Désapprobation
générale à Kinshasa après la décision du RCD
(AFP 24/08/2004)
Après le rejet sans appel de la décision de M.
Azarias Ruberwa de suspendre la participation du RCD à la transition par une
frange importante des cadres de son parti, les Kinois ont emboîté le pas aux
politiques pour désapprouver l'attitude du président de l'ex-mouvement rebelle
et vice-président de la République.
"La décision de Ruberwa ne nous surprend pas outre mesure car elle
s'inscrit dans la droite ligne de la logique de ce parti aux relents
bellicistes", a commenté à l'AFP M. Mulamba, fonctionnaire de l'Etat pour
qui les "frères Banyamulenge (Congolais d'origine rwandaise, ndlr)
continuent à caresser le plan de balkanisation de notre pays".
Le fonctionnaire se dit convaincu que le président du RCD "va faire fausse
route" soutenant qu'"aucun Congolais ne souscrira à ce vieux plan
concocté" bien avant la mise en place des institutions de la transition,
selon lui.
La décision de M. Ruberwa a alimenté mardi les conversations des
"parlementaires-debout - cercles de discussion au coin des rues de la
capitale congolaise - regroupant généralement des militants proches de
l'opposant Etienne Tshisekedi.
"C'est une distraction montée par certains acteurs de la transition qui
ont peur d'aller aux élections que nous appelons de tous nos voeux", a
affirmé l'un d'eux, appelant le Ciat (Comité international d'accompagnement de
la transition) à "exercer des pressions" sur tous ceux qui
participent, à quelque degré que ce soit, au processus.
"La plupart des personnes participant aux institutions de la transition
n'ont pas d'avenir politique si le peuple congolais décide de leur sort dans
les urnes. Elles ont donc intérêt à perturber le cours normal du processus
qui va les enterrer politiquement", affirme un enseignant, Ambroise, qui
dit "ne pas craindre à court terme une (troisième) guerre en RDC".
"Il s'agit tout simplement d'un chantage de la part d'un groupe minoritaire
d'agitateurs au sein de l'ex-mouvement rebelle pro-rwandais pour s'aménager une
place confortable dans les institutions à mettre en place après la
transition", ajoute cet enseignant.
Dans les bureaux, les universités, les marchés et les rues peuplées de la
capitale de la République démocratique du Congo, la désapprobation est
totale.
Cependant, un groupe d'étudiants se réclamant de "la base" du
Rassemblement congolais pour la démocratie estiment que "l'arrêt de la
transition politique" demandé par leur leader est "nécessaire pour
faire le point des 12 premiers mois du processus de normalisation".
"Ce moment d'arrêt est important. Il ne doit pas être perçu comme une
manoeuvre politicienne visant à bloquer la transition. Les composantes doivent
regarder la réalité en face et examiner ensemble et sans complaisance les
questions qui achoppent sur la bonne marche de la transition", pensent-ils.
Ils estiment que la fusion des armées, de la police et des services de sécurité
exigée par le RCD précède la poursuite de la transition.
Mardi en début d'après-midi, le gouvernement de transition qui se réunit en
session extraordinaire n'avait pas encore réagi à la décision du vice-président
Ruberwa qui poursuit son séjour à Goma, ancien fief de son mouvement.
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