RWANDA/BRUGUIERE - DEUX GENERAUX RWANDAIS ASSIGNENT LE JUGE BRUGUIERE DEVANT
LA JUSTICE BELGE
Bruxelles, 13
avril 2007 (FH) – Deux généraux
rwandais, proches du président Paul Kagame et accusés par Jean-Louis Bruguiere
d'avoir pris part à l'attentat contre l'avion du président Habyarimana, ont
assigné à Bruxelles le juge d'instruction français et l'Etat belge, apprend on
vendredi auprès de leur avocat.
Une audience d'introduction, lors de laquelle le fond ne devrait pas être
abordé, se tiendra devant la première chambre du tribunal de première instance
de Bruxelles le 19 avril.
Les généraux Charles Kayonga, chef d'Etat major de l'armée de terre, et
Jackson Nkurunziza (connu sous le nom de Jack Nziza), chargé de l'instruction
civique au sein de l'armée rwandaise, font partie des neuf personnalités
proches du pouvoir visées par les mandats d'arrêt internationaux délivrés
suite à l'ordonnance de soit-communiqué du juge d'instruction, rendue publique
le 27 novembre 2006.
Cette ordonnance concluait à la responsabilité du FPR et du général Paul
Kagame dans l'attentat contre l'avion du président Juvénal Habyarimana, le 6
avril 1994, à la veille du génocide qui fit entre 800 000 et 1 million de
morts. Charles Kayonga et Jackson Nkurunziza auraient participé à cet
attentat, selon le juge français.
Selon Me Serge Moureaux, leur avocat, la procédure, engagée au mois de mars,
met en cause l'application par la Belgique des mandats du juge d'instruction.
"Il s'agit d'invoquer le droit à circuler », a-t-il expliqué à l'agence
Hirondelle. « Bruxelles est le siège de plusieurs institutions
internationales, rappelle-t-il, de plus il existe un accord de coopération
militaire entre la Belgique et le Rwanda et, à ce titre, ces généraux doivent
pouvoir fonctionner dans le cadre de commissions inter-étatiques. Ces mandats
les en empêchent". Les ministres de l'Intérieur et de la Justice seront cités
au nom de l'Etat belge.
Cette action vise aussi le juge d'instruction, "à titre personnel, et en tant
qu'organe de l'Etat français". Selon Me Moureaux, Jean-Louis Bruguiere,
en rédigeant une ordonnance "qui considère des faits comme établis alors qu'il
ne peut établir que des présomptions" , et en "divulguant son ordonnance tous
azimuts", a manqué à deux des obligations d'un juge d'instruction, la
présomption d'innocence et le secret de l'instruction. Ce qui constituerait
une "violation des conventions internationales, notamment de la convention de
sauvegarde des Droits de l'homme". Or, continue Serge Moureaux, "la loi belge
sur le mandat d'arrêt européen [loi du 19 décembre 2003] interdit ces
violations. De ce fait aussi, nous demandons à la Belgique de ne pas appliquer
les mandats du juge Bruguiere".
Pour l'avocat des militaires rwandais '"on est amené à considérer qu'il a agi
à titre politique et qu'il a détourné de leur objet ses fonctions. J'ajoute
qu'il prend ouvertement parti pour les thèses révisionnistes du génocide dans
la mesure où il impute la responsabilité du génocide au FPR et à Paul Kagame,
en contradiction avec toute la jurisprudence du Tribunal pénal international
pour le Rwanda (TPIR)".
BF/PB/GF
© Agence Hirondelle