CENTRE DE LUTTE CONTRE L’IMPUNITE ET L’INJUSTICE AU RWANDA BP 141 Bruxelles 3 Bruxelles, le 16 janvier 2005 1030 BRUXELLES Tél/Fax : 32.81.60.11.13 GSM: 32.476.70.15.69 COMMUNIQUE n° 78/2005 Où est le sérieux du Tribunal Pénal International pour le Rwanda face aux criminels qui dirigent le Rwanda ? Le Centre de Lutte contre l’Impunité et l’Injustice au Rwanda (CLIIR)* dénonce et condamne l’impunité, la complaisance et la complicité criminelle que le Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR), le Conseil de Sécurité de l’ONU (dominé par les USA) assurent aux principaux chefs militaires et politiques du FPR (Front Patriotique Rwandais) impliqués dans les crimes de génocide et les crimes de guerre commis au Rwanda depuis bientôt 15 ans. Ces criminels tutsi, qui ont opéré un véritable coup de force pour prendre la tête du FPR le 2 octobre 1990 par l’assassinat du Général Fred RWIGEMA (Président du FPR avant l’attaque FPR), se sont érigés en dirigeants omnipotents et omniprésents du Rwanda. Malgré les conclusions de l’Enquête du juge antiterroriste français Jean Louis BRUGUIERE, publiées par le Journal « Le Monde » du 9 mars 2004, et qui confirment la responsabilité du président Rwandais, le Général Paul KAGAME, ainsi qu’une dizaine de ses officiers supérieurs dans l’attentat terroriste du 6 avril 1994 qui a coûté la vie à deux présidents hutu (Juvénal HABYARIMANA du Rwanda et Cyprien NTARYAMIRA du Burundi), le TPIR, l’ONU et les grandes puissances continuent de soutenir cette poignée de dirigeants terroristes impliqués dans le génocide rwandais et les crimes de guerre. Ces dirigeants criminels, protégés par les grandes puissances mondiales (dont les principales sont les USA, l’Angleterre, le Canada, etc.) et laissés en liberté par le TPIR, continuent d’endeuiller le Rwanda et la République Démocratique du Congo depuis bientôt plus de 10 ans. Le CLIIR salue la décision du chercheur belge, le Professeur Filip REYNTJENS. En effet, ce dernier est un des spécialistes les plus réputés sur le Rwanda qui a osé suspendre sa coopération avec le TPIR tant qu’aucun membre de l’actuel parti au pouvoir (FPR) à Kigali ne sera poursuivi. Dans sa lettre du 11 janvier 2005 adressée au procureur du TPIR, le gambien Hassan Bubacar JALLOW, le Professeur Filip REYNTJENS déclare : « Je ne pourrai, ainsi, pas coopérer avec le bureau du procureur, avant que le premier suspect du FPR n’ait été mis en accusation ». M. REYNTJENS coopère depuis 1995 avec le TPIR, et le procureur l'a cité à plusieurs reprises comme "témoin expert". Le procureur Hassan Bubacar JALLOW a été nommé à ce poste le 4 septembre 2003 par le Conseil de sécurité de l’ONU. A cette époque il avait 52 ans et était juge permanent à la Cour spéciale pour la Sierre Leone. Il est entré en fonction officiellement le 15 septembre 2003 en remplacement de Madame Carla Del PONTE qui fut écartée sur pression des parrains du FPR lorsque le dossier des enquêtes sur les crimes commis par les soldats du FPR envenima ses relations avec le gouvernement rwandais. En effet, le 28 août 2003, pour se débarrasser d’un procureur gênant pour les criminels du FPR, le Conseil de sécurité de l'ONU décide d'accorder un procureur distinct au TPIR, conformément à une recommandation du Secrétaire général, Monsieur Kofi ANNAN. Le procureur sortant, Carla Del PONTE, était procureur en chef pour le TPIR et le Tribunal de l'ONU pour l'ex-Yougoslavie (TPIY). Elle a conservé son poste au TPIY pour la consoler et calmer son ardeur de vouloir arrêter les principaux alliés des USA en Afrique Centrale. Comme le déclarait souvent la Suissesse Carla Del Ponte, le nouveau procureur Hassan Bubacar Jallow a affirmé à plusieurs reprises en 2004 qu’il évaluait les éléments de preuve collectés pour enfin décider s’il y avait lieu de poursuivre ou non les criminels du FPR. Contexte historique de l’impunité assurée au FPR : L'actuel Gouvernement est noyauté, gangrené, paralysé et terrorisé par l'ingérence de cette junte militaire dans tous les secteurs de l'Administration publique et de la vie nationale. En effet tous les parlementaires, les sénateurs, les petits et grands fonctionnaires de l'Etat sont nommés ou démis, avec l'accord préalable des "agents de sécurité omnipotents et omniprésents », et ce, dans tous les coins, même les plus reculés, du pays. Ces agents sont essentiellement des militaires des FRD (Forces Rwandaises de Défense) qui constitue l’ancienne Armée Patriotique Rwandaise (APR) mise en place par le FPR. Le Service de Renseignements civils du Premier Ministre (SRP) a été saboté, neutralisé et absorbé par le Directorate of Military Intelligency (DMI) depuis décembre 1994, lorsque tous les Chefs du SRP au niveau des préfectures furent séquestrés à Mburabuturo (Kigali ville) pendant plusieurs jours. Par la suite, ces agents du SRP ont démissionné au moment où certains de leurs collègues furent assassinés ou portés disparus. Sans Service de Renseignements civils "neutre et indépendant" qui l'informe sur la situation intérieure, aucun Gouvernement ne peut fonctionner et sanctionner, car il devient dépendant des services de renseignements militaires de l'Armée et de la Police, qui terrorisent et oppriment la population au nom des institutions officielles de l’Etat Rwandais. Ce sont ces institutions de façade (gouvernement, parlement, sénat, et magistrature) que ces chefs militaires manipulent et contraignent à voter et à appliquer des lois injustes et liberticides. C’est cette junte militaire qui commandite des lois, des décrets-lois, des commissions d’enquête parlementaire (comme celle qui tente d’anéantir la Société civile rwandaise actuellement), des mises en application des décisions arbitraires, des enlèvements, la torture, des arrestations et des emprisonnements arbitraires. Tout cet arsenal est destiné à opprimer et à terroriser la population afin de mieux la dominer et l’empêcher à réfléchir, à s’organiser, à évoluer et à se développer matériellement, moralement, spirituellement et psychologiquement. Actions menées pour interpeller le TPIR : - Le 16 janvier 2001, une manifestation a été organisée à Bruxelles pour dire à Madame Carla DEL PONTE que la justice doit être impartiale et que le Tribunal Pénal International (TPI) doit juger sans exception tous les criminels impliqués dans les tragédies de l’Afrique Centrale. Un mémorandum lui a été adressé dans ce sens. "Je ne pourrai, ainsi, pas coopérer avec le bureau du procureur, avant que le premier suspect du FPR (Front patriotique rwandais, ex-rébellion aujourd'hui au pouvoir au Rwanda) n'ait été mis en accusation", écrit le professeur belge dans une lettre adressée au procureur en chef du TPIR, le Gambien Hassan Bubacar Jallow, et dont une copie a été transmise à l'AFP. Le procureur, nommé à ce poste en septembre 2003, a affirmé à plusieurs reprises l'année dernière qu'il évaluait les éléments de preuve collectés pour enfin décider s'il y avait lieu de poursuivre ou non des éléments du FPR. Jusqu'à présent, le TPIR n'a jugé que des personnalités de l'ex-régime hutu. Le dossier des enquêtes sur les crimes qu'auraient commis des soldats du FPR avait envenimé les relations entre le gouvernement rwandais et le prédécesseur de M. Jallow, la Suissesse Carla del Ponte, qui avait annoncé son intention de poursuivre en justice des collaborateurs du nouveau régime rwandais. "L'échec à poursuivre des suspects du FPR me place devant un grave dilemme moral", estime le professeur Reyntjens. La cellule des "enquêtes spéciales" du TPIR, qu'il précise avoir rencontrée en avril 2003, "a collecté des éléments de preuve sur un nombre de massacres commis par le FPR en 1994", affirme-t-il. "Ces crimes, poursuit-il, rentrent directement dans le mandat du TPIR, ils sont bien documentés, les preuves testimoniales et matérielles sont disponibles et l'identité des suspects du FPR est connue". "S'ils restent sans poursuite, le TPIR aura échoué à éliminer l'une des causes profondes du génocide et d'autres crimes, l'impunité", affirme M. Reyntjens. Le TPIR a été créé par les Nations unies en novembre 1994, sept mois après le début du génocide au Rwanda. Chair, Institute of Development Policy Antwerp, 11 January 2005 However, having co-operated with the ICTR and your office since 1995, the failure to prosecute RPF suspects puts me before a grave moral dilemma. During a previous visit to Arusha in April 2003, I met with Under these circumstances, the ICTR risks being part of the problem rather than of the solution. While I remain committed to the cause which is at the heart of the mandate of the ICTR, on ethical grounds I cannot any longer be involved in this process. I shall, therefore, not be able to co-operate with the OTP unless and until the first RPF suspect is indicted. In order to avoid possible misunderstanding, there is one point I must make clear. I do not intend with this position to exert pressure on you or your office. Not only would such an attempt be futile, but it would also run counter to my own conviction, as I have in the past denounced the pressures, and indeed the blackmail, exerted on the Prosecutor by the Rwandan Allow me to wish you a prosperous and productive new year. Yours sincerely, |
TPIR: pas d'impunité garantie au parti au pouvoir à Kigali
RWANDA - 12 janvier 2005 - par AFP
L'activité du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) ne peut laisser croire que "ceux qui sont au pouvoir n'ont pas à craindre de poursuite", a déclaré mercredi le bureau du procureur du TPIR.
Un des spécialistes du Rwanda les plus réputés, le chercheur belge Filip Reyntjens, avait annoncé mardi qu'il suspendait sa coopération avec le TPIR tant qu'aucun membre de l'actuel parti au pouvoir à Kigali ne serait poursuivi pour participation au génocide de 1994, dont cette juridiction est chargée de poursuivre les responsables.
Jusqu'à présent, le TPIR n'a jugé que des personnalités de l'ex-régime hutu en place à l'époque du génocide.
"Un message selon lequel ceux qui sont au pouvoir n'ont pas à craindre de poursuite n'émane certainement pas du TPIR pour le moment", répond à M. Reyntjens un proche collaborateur du procureur Hassan Bubacar Jallow, dans une lettre distribuée mercredi à la presse par le porte-parole du TPIR, Roland Amoussouga, rapporte l'agence de presse indépendante Hirondelle, spécialisée dans le compte-rendu des activités du tribunal.
"Le procureur a déclaré publiquement qu'il est en train d'évaluer les éléments de preuve collectés à ce sujet par son bureau pendant des années en vue de déterminer quels crimes ont été commis et par qui", rappelle ce courrier signé par Alex Obote-Odora, assistant spécial du procureur.
"Le mandat du TPIR demande au bureau du procureur de s'occuper de ces allégations" contre des membres du Front patriotique rwandais (FPR), l'ex-rébellion aujourd'hui au pouvoir au Rwanda, précise la lettre.
Le dossier des enquêtes sur les crimes qu'auraient commis des soldats du FPR avait envenimé les relations entre le gouvernement rwandais et le prédécesseur de M. Jallow, la Suissesse Carla del Ponte, qui avait annoncé son intention de poursuivre en justice des collaborateurs du nouveau régime rwandais.