19 octobre 2010 10h54 | Par RICHARD Dominique |
COMUNIQUE DE PRESSE DU 19 octobre 2010
La Justice française vient de
refuser mon extradition au Rwanda. Décision logique après trois séances
publiques au tribunal, en toute transparence, autour d’un dossier d’accusation
désespérément vide.
- du journaliste Jean Léonard
RUGAMBAGE, assassiné à Kigali fin juin pour avoir enquêté sur la tentative
d’assassinat de KAYUMBA NYAMWASA,
- d’André KAGWA RWISEREKA,
ancien du FPR devenu opposant, vice-président du Parti Démocratique
Vert, assassiné et décapité le 14 juillet,
- de l’Avocat Jwani MWAIKUSA,
Professeur de droit à l’Université de Dar-es-Salam, également abattu le 14
juillet. Avocat de la défense au TIPR, il avait défendu et obtenu la
non-extradition vers le Rwanda de détenus de ce tribunal;
D’autres sont en danger de
mort imminente ; à l’occasion de ce communiqué de presse je lance un appel au
secours urgent en leur faveur:
-
Madame Victoire INGABIRE UMUHOZA, présidente du parti FDU-INKINGI,
incarcérée depuis le 14 octobre dans une des prisons-mouroirs. Elle fait l’objet
de tortures et de toutes sortes d’humiliations. Rentrée de Hollande, de son
propre gré, pour se porter candidate aux présidentielles qui se sont déroulées
en août dernier, elle avait été, depuis avril 2010, mise sous contrôle
judiciaire avec des accusations fallacieuses;
-
Agnès UWIMANA, directrice du journal Umurabyo, incarcérée sous
l’accusation d’incitation à la désobéissance civile, outrage au Chef de l’Etat
et de négationnisme du génocide;
-
Le Lt Colonel NGABO RUGIGANA, petit frère du général KAYUMBA NYAMWASA,
détenu dans un cachot secret jusqu’à cette date ;
-
Ces prisonniers politiques récents ont rejoint d’autres, plus anciens,
dont Charles NTAKIRUTINKA et le docteur Théoneste NIYITEGEKA, ex-candidat à
l’élection présidentielle de 2003, ainsi que nombreux autres anonymes ;
Les exactions du FPR n’ont
pas épargné des non rwandais. Ainsi :
-
Carina Tertsakian, représentante de Human Rights Watch,
expulsée du Rwanda en avril après la publication de son livre, « Le Château »,
évoquant les mauvaises conditions de détention au Rwanda ;
Pour mémoire, rappelons le
rapport des Nations Unies dit « mapping » (Etat des lieux), publié le 1 octobre
2010, traitant des violations les plus graves des droits humains et du droit
international humanitaire commises au Congo entre 1993 et 2003. Selon ce
rapport, certains de ces crimes peuvent être qualifiés de « crimes de
génocide ». Les responsabilités, notamment du Rwanda de Paul KAGAME, sont
clairement établies dans ces massacres. La communauté internationale devrait
rapidement mettre en place les mécanismes juridiques appropriés pour l’examen du
contenu de ce rapport.
Avec le refus de l’extradition
une étape importante est franchie. Un débat sur le fond sera possible, en
France. Dans cette affaire, chacun doit engager sa responsabilité. J’attends que
mes détracteurs présentent leurs supposés témoins et les faux documents utilisés
pour me mettre en cause, s’autorisant toute sorte d’insultes à mon égard. Je
réclamerai bien sûr que soient prises, contre les délateurs et leurs mentors,
les sanctions prévues par la loi française en la matière.
Sosthène MUNYEMANA