Réunion régionale des femmes à Kigali :
Duel des mots entre les Congolaises et les Rwandaises
(La Référence 13/10/2004)
Jusqu'à sa clôture, la conférence
régionale des femmes sur la paix, la sécurité, le développement dans la région
des Grands lacs a maintenu le suspens.
Réunissant les femmes du Burundi, de la RDC, du Kenya, de l'Ouganda, du
Rwanda, de la Tanzanie et de la Zambie, la conférence de Kigali a eu le mérite
de réunir pour la première fois les femmes de la sous-région. Et ce, dans
le cadre de la tenue de la conférence internationale des Chefs d'Etat et de
gouvernement sur la paix, la sécurité et le développement dans la région
des Grands lacs africains.
Si, à la deuxième journée, les Rwandaises et les Ougandaises s'en sont
prises aux Congolaises, ces dernières n'ont pu signer la déclaration finale
qu'après plusieurs heures de discussions. Et ce, à cause de certains termes,
terminologies ou insinuations qui frisaient des sensibilités de la délégation
rwandaise et congolaise. La pomme de discorde ou plutôt les pommes de
discorde ont concerné les termes " agression " et " génocides
".
Les Congolaises ont insisté sur le fait que l'aspect agression de la RDC
devait transparaître dans le préambule. Après discussions, les Rwandaises
ont préféré la formule " non-respect des principes fondamentaux d'intégrité
territoriale, de souveraineté et de non-agression ". Bonnet blanc, blanc
bonnet.
A leur tour, la délégation rwandaise a exigé que soit mentionné le génocide
de 1994. les Congolaises ont balayé cet argument pour plutôt opter sur une
formule plus générale " actes de génocide ".
Bref, la déclaration finale a pu finalement être signé, le dimanche après-midi
et une heure avant le retour des Congolaises.
Création du forum régional des femmes
Pour une première rencontre des femmes de la région des Grands lacs, le pire
a pu être évité. Même si, à certains moments, les tons ont été dur et
sec, il n'en est pas moins que les femmes ont réussi à émettre sur une la même
longueur d'onde. Et, comme formulé dans la déclaration finale de Kigali,
elles ont réclamé l'institutionnalisation du Forum des femmes de la région
des Grands lacs comme partie intégrante de la CI/RGL, en partenariat avec
l'Union africaine et les Nations Unies.
Ce forum sera un cadre approprié d'échanges et de débats entre les femmes,
premières victimes de conflits.
La réunion régionale des femmes qui s'est achevé, samedi soir à Kigali, a
balisé les voies vers l'intégration régionale des femmes dans le processus
de négociation et de prise de position au niveau régionale. Car, la paix et
la sécurité constitue la pierre angulaire de tout développement sans
laquelle les efforts consentis par l'humanité seraient vain. Car, il est vrai
aussi que le fléau des conflits entrave le développement de la région des
Grands lacs.
Au cours de ces importantes assises, elles ont décelé les causes profondes
des conflits, le rôle et la contribution dans la gestion de résolution des
questions de paix et de la sécurité, de la démocratie et bonne gouvernance,
du développement économique et des questions sociales et humanitaires.
En matière de paix et de sécurité, les femmes de la sous-région ont su démontré
qu'en cas de conflit, la femme restera toujours la première victime.
Les femmes fières du Pr Wangari Maathai
A la clôture de la conférence régionale de Kigali, les femmes n'ont pu
cacher leur joie à l'annonce de la merveilleuse nouvelle du comité du Nobel
de la paix qui a reconnu les travaux remarquables accomplis par le Professeur
Wangari Maathai dans le domaine de la protection et de la préservation de
l'environnement et lui a attribué le Prix Nobel 2004 pour la paix.
Le Pr Wangari Maathai est la deuxième africaine à se voir attribuer le Prix
Nobel et la première à obtenir le Nobel de la Paix. Cet prix est la preuve
ultime de la relation qui existe entre les conflits, la consolidation de la
paix, la lutte contre la pauvreté et la gestion des ressources naturelles
ainsi que la reconnaissance du rôle joué par les femmes dans ces domaines.
Les femmes de la région des Grands lacs ont saisi l'occasion pour lancer un
appel à leurs gouvernements respectifs pour qu'ils s'inspirent de l'exemple
du Comité du Nobel de la Paix et honorent comme il se doit le travail, en
reconnaissant, soutenant et institutionnalisant les méthodes, les rôles et
les contribution des femmes dans le domaine de la consolidation de la paix.
Pour elles, cette récompense est une reconnaissance éclatante du rôle des
femmes dans la consolidation de la paix. 12/10/04
Par Susie Bakajika
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