Bernard Ntuyahaga sera jugé en avril
(Le Soir 13/10/2006)

Comme "Le Soir" l'annonçait dans son édition du 5 octobre, la justice belge a fixé au 19 avril 2007 l'ouverture du procès d'assises d'un militaire rwandais, Bernard Ntuyahaga, accusé du meurtre en 1994 du Premier ministre rwandais Agathe Uwililgiymana et des 10 Casques bleus belges chargés de sa protection.Ce procès sera le troisième en Belgique consacré au génocide rwandais après la condamnation à Bruxelles en 2001 de quatre Rwandais, dont deux religieuses, à des peines allant de 12 à 20 ans, et, en juin 2005, de deux notables hutus rwandais à 12 et à 10 ans de prison (dont Etienne Nzabonimana, la photo)
La chambre des mises en accusation de la capitale belge avait décidé le 7 septembre de renvoyer devant un jury populaire M. Ntuyahaga, détenu en Belgique depuis plus de deux ans, mais elle n'avait pas immédiatement fixé la date du procès. Il s'agit du 19 avril, a indiqué une porte-parole du parquet fédéral. Le procès de Bernard Ntuyahaga devrait durer plusieurs semaines.
Le commandant Ntuyahaga est accusé d'avoir emmené, le 7 avril 1994 - soit quelques heures après l'attentat qui coûta la vie au président rwandais Juvénal Habyarimana -, les 10 Casques bleus qui protégeaient le Premier ministre Agathe Uwililgiymana au "camp Kigali", où ils ont été tués par des militaires rwandais.
L'accusation estime qu'il est également responsable de la mort de Mme Uwililgiymana puisqu'il a empêché les militaires belges de protéger le Premier ministre et de celle de cinq Rwandais identifiés" et d'un "nombre indéterminé de personnes non-identifiées, selon le parquet.
L'officier rwandais, qui nie ces accusations, s'était constitué prisonnier en Belgique le 26 mars 2004. La mort des para-commandos sous mandat onusien avait choqué la Belgique, dont le gouvernement avait immédiatement décidé du retrait de ses troupes du Rwanda.
L'assassinat du président Habyarimana avait déclenché le génocide rwandais, qui avait coûté la vie, selon l'Onu, à près de 800.000 personnes, essentiellement parmi la communauté tutsie. La loi de compétence universelle, qui avait permis les deux premier procès a été abrogée en 2003, mais certaines de ses dispositions sont maintenues dans le code pénal belge, notamment lorsque des victimes sont de nationalité belge, comme c'est le cas dans le dossier Ntuyahaga.


Rédaction en ligne
(D'après AFP)

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