Rwanda : le Falcon présidentiel abattu par notre homme,
Kagamé.
Le 6 avril 1994, un avion était abattu au moment d´atterrir sur le tarmac de
l´aéroport de Kigali, causant la mort du président du Rwanda, Juvenal
Habyarimana, et de celui du Burundi, Cyprien Ntaryamira. Peu après commencèrent
les massacres de masse du "génocide rwandais" et un conflit intimement parallèle
opposant l´armée rwandaise - alliée au gouvernement majoritairement Hutu du
président Habyarimana - aux forces rebelles du Front Patriotique Rwandais (FPR)
menées par Paul Kagamé. Cette assassinat et cette guerre étaient le paroxysme
d´un conflit larvé engendré des années plus tôt, en octobre 1990, par une
invasion du Rwanda par des éléments de l´armée ougandaise menés par... Paul
Kagamé, ex-directeur des services de renseignements de l´armée ougandaise. Ces
soldats ougandais - majoritairement tutsis de nationalité ougandaise mais exilés
rwandais pour beaucoup - ne tardèrent pas à quitter l´armée ougandaise pour
devenir le Front Patriotique Rwandais.
Cette invasion, ainsi que le conflit, le nettoyage ethnique et la prise de
contrôle politique et militaire du Rwanda qui s´en suivirent, bénéficiaient du
soutien des Etats-Unis - Kagamé avait été formé à Fort Leavenworth - et les
victoires de Kagamé et du FRP tenaient bien sûr principalement à l´intervention
de cette superpuissance, qui impliqua bientôt le soutien au FPR de Kofi Annan et
de l´ONU, du FMI, de la Banque Mondiale, de la Grande Bretagne et de la
Belgique. Cette opération permit aux USA de supplanter la France en Afrique
Centrale, tout comme ils avaient supplanté les Britanniques au Proche-Orient.
Elle impliqua aussi le soutien inconditionnel de Human Rights Watch et d´autres
institutions humanitaires - ou supposées telles - au Front Patriotique Rwandais.
Parce que soutenue par les Etats-Unis, l´invasion du Rwanda par l´Ouganda en
1990 ne fut jamais considérée par l´ONU comme une agression caractérisée - à
l´instar de l´invasion de l´Irak par les forces américano-britanniqu es en 2003
ou de celle du Liban par Israël en 2006, mais contrairement à l´invasion du
Koweït par l´Irak, en août 1990, immédiatement condamnée et sanctionnée par les
Nations Unies. Ce n´était pas non plus une agression aux yeux de Human Rights
Watch pour qui seules les violations des Droits de l´Homme imputables au
gouvernement rwandais méritaient d´être prises en compte. L´agression militaire
ougandaise et le violent mouvement de déstabilisation mené à l´intérieur du pays
par le FPR et soutenu de l´extérieur par les USA, eux, n´entraient pas en ligne
de compte.
Le problème pour Kagamé et ceux qui le soutenaient aux USA, c´est que les
Tutsis représentaient à peine plus de 15% de la population du Rwanda et que la
majorité des Hutus étaient radicalement hostiles au FRP. L´invasion et le
nettoyage ethnique mené au nord du Rwanda par le FRP et celui mené par des
forces tutsies au Burundi avaient provoqué des arrivées massives de réfugiés
Hutus au Rwanda. Kagamé et son FPR n´avaient donc pas la moindre chance d´y
remporter des élections crédibles. En vertu d´un accord de 1993, celles-ci
devaient néanmoins se tenir en 1995, sous l´égide des Nations Unies. Kagamé ne
pouvait donc prendre le pouvoir que par la force. N´est-il pas merveilleux qu´en
à peine trois mois, il soit effectivement parvenu à s´en emparer, dès 1994, par
les armes, annulant de facto la tenue des élections prévue pour 2005 ? N´est-il
pas extraordinaire qu´il ait pu remporter seul, avec ses troupes et ses
sponsors, une victoire aussi décisive au beau milieu du génocide que
perpétraient ses adversaires ? N´est-il pas surprenant qu´il y ait eu en fait
manifestement au bout du compte plus de morts côté Hutus que côté Tutsis, au
cours de cette période de massacres épouvantables ?
N´est-il pas étonnant qu´à la suite de cette victoire, Kagamé et l´Uganda de
Musevemi (un autre protégé des Etats-Unis) aient à plusieurs reprises envahi et
occupé le Congo, pillant et favorisant le pillage général des prodigieuses
ressources de ce pays, massacrant à tout va, mais là encore sans rencontrer la
moindre opposition de la part des USA ou de la « communauté internationale » ?
(Pour davantage de documentation sur la question, cf. : Robin Philpot, Rwanda
1994: Colonialism Dies Hard (publié sur Internet tel que proposé au site du
Rapport Taylor en 2004 (http://www.taylor-
report.com/ Rwanda_1994/)); voir aussi Edward S. Herman et David
Peterson, The Politics of Genocide ("Politiques Génocidaires" à paraître dans
Monthly Review Press); et Keith Harmon Snow, "Hotel Rwanda: Hollywood and the
Holocaust in Central Africa," ("Hôtel Rwanda: Hollywood et l´holocauste en
Afrique Centrale"), 1er novembre 2007 (http://www.allthing
spass.com/ journalism. php?catid= 47).
Tout cela nous ramène à l´appareil abattu le 6 avril 1994. Encore une fois,
il n´est pas vain de rappeler combien ce double assassinat tombé du ciel était
une merveilleuse aubaine tant pour Kagamé et le FPR que pour leurs soutiens
américains britanniques ou belges. Il fut le coup d´envoi du bain de sang qui
allait se dérouler au cours des mois suivants. Pour les médias occidentaux, ce
bain de sang restait exclusivement imputable aux Hutus, au gouvernement hutu et
à ses paramilitaires. Mais cette version contredit les faits de manière
flagrante : c´est bien le chef du gouvernement hutu qui a été tué dans
l´attentat. Il pouvait donc difficilement en être aussi le commanditaire. C´est
bien le FPR qui est sorti vainqueur du conflit, en à peine plus de trois mois.
C´est plutôt étonnant si l´on part du principe que l´assassinat et les massacres
qui ont suivi avaient été planifiés de longue date par les Hutus.
Les USA, eux, ont tout fait pour que les casques bleus de l´ONU soient
retirés du Rwanda au moment même où se déroulait le supposé génocide perpétré
par les Hutus, en avril 1994. Le gouvernement hutu était opposé à ce retrait,
Kagamé, lui, y était totalement favorable. Pour les apologistes de la version
officielle, comme Samantha Power - agression et génocide hutu, Kagamé volant au
secours de son peuple - les USA étaient seulement « prêts à intervenir ». Ils
n´en avaient pas moins formé et armé Kagamé, affaibli et déstabilisé le
gouvernement rwandais, et préparaient ouvertement le terrain pour le coup d´Etat
et la prise de pouvoir planifiée de leur client. Autre remarquable coïncidence,
à peine un an plus tôt, dans le Burundi voisin, des officiers tutsis
assassinaient le chef de l´Etat, Melchior Ndadaye, un événement salué avec
enthousiasme par le FPR.
Encore plus révélateur, dans le rapport sur l´attentat contre l´avion
présidentiel présenté par Michael Hourigan, avocat australien chargé de
l´enquête par le Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR), le
témoignage de trois membres du FPR et les éléments qu´ils apportaient à
l´enquête, prouvaient clairement dès 1996 que l´avion avait été abattu par les
hommes de Kagamé. Lorsque Hourigan transmit cette information à Louise Arbour,
alors procureur général du TPIR, celle-ci, après avoir consulté les
représentants des Etats-Unis, exigea la fermeture de l´enquête, en dessaisit
Hourigan et lui donna l´ordre de détruire intégralement ses dossiers, au
prétexte qu´une telle investigation ne relevait pas des prérogatives du tribunal
et sortait de sa juridiction. C´était absolument faux, comme le souligna Richard
Goldstone, lui-même ex-procureur général du TPIR et notoirement proche de longue
date du Département d´Etat U.S. Plus tard, en 2003, Carla Del Ponte, à son tour
nommée procureur général du TPIR, ordonna à nouveau l´ouverture d´une enquête
sur l´attentat de 1994 contre l´avion présidentiel. Mais Kofi Annan lui ayant
refusé son soutien, elle fut, elle aussi, congédiée et remplacée.
Bien que ce double assassinat présidentiel soit reconnu comme l´élément
déclencheur d´un génocide qui a défrayé la chronique, le Conseil de Sécurité
lui-même, plus de quinze ans après les faits, n´a toujours engagé aucune
poursuite ni exigé aucune sanction, pas même une enquête. L´attentat d´avril
1994 a été, selon l´expression de Richard Goldstone, « le détonateur qui a fait
exploser le génocide ». Or, si c´est bien notre homme, Kagamé, qui a actionné ce
détonateur, c´est tout le scénario d´un génocide planifié et perpétré par les
Hutus qui se trouve remis en cause. Il en découle que, vu l´omnipotence des USA,
le rôle de personnalités telles que Louise Arbour ou Koffi Annan au service de
cette omnipotence et le poids des médias et les intellectuels de l´humanitaire,
sagement dupés ou alignés sur la version officielle, toute tentative
d´investigation sur cet attentat particulier pourra être mise en échec sans que
personne ne bronche, et jamais un Tribunal des Nations Unies comme celui mis en
place récemment pour l´assassinat du leader libanais Rafik al-Hariri ne sera
jamais mis en place pour que ce crime là ne reste pas impuni.
La loi d´airain reste inflexible : Impunité pour les crimes des Etats-Unis ou
de leurs clients et complices ; tribunaux et sanctions pour ceux qu´ils prennent
pour cibles. C´est bel et bien la règle, dans le système politisé de notre (in)justice
internationale.
Article original en anglais, Civilian
Plane Shoot-Downs & International (In)Justice,
Zmag, mai 2009.
Traduit par Dominique Arias.
MichelCollon. info
(Les notes entre [ndt : ...] sont du traducteur et
n´engagent que lui)
L’empire étasunien est en faillite
Mardi 16 Juin 2009
Truthdig,
Chris Hedges, 15 juin 2009
Cette semaine marque la
fin du règne de la
monnaie de réserve mondiale dollar, le début d'une terrible période de
déclin économique et politique aux États-Unis, et le dernier souffle du pouvoir
suprême étasunien. C’est fini. Ils ne reviendront plus. Et ce qui se profile
sera très, très douloureux.
Barack Obama et la famille
mafieuse de Wall Street, aidés par des médias qui colporte toujours des
commérages ridicules et des imbécillités en tant que nouvelles, au moment où
nous essuyons la plus grande crise économique de notre histoire, ont pu nous
duper, mais le reste du monde sait que nous sommes en faillite. Et ces pays sont
damnés s’ils continuent à s’appuyer sur un dollar dilaté et à soutenir les
énormes déficits budgétaires fédéraux, gonflés de plus de 2 billions de dollars,
qui financent l'expansion impériale des États-Unis en Eurasie et notre système
de capitalisme de casino. Ils nous tiennent à la gorge. Ils sont sur le point de
presser.
Des
réunions se tiendront lundi et mardi à Ekaterinbourg, en Russie, (Sverdlovsk
autrefois) entre le Président chinois Hu Jintao, le Président russe Dmitri
Medvedev et d'autres hauts fonctionnaires des six pays de l’Organisation de
Coopération de Shanghai. Les États-Unis, qui ont demandé à participer, se sont
vus refuser l'admission. Regardez attentivement ce qui s'y passe. Selon l’économiste
Michael Hudson, la rencontre est « la réunion la plus importante du 21ème
siècle jusqu’ici. »
Il s'agit du premier
pas formel de nos principaux partenaires commerciaux pour remplacer le dollar en
tant que monnaie de réserve mondiale. S'ils réussissent, la valeur du dollar
plongera considérablement, le coût des importations, notamment du pétrole,
montera en flèche, les taux d'intérêt grimperont, et les emplois s’évanouiront à
un rythme qui fera ressembler ces derniers mois à une époque prospère. Les
services étatiques et fédéraux seront réduits ou fermés par manque de fonds. Les
États-Unis vont commencer à ressembler à la République de Weimar ou au Zimbabwe.
Obama, doté par beaucoup des qualités d'un sauveur, semblera soudain pitoyable,
inepte et faible. Et la colère, qui a suscité quelques coups de feu et crimes,
motivée par la haine ces dernières semaines, engloutira de vastes pans de la
classe moyenne et ouvrière, privés de leurs droits et abasourdis. Ces gens
exigeront vengeance, des changements radicaux, le renouveau de l'ordre et de la
moralité, un déploiement pro-fasciste, de la droite chrétienne aux voyous qui
propagent des discours de haine sur Fox News, assurera le pays qu’ils
imposeront.
J'ai appelé Hudson, qui a
un article dans le Financial Times de lundi, « Le tournant de
Yekaterinburg : La dé-dollarisation et la fin de l’hégémonie financière et
militaire des États-Unis. » Selon Hudson, « Ekaterinbourg pourrait devenir
connu, non seulement comme le lieu du décès des tsars, mais aussi comme celui de
l'empire étasunien. » Son article est intéressant à lire, avec
l'inquiétant exposé de John Lanchester sur le système bancaire mondial,
intitulé « C'est fini, » paru dans le numéro du 28 mai du London Review of
Books.
« Ça signifie la fin du
dollar, » m'a dit Hudson. « Ça veut dire que la Chine, la Russie, l'Inde, le
Pakistan, l'Iran, forment une zone financière et militaire pour faire sortir les
États-Unis de l'Eurasie. La nature du déficit de la balance des paiements est
essentiellement militaire. La moitié des dépenses discrétionnaires des
États-Unis sont militaires. Le déficit se retrouve entre les mains de banques
étrangères, des banques centrales. Elles n'ont pas d'autre choix que de recycler
l'argent pour acheter la dette du gouvernement étasunien. Les pays asiatiques
ont financé leur propre encerclement militaire. Ils ont été forcés d'accepter
des dollars qui n'ont aucune chance d'être remboursés. Ils paient les États-Unis
pour qu’ils les agressent. Ils veulent parvenir à se débarrasser de cela. »
La Chine, comme le
souligne Hudson, est déjà parvenu à des accords commerciaux bilatéraux avec le
Brésil et la Malaisie, pour libeller leur commerce en yuan de Chine plutôt qu’en
dollar, euro ou livre. La Russie promet d’inaugurer le commerce en rouble et en
monnaies locales. Le gouverneur de la banque centrale de Chine a ouvertement
appelé à l'abandon de la monnaie de réserve dollar, suggérant d’utiliser à sa
place les
Droits de Tirages Spéciaux du Fonds monétaire international. Ce que sera le
nouveau système demeure obscur, mais la chute du dollar a bel et bien commencé.
L'objectif, selon les paroles du Président russe, est de construire un « ordre
mondial multipolaire, » qui brisera la situation économique des États-Unis et,
par extension, leur domination militaire. Tant qu’elle peut se défaire de ses
devises étasuniennes, la Chine dépenses ses réserves de dollars avec frénésie,
achetant des usines et des biens dans le monde entier. C'est pourquoi Aluminum
Corp. de Chine a fait d’aussi grandes concessions lors de sa tentative ratée
pour sauver ses 19,5 milliards de dollars dans l’alliance avec les entreprises
minières de Rio Tinto en Australie. Elle a désespérément besoin de jeter ses
dollars.
« La Chine tente de se
débarrasser du maximum de dollars possible dans un échange de saloperies contre
des ressources, » a dit Hudson. « Elle donnera ses dollars aux pays disposés à
vendre leurs ressources, puisque les États-Unis refusent de vendre leurs
industries de pointe, même Unocal, au péril jaune. Elle réalise que ces dollars
seront sans valeur assez rapidement. »
Les architectes de ce nouvel
échange mondial réalisent que s’ils torpillent le dollar des États-Unis, ils
brisent aussi leur domination militaire. Nos dépenses militaires ne peuvent être
soutenues sans le cycle de lourds emprunts. Le budget officiel de la défense des
États-Unis pour l'année fiscale 2008 est de 623 milliards de dollars, avant
d'ajouter des choses comme la recherche nucléaire. Selon la Central Intelligence
Agency, le budget militaire national le plus proche est celui de la Chine, avec
65 milliards de dollars.
Il existe trois catégories de
déficits de balance des paiements. Les États-Unis importent plus qu'ils
n'exportent. C’est du négoce. Wall Street et les compagnies étasuniennes raflent
des sociétés étrangères. C'est de la circulation de capitaux. Le troisième et
plus important déficit de la balance des paiements au cours des 50 dernières
années concerne les dépenses du Pentagone à l'étranger. Les dépenses militaires
sont principalement responsables du déficit de la balance des paiements des cinq
dernières décennies. Regardez la table cinq du rapport de la balance des
paiements, publié dans le Survey of Current Business trimestriel, et
vérifiez sous les dépenses militaires. Là vous pouvez voir le déficit.
Pour financer notre économie de
guerre permanente, nous avons inondé le monde de dollars. Les bénéficiaires
étrangers rapportent les dollars à leur banque centrale contre de la monnaie
locale. Les banques centrales ont ensuite un problème. Si la banque centrale ne
dépense pas l'argent aux États-Unis, le taux de change contre le dollar va
monter. Cela pénalise les exportateurs. Ceci a permis aux États-Unis d'imprimer
de l'argent sans restriction pour acheter des importations et des sociétés
étrangères, financer l’expansion militaire et faire en sorte que les pays
étrangers comme la Chine continuent à acheter des bons du Trésor. Ce cycle est
désormais terminé. Dès que le dollar ne pourra plus inonder les banques
centrales et que personne n’achètera de bons du trésor, notre empire
s'effondrera. La débauche de dépenses de l'armée, environ 1 billion de dollars
quand tout est compté, sera insoutenable.
« Nous devrons financer nos
propres dépenses militaires, » a prévenu Hudson, « et la seule façon de le faire
sera de réduire fortement le niveau des salaires. La guerre des classes sera de
retour dans l'entreprise. La finance de Wall Street comprend cela. C'est
pourquoi, dans une énorme arnaque, elle a donné à Bush et Obama ces 10 billions
de dollars, pour qu'ils puissent avoir assez d'argent pour survivre. »
La démarche désespérée
d’emprunter pour sortir de la débâcle financière a encouragé un niveau
d'intervention étatique inédit depuis la Seconde Guerre Mondiale. Ça nous mène
aussi en territoire inconnu.
« Nous avons dû en effet
déclarer la guerre pour sortir du trou créé par notre système économique, » a
écrit Lanchester dans le London Review of Books. « Il n’y a aucun modèle
ou précédent à cela, et aucun moyen de débattre que c'est vraiment bon, parce
que, dans tel ou tel modèle de capitalisme. .. il n'existe pas de modèle. Ce
n'est pas censé marcher ainsi, et il n'y a pas de feuille de route pour ce qui
s'est passé. »
Le coût de la vie quotidienne,
de l'achat de nourriture, des soins médicaux, deviendra une difficulté pour
tous, sauf pour quelques-uns quand le dollar plongera. Les États et les villes
verront leur fonds de pension drainés et finalement coupés. Le gouvernement sera
forcé de vendre les infrastructures, notamment les routes et les transports, à
des sociétés privées. Nous serons de plus en plus ponctionnés par les services
publics privatisés -- pensez à Enron --, par ceux qui étaient autrefois
réglementés et subventionnés. L'immobilier commercial et privé aura une valeur
inférieure, à la moitié de leur valeur actuelle. La valeur négative des capitaux
propres sur les maisons, qui harcèle déjà 25 pour cent des foyers étasuniens, se
développera jusqu’à inclure pratiquement tous les biens des propriétaires. Il
sera difficile d'emprunter et impossible de vendre des biens immobiliers, sauf
en acceptant d’énormes pertes. Bloc après bloc, il y aura des magasins vides et
des maisons condamnées. Les saisies seront épidémiques. Il y aura de longues
files devant la soupe populaire et beaucoup, beaucoup de sans-abri. Nos médias
contrôlés, déjà rebattus et superficiels, feront des heures supplémentaires pour
nous anesthésier avec des potins inutiles, des spectacles, du sexe, de la
violence gratuite, de la peur et du bric-à-brac politique tape-à-l’œil. Les
États-Unis seront composés d’un sous-prolétariat de dépossédés et d’une
minuscule oligarchie qui entretiendra un système néo-féodal impitoyable et
brutal pour sécuriser le parc à bétail. Ceux qui résistent seront réduits au
silence, beaucoup par la force. Nous allons payer un prix terrible, et nous le
ferons bientôt, pour les méfaits grossiers du gratin au pouvoir.
Original :
www.truthdig. com/report/ print/20090614_ the_american_ empire_is_ bankrupt/
Traduction libre de Pétrus Lombard pour
Alter Info
L'assistance américaine
massive militaire et diplomatique au Rwanda et à l'Ouganda
Assistance Militaire
Américaine au Rwanda et à l'Ouganda
Dans sa
livraison du 14 Juillet 1998, Lynn Duke de Washington Post écrit qu'un
membre de l'Administration de Clinton, interrogé sur l'assistance militaire
massive des Etats Unis au Rwanda, déclarait qu'"il était nécessaire
d'établir un régime militaire très puissant dans la région des Grands Lacs
pour imposer des solutions militaires aux conflits."
L'assistance militaire des Etats Unis à ces deux régimes provient
essentiellement du budget spécial du Pentagone. Cette allocation échappe au
contrôle du Congrès et du public américain. Elle émane d'une loi votée en
1981 qui accorde au Pentagone des millions de dollars chaque année pour
financer les opérations des Forces Spéciales à l'extérieur des Etats Unis.
C'est dans ce cadre que Washington a transformé le Rwanda et l'Ouganda en
une véritable gendarmerie américaine en Afrique.
En dehors
de l'approvisionnement en matériel de guerre, le Rwanda et l'Ouganda
participent activement aux programmes de formation et assistance militaires
suivants:
1.
Rapid Intervention Force (RIF)
appelé aussi l'African Crisis Response Initiative(ACRI), ce
programme a commencé en 1995. Bien que d'autres pays africains y
participent, notamment le Sénégal, une importance très particulière est
accordée au Rwanda et à l'Ouganda au nom du génocide. Des milliers de
soldats et officiers Tutsi prennent part chaque semestre à ces formations
militaires assurées par les bérets verts, une unité d'élite de la 3 Division
des Forces Spéciales basées à Fort Bragg, en Caroline du Nord. Dans le cadre
de ce programme figure également le "Super Rapid Intervention Force",
un bataillon d'élite composé uniquement de soldats Américains. Ce groupe de
moins de mille personnes est actuellement en cours de formation en
Allemagne. Sous la direction du général américain John Jumper, il constitue
une machine meurtrière très redoutable. Il est réputé pour sa mobilité
exceptionnelle et sa sophistication. Son rôle est d'intervenir en Afrique
pour assister les forces locales en cas d'une grande crise et de défendre
les intérêts américains quand ils sont menacés.
2.
International Military Education
and Training (IMET) Ce programme offre une formation
militaire très avancé. Historiquement, plusieurs dictateurs militaires du
Tiers Monde ainsi que leurs pelotons d'exécution y ont été formés. C'est le
cas des tontons macoutes d'Haïti et des brigades sanguinaires du Chili,
Argentine et autres pays. Plusieurs officiers Tutsi y sont enrôlés à Fort
Bragg et à Fort Leavenwoth dans l'Etat de Kansas. C'est dans le cadre de ce
programme que Kagame, alors officier dans l'armée ougandaise, participa à
une formation militaire en 1993 en compagnie de plusieurs officiers
Ougandais.
3.
Joint Combined Exchange Training (JCET).
Ce programme tombe sous la supervision de la Marine, l'Armée de terre et la
Force aérienne. Le but de cette formation est de permettre aux troupes
rwandaises de gagner de l'expertise militaire. Les unités de la 3 et de la 5
Forces Spéciales y prennent part. Plusieurs disciplines militaires sont
enseignées, à savoir les techniques de camouflage, la préparation des
combats, la mobilité des unités restreintes, l'entretien du matériel de
guerre, la navigation nocturne etc...
4.
Rwandan Interagency Assessment Team
(RIAT) Ce projet fut spécialement conçu pour évaluer
l'efficacité de tous les entraînements militaires auxquels participent les
soldats et officiers Rwandais dans le but de recommander, en cas de besoin,
des solutions pour les améliorer.
5.
L'invasion du Congo :
selon plusieurs sources concordantes, les Etats Unis apportent un soutien
logistique au Rwanda et à l'Ouganda. En effet, d'après « Le Soir », deux
jours avant l'invasion du Congo, plusieurs experts militaires américains ont
été aperçus à proximité de la frontière du Congo. Par ailleurs, deux
bâtiments de guerre américains opéraient au large de Matadi, en servant de
relais de communications entre Goma, Kigali et Kitona. Ils dirigeaient
également les communications du tour de contrôle de l'aéroport militaire de
Kitona. En outre, "des instructeurs américains entraînaient des mercenaires
Serbes, Colombiens, Somaliens et Sud Africains dans la localité de Dedia,
non loin de l'île d'Idjwi, dans la province du Sud-Kivu".
Assistance Diplomatique
Les
initiatives diplomatiques américaines en faveur des régimes extrémistes de
Museveni et Kagame confirment l'existence d'une relation très solide de
clientélisme entre le gouvernement américain et ces derniers. En guise
d'illustration, on note:
1. Dans le
but d'embellir l'image de Museveni et de Kagame, les Etats Unis ainsi que
ses alliés occidentaux ne cessent de brandir ces deux extrémistes comme des
dirigeants modèles en Afrique, les leaders de la soi-disant "renaissance
africaine". Et le voyage de Clinton en Afrique, dont le point le plus
culminant a eu lieu en Ouganda, n'avait pour but que de consacrer le nouveau
rôle de gendarmes que l'impérialisme américain venait d'assigner à ces deux
leaders.
2. Les
Etats Unis ont activement milité en faveur de l'impunité de Museveni et de
Kagame quant à leur responsabilité dans le génocide des Hutu dans les camps
des réfugiés au Congo. En effet, sous pression américaine, la version finale
du rapport de l'enquête des Nations Unies à ce sujet a été modifiée pour
remplacer le mot "génocide" par "massacre". Par cette action, Washington a
voulu préserver l'intégrité morale de ses protégés, car ces derniers
utilisent le génocide Tutsi comme justification éthique de leur dictature
ethnique.
3. Les
Etats Unis sont en train de promouvoir les intérêts du Rwanda et de
l'Ouganda auprès des institutions internationales. Par exemple, bien que la
Banque Mondiale ait établi la réduction du budget militaire comme condition
de base pour l'octroi de l'aide aux pays africains, elle continue, sous la
pression américaine, à octroyer des prêts aux régimes ethniques du Rwanda et
de l'Ouganda bien que leurs budgets militaires aient augmenté de plus de
400% entre 1995 et 1998.
4. Quant à
l'invasion du Congo, des preuves irréfutables existent pour confirmer que
les Etats Unis en sont la vraie charnière. Bien qu'il est clairement établi
que les troupes rwandaises et ougandaises ont envahi le Congo, et que
l'Ouganda soit allé jusqu'à le confirmer avec toute l’arrogance, les Etats
Unis n'ont pas dénoncé cette agression. Et au niveau des Nations Unies,
suite aux pressions américaines, aucune résolution n'a été votée pour la
condamner.
Par
ailleurs, les Etats Unis, par la voix de Susan Rice, sous-secrétaire d'Etat
aux Affaires Africaines, ont ouvertement justifié cette invasion du Congo en
soutenant que le Rwanda et l'Ouganda ont des intérêts légitimes de sécurité
qui justifient leur agression. On se rappelle également comment Bill Clinton
a précipitamment dépêché Howard Wolfe en Afrique, pendant la débâcle du
front de l'ouest, non pour demander aux agresseurs de se retirer, mais
plutôt pour contraindre l'Angola et la Namibie d'arrêter leur soutien au
gouvernement congolais, pourtant victime de cette agression.
En outre,
selon le journal zimbabwéen, Herald,
Madeleine Albright, la Secrétaire d'Etat américain, a elle-même ordonné à
l'ambassadeur des Etats Unis à Harare d'intervenir auprès des autorités de
Zimbabwe pour obtenir un sauf-conduit pour que l'unité d'élite de l'armée
ougandaise, formée par les Américains, puisse sortir du Congo.
Source : Wikipedia :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Kagame