Justice. Les dérives du tribunal d’Arusha
Le 14/05/2006 à 7 h 00 - par Patrick Girard
Dans un livre solidement documenté, Thierry Cruvellier s’interroge
sur le fonctionnement, plutôt chaotique, du Tribunal Pénal
International pour le Rwanda, établi à Arusha en Tanzanie et sur les
arcanes de ce safari juridique.
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Ledit Tribunal a eu beaucoup de mal à commencer son travail. La
procureure canadienne, Louise Arbour, entendait en effet non seulement
juger les génocidaires mais aussi ouvrir une enquête sur les
circonstances de l’assassinat du président Juvénal Habyarimana, qui
provoqua les massacres, et sur les exactions commises par le FPR (Front
patriotique rwandais). Cela ne facilita guère ses relations avec le régime
de Kigali. Quant aux premiers inculpés, certains furent l’objet de
pressions pour interpréter un rôle qui leur vaudrait une amélioration
de leurs conditions de détention, voire un verdict plus clément.
L’arrivée de sa remplaçante, Carla del Ponte, n’a rien changé
à la dérive de l’institution, elle l’a même aggravée comme le
montre, preuves à l’appui, Thierry Cruvellier dans le livre
passionnant. Mais il est fort douteux que le TPIR en tire les
conclusions qui s’imposent. Il ne faut pas troubler la quiétude des
magistrats rendant la justice non pas au pied d’un chêne mais d’un
frangipanier.
Thierry Cruvellier, Le
Tribunal des vaincus. Un Nuremberg pour le Rwanda ?,
Calmann-Lévy, 280 p., 20, 50 euros
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