NIKOZITAMBIRWA <nikozitambirwa. 81@gmail. com> a écrit :

 
Bonjour Emmanuel Mazimpaka,
Je m'en voudrais de ne pas répondre point par point à vos interrogations.
1. "Je ne te croyais pas si naïf. Ou peut-etre prends-tu tes désirs pour
des réalités." (Emmanuel Mazimpaka)
Ne vous en faites pas, monsieur Mazimpaka (faites-vous- en-pas, comme dirait mon ami québecois), le juriste que je suis comprend parfaitement l'embrouille du littéraire que vous êtes en matière juridique. Car, voyez-vous, monsieur Mazimpaka, le jargon juridique a ses règles propres découlant de la science juridique qui, comme son nom l'indique, n'est pas qu'une question de mots.
2. "Pourquoi à ton avis, les pays du monde entier
accepteraient- ils de se brouiller avec un président d'un pays
indépendant, si petit soit-il, sur de simples accusations d'un juge
quelconque, quand bien même il serait français, et qualifié
d'antitérroriste? " (Emmanuel Mazimpaka)

 
Bien cher Mazimpaka,
Cette question que vous posez, vous ne la poseriez certainement pas si vous saviez ce que c'est un mandat d'arrêt international et les effets qui en découlent. Avez-vous déjà entendu parler d'Interpol? Savez-vous quels Etats en sont membres? Savez-vous quelles sont les oblligations de chaque Etat membre?
Ce qui vous induit en erreur, ce sont certainement les mandats d'arrêt fantaisistes et arbitraires qui sont régulièrement lancés par la "justice" rwandaise contre des innocents (p.e. le mandat d'arrêt contre monsieur Emmanuel Bagambiki ou contre monsieur l'abbé Wenceslas Munyeshyaka) et que les autres Etats refusent d'exécuter. Mais il ne faudrait pas prendre l'exception rwandaise pour la règle. Celle-ci est autrement conçue.
S'agissant des mandats d'arrêt internationaux lancés par le juge français Jean-Louis Bruguière contre la bande de criminels qui font le beau temps et la pluie au pays des mille collines, en raison de leur rôle dans l'attentat du 6 avril 1994 contre l'avion présidentiel de Juvénal Habyarimana, lequel a constitué l'élément déclencheur du génocide de 1994, une chose est sûre: aucun des 25 pays membres de l'Union européenne ne peut refuser de les exécuter. Ainsi le veut le droit européen. Quant aux autres pays non européens membres d'Interpol, ils prennent le risque de se brouiller avec les pays de l'Union européenne s'ils refusent d'exécuter les mandats d'arrêt internationaux émis dans l'Union européenne qui, ne l'oublions, compte en son sein deux membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations Unies. Croyez-moi, monsieur Mazimpaka, les autres Etats non européens réfléchiront deux fois avant de prendre ce risque.
3. "A ton avis, est-il plus urgent de juger
Paul Kagame, que de juger des génocidaires reconnus, qui pillulent
sur le sol francais , et ailleurs dans le monde?" (Emmanuel Mazimpaka)

 
Bien cher Mazimpaka,
Il est urgentissime de juger tous les criminels, en commençant par Paul Kagame, qui, lui, n'a pas commis qu'un génocide mais au moins deux (un au Rwanda et un autre dans la partie orientale du Congo voisin), sans oublier de nombreux crimes de guerre et autres crimes contre l'humanité, tant il est vrai, cher Mazimpaka, que c 'est bien Paul Kagame, patron du Front patriotique rwandais (FPR), qui a fait abattre l'avion du président Habyarimana le 6 avril 1994, allumant le brasier du génocide rwandais dans lequel près d'un million de Tutsis vont trouver la mort. Pierre Péan a, à bon droit et à juste titre, écrit que «l'apprenti dictateur n'a pas hésité à abattre l'avion du chef d'Etat qu'il voulait remplacer, sachant ainsi pertinemment qu'il allait déclencher de terribles tueries visant notamment les gens de sa propre ethnie. Hitler? Staline? Pol Pot? Non, Kagame, tout simplement, qu'un jour l'histoire, lorsqu'elle aura déchiré le voile des manipulations, rangera dans la catégorie des monstres sanguinaires. Un monstre capable d'exploiter à son profit la tentative de génocide qu'il a sciemment déclenchée. En somme, un Führer qui serait devenu directeur de Yad Vashem, le musée de la Shoah...» (Roger de Diesbach Patrick Vallélian, in La Liberté, quotidien romand édité à Fribourg, 23 novembre 2005 citant Pierre Péan, «Noires fureurs, blancs menteurs», Mille et une nuits, 2005, 544 pages).
Qui dit mieux?
4. "Je termine par un paris avec toi: Et si Kagame et les autres mis en
cause ne sont ni poursuivis ni arretés, je dirais en d'autres termes:
et si tes prédictions s'avèrent fausses?" (Emmanuel Mazimpaka)

 
Monsieur Mazimpaka,
Je ne peux pas parier que les neuf criminels contre lesquels le juge anti-terroriste français Jean-Louis Bruguière vient de lancer des mandats d'arrêt internationaux seront à coup sûr arrêtés et jugés. Quant à être poursuivis, ils le sont déjà. Je ne puis dès lors parier sur une évidence. Au demeurant, le juriste n'est ni un medium ni un devin, et la science juridique ne s'assimile pas à l'art de KURAGUZA IFURO. Et si vous voulez que je vous le dise franchement: la probabilité que ces 9 criminels soient arrêtés et jugés est faible (pas nulle, mais proche de zéro). Il y va de la survie de Paul Kagame lui-même, à moins que celui-ci n'ait une propension démesurément aigüe au suicide, ce qui est loin d'être prouvé.
Tout ce que je peux vous dire, monsieur Mazimpaka, c'est que si j'étais partisan du régime dictatorial de Paul Kagame (Qu'à Dieu ne plaise !), je n'aurais qu'un seul souhait: que les 9 criminels concernés par les mandats d'arrêt internationaux du juge anti-terroriste français Jean-Louis Bruguière soient arrêtés, jugés (en France ou au T.P.I.R.) et, éventuellement, acquittés au bénéfice du doute. Car, voyez-vous, monsieur Mazimpaka, le jugement d'un criminel n'aboutit pas toujours à sa condamnation. Avez-vous déjà entendu parler de l'affaire O.J. Simpson? Celui-ci a tué sa femme, presqu'en direct à la télévision, et, en fin de compte, il a été acquitté au bénéfice du doute. Un scénario semblable n'est pas inimaginable pour la bande de criminels qui règnent en maître à Kigali et qui ont fait abattre, le 6 avril 1994, l'avion présidentiel de Juvénal Habyarimana précipitant ainsi le pays dans une horreur apocalyptique. Mais, si ces criminels ne sont jamais jugés, la probabilité qu'ils soient acquittés au bénéfice du doute n'est pas proche de zéro puisqu'elle est nulle (0,0000000).
Comme je ne suis pas un chaud partisan du régime dictatorial de Paul Kagame (c'est le moins que l'on puisse dire; c'est une litote), il est hors de question que je souhaite l'acquittement de Paul Kagame et de sa bande de criminels du même acabit que lui au bénéfice du doute. Ce que je souhaite (ici c'est le militant qui parle, non le juriste), c'est leur condamnation à de la prison ferme à perpétuité. Et, croyez-moi, monsieur Mazimpaka, grâce à leur arrogance et à leur inconscience, c'est déjà chose (partiellement) faite. En effet, les mandats d'arret internationaux du juge anti-terroriste français Jean-Louis Bruguière ont d'ores et déjà un effet immédiat qui me satisfait entièrement: CLOUER LES NEUF CRIMINELS CONCERNÉS AU SOL À KIGALI où ils vivront désormais en quarantaine, isolés du reste du monde, comme des lépreux. Si ce n'est pas de la prison ferme, cela y ressemble beaucoup, d'où ma jubilation (totale). Ainsi donc, j'ai déjà obtenu ce que j'attendais de la justice française. Le juge Jean-Louis Bruguière a fait correctement son boulot. Je n'en attendais pas davantage. Quant à Paul Kagame, auteur de nombreux crimes ignobles contre l'humanité et sa bande de criminels qui l'entourent, je leur dédie ces sages paroles du président Abraham Lincoln:
Vive la République,
Vive la France,
Vive le droit.
"Les nations, disait Mao Zedong, pourrissent comme les poissons, par la tête".

C'est bien là le mal rwandais (ce mal d'Etat, ce pourrissement par la tête, si évident, si avancé).

Abatabizi bicwa no kutabimenya.
 


Ce qui se passe pousse également à se demander pourquoi Kigali insiste tant pour que les Occidentaux suivent l'exemple de la Belgique en allant se prosterner devant les fosses communes. Il semble leur dire : ces fosses communes, nous les avons creusées ensemble! Souvenez-vous de ces réunions nocturnes, de ces accords obscurs, de cette coupe de sang.
 
Qui s'excuse s'accuse, dit-on. Cet adage n'est pas complétement dépourvu de tout fondement.