Mme Carla Del Ponte écartée contre son gré du poste de procureur du TPR
NEW YORK (Nations Unies), 29 juil (AFP) -
Mme Carla Del Ponte devrait, contre son gré, perdre la charge de procureur du
Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPR) une mesure souhaitée par le
gouvernement de Kigali qui a bénéficié dans sa campagne de l'appui de la
Grande Bretagne et des Etats-Unis.
M. Annan, dans une lettre au Conseil de Sécurité rendue publique mardi, a
recommandé qu'elle en soit déchargée et a justifié cette position "au
nom du rendement et de l'efficacité", sans faire la moindre allusion aux
attaques dont Mme Del Ponte, une juriste suisse hautement respectée, a été
l'objet de la part des autorités rwandaises.
Le secrétaire général des Nations Unies écrit ainsi qu'il lui a semblé
"essentiel" que la charge de procureur du tribunal international pour
l'ex-Yougoslavie (TPY) et celle du TPR, actuellement détenues par Mme Del Ponte
soit, à compter du 15 septembre prochain, assurées par deux personnes différentes.
M. Annan précise qu'il proposera Mme Del Ponte comme procureur du TPY -devant
lequel comparaît actuellement l'ancien président Slobodan Milosevic- et
communiquera en temps utile le nom de la personne qu'il souhaite voir remplir la
charge de procureur du TPR.
Le dédoublement de la charge de procureur suppose au préalable une
modification des statuts du tribunal ce qui relève de la seule responsabilité
du Conseil de sécurité qui nomme également le procureur sur proposition du
secrétaire général.
Mme Del Ponte, qui a été reçue lundi à New York par M. Annan, a refusé
toute rencontre avec la presse au siège de l'Onu.
Sa porte-parole, Florence Hartmann, avait cependant indiqué la semaine dernière
à La Haye où le TPY à son siège que "depuis plusieurs semaines des
pressions en coulisses sont exercées par les autorités rwandaises au Conseil
de sécurité des Nations unies afin d'écarter le procureur Carla Del Ponte du
"L'objectif, avait-elle ajouté à l'AFP, est d'empêcher le procureur
d'enquêter sur d'éventuels crimes commis par des membres de l'Armée
patriotique rwandaise (APR)".
Plusieurs dizaines d'organisations non gouvernementales rwandaises ont également
écrit la semaine dernière aux Nations Unies pour affirmer que Mme Del Ponte
"manquait de leadership" et "ne traitait pas toujours les crimes
de violence contre les femmes avec le même sérieux que tous les autres crimes
relevant de sa compétence".
La Grande-Bretagne, qui ne ménage pas son appui au gouvernement en place à
Kigali, a appuyé, avec l'aide des Etats-Unis, la campagne du Rwanda contre Mme
Del Ponte, ont confirmé des sources diplomatiques à l'Onu.