Abolition peine de mort au Ruanda: Kagame Paul obtient le prix avant la journée internationale contre la peine de mort en octobre prochain.
LETTRE OUVERTE A ROMANO
PRODI
(UDPS
online 06/09/2007)
Romani Prodi, chef du gouvernement italien a remis ce jeudi 27 aout 2007 le prix
de “l’abolitionniste de l’année 2007; au président du Rwanda, Paul Kagame, pour
avoir aboli la peine de mort dans son pays. “Ce n'est pas une bataille facile”,
a souligné M. Prodi, invité par le mouvement “Nessuno tocchi Caino” (Que
personne ne touche à Caïn), issu du petit Parti radical, à remettre son prix -
une sculpture en bronze représentant la terre avec deux enfants - à M. Kagame.
Ce geste de Romano Prodi ne nous encourage pas, au contraire trouve toute notre
désapprobation et condamnation. Nous lui avons adressé cette lettre ouverte.
Mon cher Romano Prodi,
Je me permets de t'appeler avec ton nom parce je suis un émilien comme toi, pas
t'origine mais d'adoption. J’habite Parme à l'Institut pour les Missions
Etrangères construit par un grand émilien le Bienheureux Évêque Monseigneur
Guido Maria Conforti. Aujourd'hui cet institut est bien connu avec l’appellation
“Missionaires Xavériens de Parme”. C’est à partir de cette maison que les
aiglons ont toujours pris le vol pour atteindre toutes les parties du monde, et
annoncer le seul évangile de Jésus Christ, fait d’amour, de justice et de droits
humains.
Depuis plusieurs années, avec mes confrères, provenant tous de ce même Institut,
je travaille comme missionnaire dans l'est de la République Démocratique du
Congo, à la frontière avec la Rwanda, tout en cherchant de construire dans cette
très belle région la civilisation de l'amour et de la fraternité. J'ai vécu les
conséquences du génocide ruandais avec l'accueil en 1994 de milliers et milliers
de réfugiés dans la Province du Sud Kivu, en particulier dans la ville de
Bukavu. J'ai vécu les différentes guerres de libération du Congo, appuyés par la
complicité ruandaise, jusqu'à s’achever aux tristes actes de mai- juin 2004,
lorsque les soldats mutinés du colonel Mutebusi, avec l’appui des forces
militaires du Général Nkunda, tous les deux des traits somatiques ruandais,
avaient pris la ville de Bukavu, et avaient aussi tenté d'éliminer avec plus une
trentaine de tirs de s’ouvrir une brèche dans le grand portail de ma Radio Marie
Malkia wa Amani (Radio Marie Reine de la Paix),
Je ne sais pas si tu es au courant que la situation de région demeure toujours
alarmante et très précaire. Les vents de guerre soufflent insistants et semblent
ne pas finir, tout en créant panique et peur au milieu des populations inermes
que de 1998 elles ont vues succomber bien 4 millions et demi de leurs frères et
sœurs.
Jeudi 27 août 2007, très cher Romain, tu, avec tes amis radicaux, t'es prêté à
un sale jeu politique. Tu étais présent à la cérémonie de l'attribution du prix
“Abolitionniste pour l'an 2007″, invité par l'association “Aucun touches
Caïn” association du parti radical promotrice du prix, et tu même as délivré le
prix au Président Paul Kagame en affirmant que “il était un geste courageux et
de réconciliation” , “plein d'espoirs.”
Mon cher Romain Prodi, tu as fait mal à y aller, tu devais rester dans ta maison
et penser plutôt aux choses plus nécessaires et urgentes de l'Italie, qui de toi
attend des réformes concrètes. Je suis pour l’abolition de la peine de mort. Au
mois de juin j’avais salué avec joie la décision du gouvernement ruandais. Mais
ce qui a été écrit ne correspond pas à la réalité que le peuple ruandais est en
train de vivre qui vit dans la peur et terreur quotidiennes.
Ton geste ne trouve pas tout à fait mon approbation, ni celle des missionnaires
italiens qui travaillent dans ces zones tourmentées du Kivu et qui ont été
témoins d’innombrables violences perpétrées par des soldats ruandais, en tuant,
en volant, en violant, et même, comme on dit un peu de partout, en semant le
SIDA.
Ce n’est pas le moment pour te parler de tout le macabre festin que les soldats
ruandais ont commis et qui marque nos yeux et nos cœurs, et qui demande une
véritable et équitable justice.
Très cher Romain Prodi, je suis fort déçu de toi. Tu n’as pas pensé les
conséquences de ton geste. Tu “t’en es foutu” de nous tous et des gens
qu'affectueusement nous accompagnons dans cette vaste région des Grands Lacs. Tu
as posé plutôt toute ta confiance sur un simple mot du Président Paul Kagame et
tu lui as délivré le prix sans te demander beaucoup pourquoi.
C’est triste ! Pourtant chaque fois que je me suis rencontré avec quelqu’un de
la diplomatie italienne il m'a toujours répété : “nous savons tout, nous
connaissons tout…” Non, n'est pas suffisante une loi de dix articles sur
l'abolition de peine de mortes, pour assainir les immenses blessures encore bien
ouvertes, et pour garantir le respect des Droits Humains et une équitable
administration de la Justice.
Kagame a aboli la peine de morte, mais pourquoi l'a-t-il fait ?
* C’est sa stratégie pour faire plaisir à l'Occident, en espérant surtout de
continuer à percevoir leurs bénéfices et de se montrer bien devant la Communauté
internationale qui lui a imposé, comme condition « sine qua non », de terminer
les procès en première instance, concernant les accusés de génocide, pour la fin
de 2008.
* Kagame veut pouvoir mettre ses avides mains, nettement génocidaires
elles-mêmes, sur toute cette masse de ruandais accusés de participation au
génocide de 1994 (environ 43.000 personnes) qui vivent à l'étranger et en
obtenir ainsi leur extradition pour les pouvoir faire juger par la Justice
rwandaise.
* Kagame est un homme très rusé et la loi sur l'abolition de peine de mort au
Rwanda cache autres mires politiques. Kagame veut être plus libres de faire et
défaire comme il veut, et agir comme un dictateur, pour continuer à tuer, et à
partir ce jeudi 27 août 2007 avec le consentement même de l'Italie. Je me sens
terriblement lésé et blessé dans mon identité patriotique d’italien et dans ma
conscience chrétienne.
* Au Rwanda, aujourd'hui encore, il y a des gens qui meurent, qu'on fait
disparaître, qu'on subordonne à la cruauté des tribunaux populaires des gacaca.
Les suicides au Rwanda sont augmentés, et cela à cause de ces « gacaca ».
* Dans les provinces du Sud et du Nord- Kivu en RDC il y a encore une présence,
pas indifférente, de militaires ruandais. Des infiltrés passent librement les
frontières. Militaires en civil se promènent dans les rues des villes d’Uvira,
Bukavu et Goma. Un mandat d’ arrêt international pour des crimes de guerre et
des crimes contre l'humanité a été émis pour le Général Laurent Nkunda Batware,
mais, libre de tout mouvement, continuent à que semer de la peur et de l'insecurité,
et prépare avec la complicité de Kigali une IIIe guerre.
* Oui, une nouvelle guerre se prépare. Tous en parlent, tous en connaissent les
promoteurs, mais personne n'intervient. La région des Grands Lacs n’intéresse à
l’occident que seulement pour les richesses du sous-sol qui servent à enrichir
qui est déjà riche et à construire la “nouvelle Kigali”.
Maintenant que la bêtise a été faite comment pouvoir y remédier ?
Très cher Romain, je ne sais pas si tu as le courage de réparer les torts que tu
as fait à tous ces missionnaires italiens de toute la Région des Grands Lacs (il
y en a assez), et aux 4 millions et à moitié à des victimes innocentes de la
guerre qui de 1998 a sévi les provinces du Kivu, d'Ituri et de Maniema.
Très cher Romain, tu as eu même mon vote pour devenir Président du Gouvernement
Italien ; j'avais espéré que quelque chose changerait et qu'on tracerait un
nouveau chemin de relations de solidarité avec les pays émergents et en état de
guerre. Hier Veltroni, aujourd'hui tu, tous les deux vous avez épousé la cause
de la Ruanda.
Le chemin de la réconciliation des ruandais est long et plein d'inconnues. Et
alors je vous prie de pousser le gouvernement ruandais à un dialogue
inter-ruandais, et l'aider à se questionner et à reconnaître ses erreurs et
donner ainsi au peuple ruandais et à toute la communauté de la région des Grands
Lacs l'espoir d'un futur de paix et de sérénité.
Je te remercie, Président du Conseil Italien, pour la bonté que tu as eu à me
lire et m’écouter. J'ai employé une formule familiale, parce que je crois que
“les habits sales doivent être lavés en famille”.
Salutations fraternelles.
Rome : 01 septembre 2007
P. Luigi le Stocco - des Missionnaires Xavériens de Parme
Posté le 2 septembre 2007