Le chef
tutsi de la rébellion congolaise Laurent Nkunda, qui déstabilisait l'est du
Congo et le pouvoir de Kinshasa depuis plusieurs années, a été arrêté jeudi
au Rwanda, à la suite d'une offensive des forces congolaises et rwandaises
dans l'est de la RDC.
"L'état-major conjoint des FARDC (armée congolaise) et des éléments de
renseignement RDF (armée rwandaise) informe de l'arrestation du général
déchu Laurent Nkunda jeudi à 22H30 sur le territoire rwandais après avoir
opposé une brève résistance à nos militaires à Bunagana", en RDC, a annoncé
un communiqué de l'inspecteur général de la police de RDC, John Numbi.
Le chef de la rébellion du Conseil national pour la défense du peuple
(CNDP) était vraisembablement vendredi "en résidence surveillée à Gisenyi",
localité rwandaise située face à Goma, capitale congolaise du Nord-Kivu,
selon une source de la rébellion.
A Kinshasa, le porte-parole du gouvernement Lambert Mende a exprimé la
satisfaction des autorités et souhaité l'extradition de Laurent Nkunda "dans
la perspective qu'il soit présenté devant son juge naturel", la justice
congolaise. Laurent Nkunda fait l'objet d'un mandat d'arrêt délivré en
septembre 2005 par la Haute cour militaire congolaise pour désobéissance et
crimes de guerre à Bukavu, capitale de la province du Sud-Kivu qu'il avait
prise en juin 2004.
A Bruxelles, le commissaire européen au Développement Louis Michel a
espéré que son arrestation permette de "consolider et renforcer la paix"
dans la région. "Tout élément qui permet de décrisper ou d'amoindrir
l'influence négative de l'un ou de l'autre ne peut que consolider et
renforcer la paix", a commenté le commissaire européen.
Les forces rwandaises et congolaises étaient arrivées jeudi aux portes de
Bunagana, fief du chef du CNDP, dans la province du Nord-Kivu. Après de
brefs affrontements, Nkunda serait parti avec quelques hommes en territoire
rwandais, vers Bigogwe, près de Ruhengeri. Un camp de réfugiés tutsi
originaires de la région congolaise du Masisi se trouve dans la région.
Nkunda avait été affaibli début janvier par un putsch interne mené par le
chef d'état-major du CNDP, le général Bosco Ntaganda, qui l'avait "limogé"
le 5 janvier pour "mauvais leadership". Dix jours plus tard, Bsoco Ntaganda
et les principaux commandants du CNDP avaient déclaré "la fin de la guerre"
contre les FARDC et rallié la coalition FARDC-armée rwandaise.
Ce ralliement avait été annoncé publiquement à Goma, en présence de chefs
militaires des FARDC, du ministre congolais de l'Intérieur Célestin Mbuyu et
du chef d'état-major de l'armée rwandaise, James Kabarabe, qui avait
rencontré une semaine auparavant à Kinshasa le président congolais Joseph
Kabila.
Des soldats rwandais patrouillent à Tongo, au nord de
Goma, le 22 jAnvier 2009
© AFP Lionel Healing |
A la suite de ce "schisme", le rapport de force restait incertain entre
les deux factions du CNDP, qui contrôlait une grande partie du Nord-Kivu
après avoir partiellement mis en déroute l'armée gouvernementale de fin août
à novembre dernier.
Le 20 janvier, plus de 3.500 soldats rwandais entraient en RDC, dont
environ 2.000 prenaient la route de Rutshuru, la région de Nkunda. Suivis
des FARDC, ils sont entrés dans des localités livrées par les dissidents du
CNDP, sans résistance du camp de Nkunda. L'objectif avoué de l'offensive
conjointe était de traquer les rebelles hutu rwandais réfugiés en RDC depuis
le génocide de 1994 au Rwanda, mais elle a eu pour premier résultat de faire
tomber Nkunda.