Génocide rwandais: un ex-ministre recherché par le Tribunal pénal international arrêté en Allemagne

 
BERLIN (AFP) - 19/09/2007 18h14
 
 
 
L'ancien ministre hutu rwandais, Augustin Ngirabatware, recherché par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) pour génocide et crimes contre l'humanité, a été arrêté en Allemagne, ont annoncé mercredi les autorités judiciaires allemandes et le TPIR.
 
L'arrestation a eu lieu lundi dans la région de Francfort, a indiqué la police criminelle.
 
Selon le porte-parole du TPIR, Roland Amoussouga, qui a confirmé l'identité de l'ancien ministre, Augustin Ngirabatware était en fuite depuis sa mise en accusation par le tribunal en 2000.
 
Le ministre rwandais de la Justice Tharcisse Karugarama a salué cette arrestation, estimant qu'elle "prouve la volonté de certains pays occidentaux d'appréhender les suspects criminels rwandais recherchés par la justice internationale" .
 
"Nous allons demander que la justice soit rendue et que ce génocidaire présumé soit vite extradé devant le TPIR pour répondre de ses actes", a-t-il ajouté.
 
Augustin Ngirabatware est un ancien ministre du Plan, âgé de 50 ans, et l'un des principaux suspects recherchés par le TPIR pour son rôle présumé dans le génocide de 1994, qui a fait quelque 800.000 morts selon l'ONU.
 
Recherché activement par la police criminelle allemande depuis juillet, il habitait la région de Francfort, mais changeait fréquemment de lieu de résidence, descendant dans des appartements différents et des hôtels, selon le parquet.
 
Augustin Ngirabatware est le gendre du milliardaire Félicien Kabuga, l'un des hommes les plus recherchés par le TPIR, financier présumé du génocide, pour lequel il aurait notamment acheté des milliers de machettes. M. Kabuga est également un des fondateurs d'une station de radio, Radio-Télévision des Mille Collines (RTLM), accusée d'avoir appelé au génocide.
 
Diplômé de l'université de Fribourg (Suisse), Augustin Ngirabatware a été ministre du Plan au Rwanda de 1990 à 1994, avant de vivre au Gabon et en France notamment.
 
Il a publié en août 2006 un livre critique sur le fonctionnement du TPIR, intitulé "Rwanda: le faîte du mensonge et de l'injustice" , édité aux Editions Sources du Nil.
 
Dans ce livre, il affirme que le TPIR a été "mis sur pied par l'ONU sur de fausses prémisses" et "ne peut pas rendre justice", selon un résumé du livre présenté par l'éditeur à sa sortie.
 
Il était membre du parti présidentiel de l'époque, le Mouvement républicain national pour la démocratie et le développement (MRND), et originaire, comme le président Juvénal Habyarimana, de Gisenyi, dans le nord-ouest du pays.
 
Le TPIR, basé à Arusha en Tanzanie, est chargé de rechercher et juger les principaux responsables présumés du génocide de 1994 au Rwanda, qui a fait, selon l'ONU, environ 800.000 morts, essentiellement parmi la minorité tutsie. Il a prononcé à ce jour 28 condamnations et cinq acquittements.