Attentat contre Habyarimana: première audition de
Rose Kabuye
La responsable du protocole
du président rwandais Paul Kagame, Rose Kabuye, a été
entendue mercredi pour la première fois depuis sa mise
en examen en novembre 2008 par les juges d'instruction
antiterroristes français en charge de l'enquête sur
l'attentat contre le président rwandais Juvénal
Habyarimana en avril 1994, ont indiqué ses avocats,
Mes Lev Forster et Bernard Maingain.
Mme Kabuye "est totalement
innocente et, pour la première fois, elle a pu donner sa
version des événements et contribuer à la manifestation
de la vérité", a déclaré Me Maingain.
Elle a été mise en examen le 20 novembre pour
"complicité d'assassinats en relation avec une
entreprise terroriste" et laissée en liberté sous
contrôle judiciaire lui interdisant de quitter la
France. Elle a pu cependant regagner le Rwanda pour
les fêtes de Noël avant de revenir le 10 janvier à
Paris.
L'audition a débuté mercredi matin avec une
interruption pour le déjeuner et s'est terminée aux
alentours de 17h.
Rose Kabuye, 47 ans, major dans l'armée patriotique
rwandaise, est soupçonnée d'avoir hébergé le commando
du Front patriotique Rwandais (FPR) avant l'attentat
du 6 avril 1994 contre le président rwandais. "Elle a
pu fournir une série de précisions et d'informations
qui ne semblent pas avoir été prises en compte
auparavant", a souligné Me Maingain. De source
judiciaire, on précise qu'elle a été interrogée sur
son enfance jusqu'aux accords d'Arusha (1993) qui
prévoyaient un gouvernement de transition. Elle ne
s'est pas encore expliquée sur les faits pour lesquels
elle est poursuivie.
Mme Kabuye avait été interpellée le 9 novembre à
Francfort en vertu d'un mandat d'arrêt européen émis
par la France, avant d'être transférée dans la foulée
en France. Son arrestation avait mis à mal les
relations diplomatiques entre Paris et Kigali, nombre
d'observateurs se demandant cependant si les autorités
rwandaises n'avaient pas sacrifié volontairement Rose
Kabuye pour avoir accès à un dossier judiciaire qui
lui était alors interdit.
Mme Kabuye faisait partie des neuf Rwandais visés par
des mandats d'arrêts internationaux émis par le juge
d'instruction antiterroriste Jean-Louis Bruguière,
précédemment en charge de cette enquête.
Outre Juvénal Habyarimana, onze personnes, dont le
président burundais Cyprien Ntaryamira, sont mortes
dans cet attentat, considéré comme l'élément
déclencheur du génocide. La justice française a ouvert
une enquête en 1998 à la suite de la plainte des
familles françaises des trois membres de l'équipage de
l'avion présidentiel. AP
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