Communiqué de presse
Des leaders de l’opposition rwandaise et des militants de base agressés, arrêtés, des centaines d’autres portés disparus.
Une manifestation contre la Commission électorale nationale (NEC) a été bloquée
aujourd'hui, pendant que cette dernière reçevait des candidatures pour les
élections présidentielles. Le régime rwandais a refusé de donner la possibilité
pour l’opposition de participer aux élections présidentielles. La manifestation
a été bloquée ce matin, lorsque Maître Bernard Ntaganda, président fondateur du
PS Imberakuri a été violemment empoigné à son domicile par des personnes
inconnues armées et portant des habits d’officiers. Selon certaines sources, il
serait détenu au secret dans une cellule de police. En même temps, Mme Ingabire
Victoire des Forces démocratiques unifiées - FDU Inkingi s’est réveillée le
matin pour constater que son domicile avait été encerclé par des policiers armés
qu’elle ne pouvait plus sortir de chez elle. Le président du Parti démocratique
des Verts, M. Frank Habineza, et son vice-président, André Kagwa Rwisereka,
alors qu’ils étaient devant l’ambassade américaine de Kigali, ont été
interpellés par la police, leurs cartes d'Identité ainsi que leurs téléphones
leur ont été subtilisées pour presque une heure de temps. Deux membres du comité
exécutif des FDU Inkingi, M. Sylvain Nsabimana, Secrétaire général, et Mme Alice
Muhirwa, Trésorière, sont portés disparus. Le Secrétaire Général du PS
Imberakuri, Mutarambirwa Theobald serait placé en garde à vue.
Le Parti social-Imberakuri, avait écrit au maire du district de Gasabo, le 17
Juin 2010, demandant la permission de manifester le 24 Juin 2010. La lettre
précisait que le cortège des manifestants partirait de la Primature à Kimiruhura,
passerait ensuite devant le Parlement pour se rassembler enfin devant le
ministère de l’administration locale à Kacyiru, où un message public devait être
lu.
Jusques le mercredi 23 juin, le district n'avait pas répondu. Maître Ntaganda,
juriste senior et avocat, confirma aux autres leaders de l'opposition que,
légalement, le silence ne signifiait pas le refus.Le programme pouvait dès lors
continuer à se dérouler comme prévu.
Et c’est à notre grande surprise, tôt ce matin, que le président du Parti
démocratique des Verts, Frank Habineza, a reçu un appel téléphonique du
secrétaire général du PS Imbearakuri, l'informant de la disparition de leur
président. Vu la gravité de la situation, les plans et le lieu de la
manifestation ont été modifiées et sont allés à l'ambassade américaine à Kacyiru
requérir son intervention. Ils ont également demandé au président du parti
démocratique des Verts de les aider à libérer Maître Ntaganda.
Quelle n’a été notre stupéfaction, car arrivés aussitôt devant le parking
visiteurs de l’ambassade américaine aux environs de 9h00 heure locale, quand,
alors que nous appelions au téléphone le secrétaire général du PS Imberakuri, au
lieu d'obtenir sa réponse, nous avons plutôt entendu de grandes agitations sur
son téléphone. Alors que nous sortions de l’ambassade, nous avons vu la police
partir à la chasse des militants du PS Imberakuri, procéder aux arrestations et
les entasser dans les fourgonnettes de la police. Le Secrétaire général serait
placé en garde à vue avec des centaines d’autres membres Imberakuri.
Nous avons parlé aux diplomates, et, alors que nous quittions l’ambassade, la
police nous a arrêtés et nous a soustrait nos cartes nationales d'identité ainsi
que les téléphones pendant environ une heure. Le président et le vice-président
du Parti des verts ont ensuite été libérés, sans grand dommage.
Pendant ce temps, des centaines de membres des FDU Inkingi ont été interpellés
et battus par des policiers à Gishushu (Remera) ainsi que devant le ministère de
la Justice à Kimihurura. Ils se rendaient à une manifestation pacifique devant
le ministère pour demander au gouvernement de lever les mesures restrictives et
les fausses accusations contre leur présidente Mme Victoire Ingabire Umuhoza qui
reste depuis le 22 avril 2010 en résidence surveillée, privée de ses droits
politiques. Les manifestants ont spontanément réagi à la déclaration faite par
le Procureur général selon laquelle le gouvernement ne disposait pas de
suffisamment de preuves pour la poursuivre en justice et porter l’affaire devant
le tribunal.
Le Conseil consultatif permanent des partis de l'opposition au Rwanda est
profondément préoccupé par le harcèlement politique qui se détériore de plus en
plus jour davantage par l’absence d'espace politique au Rwanda avant les
élections présidentielles 8 Août 2010.
Le gouvernement du Rwanda a toujours usé de toutes les manoeuvres politiques
afin de ne pas accorder l’existence légale à l’opposition politique et lui
barrer la route à l'élection présidentielle prochaine.
Le Front patriotique rwandais, parti au pouvoir, a en effet montré au peuple
rwandais et à la communauté internationale qu'il avait peur d’entrer en
compétition politique avec les partis d’opposition, préférant recourir à des
candidats comparses.
C'est la vraie image du FPR du président Kagame, celle de concourir avec des
candidats comparses du PSD, PL et d’autres partenaires satellites, qui ont été
confortablement installés dans des positions ministérielles et parlementaires au
cours des 16 dernières années.
L'opposition au Rwanda fait l'objet de violences verbales, d'intimidations
physiques et d'abus. Le cadre juridique a été également utilisé pour empêcher le
parti démocratique des verts ainsi que les FDU Inkingi de se faire enregistrer
et d'exercer leurs droits politiques. En date du 30 Octobre 2009, le congrès de
fondation du parti démocratique des Verts a été violemment saboté par des
personnes soupçonnées d'être liées à des organes de sécurité pour certains, de
travailler pour le gouvernement, pour d’autres. Le président du parti
démocratique des Verts, M. Frank Habineza, a également reçu plusieurs menaces de
mort, la dernière lui signifiait qu’il allait être assassiné avant les élections
présidentielles d’août 2010, Août. Malgré le fait qu'il a signalé cette affaire
à la police et a écrit au ministre de la Sécurité intérieure, il n'a jamais reçu
aucune réponse.
Mme Victoire Ingabire, leader des FDU Inkingi, a été agressée au début de cette
année dans les bureaux du gouvernement à Kinyinya-Kigali. Elle fait également
face à des allégations graves selon lesquelles elle collaborerait avec une
organisation terroriste et promouvrait l’idéologie du génocide. L’enregistrement
de son parti a été également refusé sous prétexte que des charges criminelles
pesant sur leur chef devaient d’abord être élucidées. Le problème est que même
si elle a été inculpée devant le tribunal, elle n'a jamais eu la possibilité de
se défendre. Au lieu de cela, son avocat, Peter Erlinder, a plutôt été arrêté.
Toutes ces actions sont effectuées par le gouvernement dans le but de diaboliser
ces personnalités politiques et les faire détestées par la population.
Le PS Imbearakuri est le seul parti d'opposition qui avait réussi à obtenir
l’agrément l'an dernier, mais son président, Me Bernard Ntaganda, a fait face à
de nombreux défis. Il a été convoqué par le Sénat rwandais accusé de propager
l'idéologie génocidaire. Le parti a été divisé en plusieurs factions : une
faction clandestine a été récemment reconnue par le gouvernement et le chef de
la faction a été nommé vice-président du forum des partis politiques
pro-gouvernementaux . Il est pourtant bien connu que cette dame, cheffe de
faction, n'a jamais été publiée au journal officiel ni approuvée par le ministre
qui a les partis politiques dans ses attributions, ce, conformément à la
législation rwandaise.
Le chef de file légalement reconnu, Me Ntaganda est désormais incapable de
présenter ses lettres de créance à la nomination officielle comme candidat aux
élections présidentielles par la Commission électorale. Ces divisions ont été
montées par le parti FPR dans le but d'affaiblir l'opposition politique et lui
refuser la possibilité de participer aux prochaines élections présidentielles
d’août 2010.
Ni Mme Victoire Ingabire, candidate des FDU-Inkingi, ni, M. Frank Habineza,
candidat aux présidentielles du parti démocratique des Verts ne sont en mesure
de présenter leurs lettres de créance à l'approbation de la Commission
électorale, puisque les deux partis n’ont pas pu se faire enregistrer dans les
délais alors qu’ils ne sont nullement criminels.
Nous demandons au gouvernement rwandais de reporter ces élections jusqu'à ce que
l’environnement politique ait atteint un niveau de maturité qui permettrait une
concurrence politique pacifique.
Nous prions le Président du Rwanda d'user de ses pouvoirs lui dévolus par la
Constitution afin de dire aux représentants de son gouvernement rwandais
d’enregistrer les partis politiques d’opposition, à savoir le parti démocratique
des Verts et les FDU Inkingi, et de les laisser exercer pleinement leurs droits
politiques ; de laisser le leader légalement reconnu du PS Imberakuri, Maître
Bernard Ntaganda, gérer son parti sans ingérence extérieure.
Nous tenons à rappeler au Président de la République, Paul KAGAME, qu'il a prêté
un serment il ya sept ans, de défendre la Constitution rwandaise. Il est le
gardien de la loi. La Constitution garantit le multipartisme et la démocratie au
Rwanda. Nous demandons à Son Excellence le Président de la République de
respecter son engagement.
Fait à Kigali, le 24 Juin 2010.
Mme Victoire Ingabire Umuhoza
Président, les Forces démocratiques unies
M. Habineza Frank
Président, Parti démocratique des Verts du Rwanda
Mwemma