Rose Kabuye autorisée à retourner au Rwanda pour les fêtes
PARIS - Rose Kabuye, une proche du président rwandais Paul Kagame
mise en examen et placée sous contrôle judiciaire en France dans
l'enquête sur l'attentat contre le président Habyarimana en 1994, a
été autorisée lundi à retourner au Rwanda pour les fêtes, ont indiqué
à l'AFP ses avocats.
"Pour des raisons familiales, nous avions demandé à ce que Mme Kabuye
puisse se rendre à Kigali pour la période des fêtes", a expliqué à
l'AFP l'un de ses avocat, Me Léon-Lef Forster, annonçant que cette
demande avait été acceptée par les juges après un avis favorable du
parquet.
"C'est une décision qui prend en considération la situation humaine
dans laquelle se trouve ma cliente et qui montre que la justice peut
fonctionner efficacement tout en étant modérée", s'est félicité
l'avocat en précisant que Mme Kabuye, qui récupérera son passeport
mardi matin, est tenue de revenir en France le 10 janvier.
"Elle a envoyé une lettre dans laquelle elle s'engage à respecter
l'ordonnance des juges", a précisé à l'AFP son autre avocat, Me
Bernard Maingain, ajoutant que le ministère rwandais de la Justice
avait également exprimé dans une lettre la volonté du gouvernement
rwandais de respecter l'engagement pris auprès du juge français.
Sous le coup d'un mandat d'arrêt international délivré en 2006 par la
France, Rose Kabuye, 47 ans, avait été interpellée le 9 novembre en
Allemagne et transférée à Paris où elle avait été mise en examen par
le juge antiterroriste Marc Trévidic pour complicité d'assassinats et
association de malfaiteurs, le tout en relation avec une entreprise
terroriste.
Le juge la soupçonne d'avoir pris part à l'attentat le 6 avril 1994
contre l'avion du président rwandais Juvénal Habyarimana, signal
déclencheur d'un génocide qui a fait selon l'ONU environ 800.000
morts, essentiellement parmi la minorité tutsie. Elle nie les faits
qui lui sont reprochés, selon ses avocats.
Présentée à un juge des libertés et de la détention (JLD), elle a été
laissée en liberté sous contrôle judiciaire avec notamment
l'interdiction de quitter la France sans autorisation.
(©AFP / 22 décembre 2008 20h17
Une partie
civile "estomaquée" par le retour au Rwanda de Rose Kabuye
(Le
Nouvel Observateur 24/12/2008)
Photo j
Agathe Habyarimana, veuve du président rwandais assassiné en avril 1994, est
"estomaquée" par la décision de la justice française, qui a autorisé lundi "la
seule personne mise en cause" dans l'attentat perpétré contre son mari à se
rendre à Kigali durant les fêtes.
L'avocat d'Agathe Habyarimana, veuve du président rwandais assassiné en avril
1994, a indiqué mardi 23 décembre que sa cliente était "estomaquée" par
l'autorisation accordée par la justice française à Rose Kabuye de retourner à
Kigali pour les fêtes.
"Ma cliente est estomaquée par cette décision qui est contraire à ce qui se
pratique habituellement dans ce type d'instruction" , a déclaré à l'AFP Me
Philippe Meilhac.
"Ainsi, la seule personne mise en cause dans ce dossier est autorisée à
retourner au Rwanda où elle aura tout loisir de discuter avec les autres
personnes visées par la procédure", a constaté l'avocat en ajoutant que sa
cliente en vient "à douter de la volonté de la justice de vouloir arriver à la
vérité".
"La partie civile a du mal à comprendre ce qui se passe. Elle se demande si dans
trois mois, le contrôle judiciaire de Rose Kabuye ne va pas être purement et
simplement levé. On est très pessimiste", a ajouté Me Meilhac en regrettant que
cette "volte-face opérée pour des raisons diplomatiques se fasse sur le dos des
parties civiles".
Rose Kabuye, une proche du président rwandais Paul Kagame mise en examen et
placée sous contrôle judiciaire dans l'enquête sur l'attentat contre le
président Habyarimana en 1994, a été autorisée lundi à retourner au Rwanda pour
les fêtes.
C’est d’un vrai privilège que Kabuye a bénéficié parce qu’il y a d’autres
terroristes ou présumés tels qui gémissent dans les fers en France depuis
longtemps.
N’ont-ils pas droit, eux aussi, aux fêtes de fin d’année dans leurs pays
respectifs ? Ce dossier ayant envenimé les relations entre Paris et Kigali,
veut-on aller vers un dégel des relations diplomatiques ? Il y a du flou dans
cette affaire à tel point qu’on ne peut s’empêcher de penser à une comédie
française. Et si Kabuye changeait d’avis ? Après qu’elle a recouvré la liberté
provisoire, Rose décidera de ce qu’elle doit faire. L’air de Kigali lui
manquait, et maintenant tout est une question de responsabilité .
NOUVELOBS.COM | 23.12.2008
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