se cachent plusieurs motivations. Premièrement, on ne
peut pas comparer la perte d'un Tzigane et celle d'un Juif (p.
76). […] Deuxièmement, reconnaître le génocide tzigane
signifie perdre le monopole juif sur l'Holocauste, avec une perte
concomitante de `'capital moral'' juif. Troisièmement, si
la persécution nazie a frappé les Tziganes comme les Juifs, le
dogme selon lequel l'Holocauste représente le point culminant
de la haine millénaire des Gentils contre les Juifs ne tient
évidemment plus (p.77).
[…]Et Madeleine Albright, dans une adresse au parlement
suisse, expliquait que les bénéfices financiers que la Suisse
avait tirés des comptes juifs détenus au cours de ces cinquante
dernières années, `' avaient été transmis aux
générations suivantes, et c'est pourquoi le monde attendait du
peuple suisse, non pas qu'il assume la responsabilité des actions
de ses grands- parents, mais qu'il se montre généreux en
faisant tout son possible, aujourd'hui, pour réparer les torts
passés''. Ces nobles sentiments, jamais on ne les entend
exprimer- sinon pour les tourner en ridicule- quand il est question des
réparations aux Afro-américains pour l'esclavage » (pp.
103-104).
[…] « Jean Ziegler, un député suisse très critique
envers les banques suisses, observe que `' l'argent
pillé par Hitler et ses hommes de main ne diffère pas
essentiellement de l'argent sanglant'' actuellement
déposé en Suisse sur les comptes privés des dictateurs du
Tiers-Monde. `'Des millions d'hommes, de femmes et
d'enfants ont été conduits à la mort par les brigands de
Hitler et des centaines de milliers d'enfants meurent chaque
année de maladies et de dénutrition'' dans le Tiers-Monde,
parce que des tyrans dépouillent leurs pays avec l'aide des
requins de la finance suisse''. Et de la finance américaine tout
aussi bien. Je laisse de côté le fait, plus important encore, que
beaucoup de ces tyrans ont été mis en place et sont maintenus au
pouvoir par les Etats-Unis, qui les laissent dépouiller leur
pays » (p. 108).
[…] « Tandis que l'industrie de l'Holocauste joue ainsi
avec les chiffres pour gonfler ses réclamations, les antisémites
ont le plaisir de pouvoir se moquer des `'menteurs juifs''
qui trafiquent même avec leurs morts. En truquant ces chiffres,
l'industrie de l'Holocauste tend à blanchir le nazisme,
même si telle n'est pas son intention » (p.124).
[…] « Aujourd'hui, le but doit être de ramener
l'holocauste nazi à un sujet d'investigation rationnelle.
C'est la condition pour pouvoir en tirer des enseignements.
L'anormalité de l'holocauste nazi ne provient pas de
l'événement lui-même, mais de l'exploitation industrielle
qui s'est développée autour de lui. L'industrie de
l'Holocauste a toujours été en faillite morale, et cette
faillite doit être maintenant déclarée. Il n'est que temps
de faire cesser cette affaire. L'attitude la plus respectueuse
envers ceux qui sont morts est de protéger leur mémoire, de tirer
enseignement de leur souffrance et de les laisser enfin reposer en
paix » (p.144).
Mon commentaire :
Je trouve admirable qu'un intellectuel juif puisse soumettre
l'industrie de l'Holocauste à une évaluation rationnelle,
sans perdre le souci d'honorer la mémoire des victimes. Quand le
Rwanda aura-t-il son Finkelstein?
Quand je parcours les résumés des contributions au colloque, je
note que nos « colloqueurs » se sont confirmés dans leur
rôle de rhapsodes de l'histoire officielle rwandaise
manipulée, sans en tirer aucune leçon pour le présent
et l'avenir.
Tandis que les « inventeurs » du génocide des Tutsi sont
actuellement essoufflés et ont pratiquement abandonné la scène
pour avoir manqué de preuves établissant son existence, une
nouvelle génération d'agents de l'industrie du génocide
entend prendre le relais en investissant les efforts et les
ressources dans un combat contre le négationnisme et de
l'idéologie génocidaire. Ils poursuivent l'entreprise de
la manipulation de l'histoire et de l'intoxication de
l'opinion à travers diverses institutions politiques,
médiatiques et académiques.
Ayons le courage de leur tenir tête et de les ramener à la
raison de la vérité historique, sans complexe ni rancune. Ma
position sur le génocide rwandais (et non des Tutsi !) est que le
Rwanda a été victime d'un horrible fratricide initié par
des hordes de la NRA/RPF armées par des puissances anglo-saxonnes. Y
a-t-il un témoin oculaire qui aurait une version différente ?
Ce pourrait constituer le prochain thème de nos échanges sur le
net.