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avocats de la défense au Tribunal pénal international pour le Rwanda
(TPIR) ont salué mardi le travail du juge français Jean-Louis Bruguière
qui a recommandé des poursuites devant la juridiction internationale
contre le président rwandais Paul Kagame.
"Enfin, il y a eu une enquête sérieuse qui a abouti à des conclusions
sérieuses quant au désastre qui a frappé le Rwanda", a déclaré à l'AFP
le Canadien John Philpot, avocat principal de Protais Zigiranyirazo,
beau-frère de l'ex-président Juvénal Habyarimana.
"Nous sommes soulagés de voir que les vrais responsables de cette
tragédie seront vraisemblablement poursuivis", a-t-il dit.
"C'est très positif, même si cela risque de paraître comme une réponse
du berger à la bergère ", a noté de son côté le français Raphaël
Constant, défenseur de l'ex-directeur de cabinet au ministère rwandais
de la Défense, le colonel Théoneste Bagosora, accusé par le procureur du
TPIR d'être le "cerveau" du génocide de 1994.
L'avocat faisait allusion aux travaux en cours de la commission
rwandaise d'enquête sur le rôle de la France dans le génocide.
L'Américain Peter Erlinder, président de l'Association des avocats de la
défense au TPIR (Adad), a de son côté appelé le TPIR "à ouvrir des
poursuites contre Kagame".
Contacté par l'AFP, le bureau du procureur du TPIR, le Gambien Hassan
Bubacar Jallow, n'avait pas réagi mardi en fin de matinée. Le TPIR a
déjà rejeté plusieurs requêtes de la défense concernant le rapport du
juge Bruguière.
Le juge Bruguière a recommandé vendredi des poursuites contre M. Kagame
devant le TPIR pour sa "participation présumée" à l'attentat de 1994
contre l'avion de son prédécesseur Juvénal Habyarimana, a-t-on appris
lundi de source judiciaire.
Parallèlement, le magistrat français a demandé l'avis du ministère
public sur les arrestations de neuf membres de l'entourage de M. Kagame
dans le cadre de l'enquête, dont l'actuel chef d'état-major de l'armée
rwandaise James Kabarebe.
La mort du président Habyarimana avait déclenché le génocide au Rwanda,
qui a fait, selon l'ONU, environ 800.000 morts, essentiellement des
Tutsis, tués par les partisans du régime hutu. Le massacre n'avait pris
fin qu'après la victoire militaire de la rébellion tutsie du Front
patriotique rwandais (FPR), en juillet 1994.
Le TPIR, dont le siège est à Arusha, dans le nord de la Tanzanie, est
chargé de rechercher et juger les principaux responsables du génocide au
Rwanda. Il est aussi "habilité à poursuivre les personnes qui commettent
ou donnent l'ordre de commettre des violations graves (...) aux
Conventions de Genève", dont "les actes de terrorisme" commis au Rwanda
entre le 1er janvier et 31 décembre 1994, selon le statut du TPIR.
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