Le FPR a abattu l'avion du président rwandais en 1994, selon un expert français
ARUSHA (Tanzanie), 5 oct (AFP) - Le Front
patriotique rwandais (FPR), ex-rébellion tutsie au pouvoir depuis 1994, a
abattu l'avion du président rwandais Juvénal Habyarimana en 1994, a affirmé
mardi un spécialiste français du Rwanda, André Guichaoua, devant le Tribunal
pénal international pour le Rwanda (TPIR).
L'assassinat le 6 avril 1994 du chef de l'Etat rwandais, un Hutu, avait servi de
déclencheur au génocide qui a fait, selon l'Onu, environ 800.000 morts parmi
la minorité tutsie et les Hutus modérés en trois mois.
Les auteurs de cet attentat n'ont toujours pas été officiellement identifiés.
Mais le FPR a toujours démenti en être à l'origine.
"Le FPR a pris une initiative grave qu'il a certainement évaluée: donner
l'ordre d'abattre l'avion présidentiel, je veux le réaffirmer
aujourd'hui", a déclaré M. Guichaoua, cité par l'agence de presse indépendante
Hirondelle, qui suit les activités du tribunal.
M. Guichaoua était le dernier témoin de l'accusation dans le procès de
l'ancienne ministre de la Famille et de la Promotion féminine, Pauline
Nyiramasuhuko.
"En abattant l'avion présidentiel, il (le FPR) libérait les plus extrémistes",
a-t-il ajouté, sans apporter les preuves de ces affirmations.
M. Guichaoua, sociologue auteur de plusieurs ouvrages sur la région dont
"Les Crises politiques au Burundi et au Rwanda, 1993-94", avait déjà
tenu ces propos dans le journal français Le Monde en mai 2004.
Selon lui, l'attaque contre l'avion a été "une décision d'une
responsabilité incroyable qui a engagé le destin des acteurs dans des stratégies
qu'ils avaient programmées".
En 1994, le FPR et le parti présidentiel du Mouvement républicain national
pour le développement et la démocratie (MRND, hutu) voulaient soit prendre,
soit garder le pouvoir en favorisant la détérioration de la sécurité dans le
pays, a affirmé M. Guichaoua.
L'avion de M. Habyarimana, qui transportait aussi le président burundais
Cyprien Ntaryamira, a été abattu par un missile le 6 avril 1994.
Le professeur Guichaoua témoignait depuis le 27 septembre dans le procès
devant le TPIR de Mme Nyiramasuhuko, accusée notamment de génocide.
Le TPIR, créé par l'Onu en 1994 et qui siège dans le nord de la Tanzanie à
Arusha, est chargé de rechercher et juger les principaux responsables du génocide
rwandais.