Génocide
rwandais: libération du premier prisonnier du TPIR à avoir
purgé sa peine
|
Pasteur Elizaphan NTAKIRUTIMANA
|
Dr Gerard NTAKIRUTIMANA
|
ARUSHA (AFP) - 06/12/2006 12h18 - Le
pasteur adventiste Elizaphan Ntakirutimana, premier
ecclésiastique jugé par le Tribunal pénal international pour
le Rwanda (TPIR) et premier condamné à avoir purgé sa peine,
a été libéré mercredi du centre de détention du tribunal à
Arusha, en Tanzanie.
Ce Hutu avait été condamné le 19 mars
2003 à dix ans de prison pour génocide et crimes contre
l'humanité.
Il a été reconnu coupable du massacre
de Tutsis en 1994 dans le complexe adventiste de Mugonero
(ouest du Rwanda) dont il était responsable. Ce complexe
comprenait une église, une école d'infirmières et un
hôpital, dont son fils Gérard, lui aussi condamné par le
TPIR et toujours en détention, était le médecin responsable.
A sa sortie de prison mercredi, le
religieux, âgé aujourd'hui de 81 ans et malade depuis
plusieurs mois, a affirmé avoir "été emprisonné sur la base
de fausses accusations" .
"Je n'ai jamais tué personne de ma
vie", a-t-il déclaré à la presse, vêtu d'un impeccable
costume kaki et coiffé d'une casquette en tweed marron.
"Je demande aux Rwandais d'être
prudents pour éviter que d'autres personnes ne soient
victimes de mensonges comme moi", a-t-il poursuivi, d'une
voix très faible et sans manifester la moindre émotion.
Il est ensuite monté dans un véhicule
du TPIR, appuyé sur une canne et soutenu par son épouse et
un de ses fils. Il devait se rendre dans une résidence
temporaire à Arusha, dans le nord de la Tanzanie, le temps
que le TPIR, qui prend en charge son nouveau logement, lui
trouve un pays d'accueil.
L'administration du tribunal a
affirmé mercredi à la mi-journée ne pas encore savoir si un
pays avait accepté d'accueillir le pasteur. Le TPIR est déjà
confronté à la difficulté de trouver des pays d'accueil pour
quatre des cinq personnes qu'il a acquittées à ce jour.
M. Ntakirutimana, qui s'exprimait en
kinyarwanda, langue officielle au Rwanda, a cependant exclu
de retourner au Rwanda.
Il avait été arrêté le 29 septembre
1996 aux Etats-Unis et transféré à Arusha le 24 mars 2000,
au terme d'une longue bataille juridique contre
l'extradition.
Son fils, Gérard, condamné à 25 ans
de détention en même temps que le pasteur, reste lui à la
prison du TPIR.
Ce tribunal, créé par les Nations
unies fin 1994 et dont le siège est à Arusha, est chargé de
rechercher et juger les principaux responsables du génocide
de 1994 au Rwanda.
Les massacres perpétrés d'avril à
juillet 1994 ont fait, selon l'ONU, environ 800.000 morts,
parmi la minorité tutsie et les Hutus modérés. La rébellion
de l'époque du Front patriotique rwandais (FPR),
essentiellement tutsie et dirigée par l'actuel président
rwandais Paul Kagame, a mis fin aux massacres.
Le TPIR a prononcé à ce jour 26
condamnations et cinq acquittements.