De source proche
du pouvoir de Kigali, l'Agence
d'Information Grands.Lacs.Lamuka (AIGLL) vient d'apprendre que
le général Paul Kagame projette de visiter l'Espagne, en compagnie d'un groupe
d'officiels dont certains sont sous mandat d'arrêt international.
Un geste de provocation sans précédent !
Rappelons que dans un rapport d'enquête rendu public le 17 novembre 2006, le
juge anti-terroriste français Jean-Louis Bruguière a accusé Kagame d'avoir
organisé et ordonné l'attentat du 6 avril 1994 contre l'avion du président
Habyarimana, attentat ayant entraîné la mort de ce dernier et de son homologue
burundais Cyprien Ntaryamira, de plusieurs ministres et hauts fonctionnaires
ainsi que les trois membres
d'équipage de nationalité française.
Donnant suite aux plaintes des familles des trois membres d'équipage français, le juge anti-terroriste avait, à l'issue de son enquête, lancé des mandats d'arrêt internationaux contre un groupe d'officiels rwandais membres du Front Patriotique rwandais, et demandé au Tribunal Pénal International pour le Rwanda de lancer des poursuites contre Paul Kagame qui jouit de l'immunité diplomatique en sa qualité de Chef d'état en fonction et ne pouvant en l'espèce être poursuivi que par le TPIR.
En Espagne, la conclusion de la procédure judiciaire lancée
contre le même groupe de criminels du Front Patriotique rwandais serait
imminente.
Rappelons à cet égard le Communiqué de presse du 11 avril 2005 diffusé en son
temps par Maître Jordi Palou-Loverdos, pour le Forum international pour la
vérité et la justice dans l'Afrique des Grands Lacs. Maître Jordi Palou-Loverdos
est avocat à la cour, représentant légal, porte parole des victimes et du Forum
International pour la Vérité et la Justice dans l'Afrique des Grands Lacs.
Dans ledit communiqué du 11 avril 2005, l'avocat espagnol annonçait déjà les
couleurs :
" Le juge espagnol Fernando Andreu vient de
déclarer la recevabilité de la plainte déposé le 22 février 2005 devant
l'Audiencia Nacional (Tribunaux Espagnols) contre des officiers supérieurs de
l'Armée Patriotique Rwanda (dont le chef d'état major) au pouvoir au Rwanda,
pour leur implication directe dans le meurtre de ressortissants espagnols et
pour d'autres crimes commis entre le 1990 et 2002, pour conclure l'existence ou
pas des actions d'exterminations systématiques contre l'ethnie hutu, crimes de
génocide, terrorisme, crimes de guerre et d'autres crimes internationaux.
Le juge Fernando Andreu a décidé d'ouvrir des investigations contre 69
membres de l'Armée Patriotique Rwandais présumés responsables des crimes
dénoncés sur base de la compétence universelle prévue a l'article 24 de la loi
espagnole (L.O.P.J.) et les traités internationaux applicables. Par ailleurs,
les investigations se pencheraient sur le contexte général dans lequel les
ressortissants espagnols ont été assassinés.
La plainte a été déposé par le Forum
international pour la vérité et la justice dans l'Afrique des Grands Lacs qui
comprends entre autres des grandes figures comme Adolfo Pérez Esquivel, Prix
Nobel de la paix, de Cynthia McKinney, afro-américaine, membre du Congrès
américain, Juan Carrero, candidat au Prix Nobel de la Paix, ainsi que des
organisations non gouvernementales nationales et internationales.
Parmi les personnes présumées responsables
des crimes examinés figurent :
le général de Brigade KAYUMBA NYAMWASA (chef du
Département des renseignements militaires [DMI] - les services secrets rwandais
- pendant la guerre), le Lieutenant colonel RWAHAMA JACKSON MUTABAZI (attaché au
DMI de Byumba), le Lieutenant colonel JAMES KABAREBE (chef d'état-major de
l'Armée patriotique rwandaise et le plus haut responsable des opérations lors de
l'invasion du Zaïre par le Rwanda), le colonel DANY MUNYUZA (responsable des
opérations de l'arrière-garde dans la préfecture de Byumba et membre du DMI), le
capitaine MAJYAMBERE (agent des services de renseignements de la brigade nº
408), le capitaine EVARISTE KABALISA (commandant en second de la gendarmerie de
Ruhengeri)
Liste des victimes espagnoles qui
travaillaient auprès de ces populations :
a) JOAQUIM VALLMAJÓ SALA, missionnaire en
Afrique, enlevé, torturé et assassiné par le FPR à Byumba (Rwanda) le 26
avril1994.
b) SERVANDO MAYOR GARCÍA, JULIO RODRÍGUEZ
JORGE, MIGUEL ÁNGEL ISLA LUCIO et FERNANDO DE LA FUENTE DE LA FUENTE, frères
maristes, assassinés par le FPR à Bugobe (RDC) le 31 octobre 1996.
c) Mª FLORS SIRERA FORTUNY, MANUEL MADRAZO
OSUNA et LUIS VALTUEÑA GALLEGO, membres de l'ONG Médecins du Monde, assassinés
par le FPR à Ruhengeri (Rwanda) le 18 janvier 1997.
d) ISIDRO UZCUDUN POUSO, missionnaire du
diocèse de Donosti, assassiné par le FPR à Mugina (Rwanda) le 10 juin 2000.
e) Les pères canadiens tués par le FPR : Le
père Claude SIMARD tué le 17/10/1994 était Curé de la paroisse Ruyenzi à Butare
et le père Guy PINARD, curé de la paroisse Kampanga, tué en pleine messe le 2
février 1997 à Ruhengeri
f) Le père croate Curic VIJEKO tué le
31/01/1998 à Kigali par un militaire FPR. Il était économe général du diocèse de
Kabgayi à Gitarama.
Pour le Forum international pour la vérité
et la justice dans l'Afrique des Grands Lacs
Jordi Palou-Loverdos,
avocat à la cour, représentant légal, porte
parole des victimes et du Forum International pour la Vérité et la Justice dans
l'Afrique des Grands Lacs.
Tel :
34.661.574.375 Email : aequitasbcn@hotmail.com
http://www.ldgl.org/article.php3?id_article=387
Si la visite de
Paul Kagame et ses complices venait à se préciser, elle constituerait un
test décisif dans le domaine de la coopération judiciaire au sein de l'espace
européen. En effet, les autorités judiciaires espagnoles connaissent l'existence
des mandats d'arrêt internationaux lancés contre les collaborateurs de Kagame.
De plus, la justice espagnole a presque finalisé son enquête dont les cibles
semblent se confondre avec les auteurs de l'attentat du 6 avril 1994.
Cette visite aurait par conséquent l'avantage de clarifier les choses : si des
personnes contre lesquelles des mandats d'arrêt internationaux ont été lancées
par une autorité judiciaire d'un pays européen venaient à accompagner Kagame et
à se retrouver sur le territoire espagnol, pays européen dans lequel ces
criminels présumés font de surcroît l'objet d'une enquête pour leur implication
directe dans le meurtre de ressortissants espagnols et pour d'autres crimes
commis entre 1990 et 2002, la justice de ce pays devrait normalement les
appréhender sans hésitation pour des besoins d'enquête. C'est ce qu'espèrent les
familles des victimes espagnoles de Paul Kagame et de ses complices. C'est ce
qu'attendent aussi toutes les personnalités et les organisations des droits de
l'homme associées à la plainte des parties civiles.
Et si Paul Kagame nourrissait
secrètement le même espoir ?!
En se rendant imprudemment en Espagne, Kagame rendrait, plus qu'il ne
l'imagine, un service appréciable à la Justice internationale et à la paix dans
la région des grands lacs africains. Et permettrait sans le savoir à la Vérité
de faire un pas décisif dans la bonne direction. Chercherait-il à se débarasser
de ses encombrants collaborateurs à moindres frais qu'il ne s'y prendrait pas
autrement. D'une pierre deux coups. Il livre ses collaborateurs à la justice
espagnole et rentre héroïquement à Kigali auréolé de son immunité
diplomatique et plus que jamais "victime du néocolonialisme européen". Celui que
quelques journalistes ivoiriens trop zélés n'ont pas hésité à affubler du surnom
pompeux de "Napoléon africain" n'en est pas à son premier coup d'essai. Les
semaines à venir nous en diront plus sur les véritables intentions de cet homme
traqué qui joue au chien et au chat avec la justice internationale.
Agence d'Information
Grands.Lacs.Lamuka
Paris 09 février 2007