L'ancien ministre hutu rwandais, Augustin Ngirabatware, recherché par le
Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) pour génocide et crimes
contre l'humanité, a été arrêté en Allemagne, ont annoncé mercredi les
autorités judiciaires allemandes et le TPIR.
L'arrestation a eu lieu lundi dans la région de Francfort, a indiqué la
police criminelle.
Selon le porte-parole du TPIR, Roland Amoussouga, qui a confirmé l'identité
de l'ancien ministre, Augustin Ngirabatware était en fuite depuis sa mise en
accusation par le tribunal en 2000.
Le ministre rwandais de la Justice Tharcisse Karugarama a salué cette
arrestation, estimant qu'elle "prouve la volonté de certains pays
occidentaux d'appréhender les suspects criminels rwandais recherchés par la
justice internationale" .
"Nous allons demander que la justice soit rendue et que ce génocidaire
présumé soit vite extradé devant le TPIR pour répondre de ses actes", a-t-il
ajouté.
Augustin Ngirabatware est un ancien ministre du Plan, âgé de 50 ans, et l'un
des principaux suspects recherchés par le TPIR pour son rôle présumé dans le
génocide de 1994, qui a fait quelque 800.000 morts selon l'ONU.
Recherché activement par la police criminelle allemande depuis juillet, il
habitait la région de Francfort, mais changeait fréquemment de lieu de
résidence, descendant dans des appartements différents et des hôtels, selon
le parquet.
Augustin Ngirabatware est le gendre du milliardaire Félicien Kabuga, l'un
des hommes les plus recherchés par le TPIR, financier présumé du génocide,
pour lequel il aurait notamment acheté des milliers de machettes. M. Kabuga
est également un des fondateurs d'une station de radio, Radio-Télévision des
Mille Collines (RTLM), accusée d'avoir appelé au génocide.
Diplômé de l'université de Fribourg (Suisse), Augustin Ngirabatware a été
ministre du Plan au Rwanda de 1990 à 1994, avant de vivre au Gabon et en
France notamment.
Il a publié en août 2006 un livre critique sur le fonctionnement du TPIR,
intitulé "Rwanda: le faîte du mensonge et de l'injustice" , édité aux
Editions Sources du Nil.
Dans ce livre, il affirme que le TPIR a été "mis sur pied par l'ONU sur de
fausses prémisses" et "ne peut pas rendre justice", selon un résumé du livre
présenté par l'éditeur à sa sortie.
Il était membre du parti présidentiel de l'époque, le Mouvement républicain
national pour la démocratie et le développement (MRND), et originaire, comme
le président Juvénal Habyarimana, de Gisenyi, dans le nord-ouest du pays.
Le TPIR, basé à Arusha en Tanzanie, est chargé de rechercher et juger les
principaux responsables présumés du génocide de 1994 au Rwanda, qui a fait,
selon l'ONU, environ 800.000 morts, essentiellement parmi la minorité
tutsie. Il a prononcé à ce jour 28 condamnations et cinq acquittements.