Victoire Ingabire empêchée de sortir du pays
(Cyberpresse
24/03/2010)
Une dirigeante de l'opposante rwandaise, Victoire Ingabire, a été empêchée de
quitter le pays alors qu'elle prenait l'avion à l'aéroport de Kigali, a indiqué
le porte-parole de la police rwandaise, démentant son arrestation annoncée
auparavant par Radio Rwanda.
"La police a demandé à Mme Ingabire de ne pas quitter le territoire car elle
doit répondre à une convocation de la police demain matin", a déclaré le
porte-parole de la police rwandaise, Eric Kayiranga.
"Mme Ingabire n'a pas été arrêtée, elle est libre de ses mouvements", a souligné
M. Kayiranga.
Dans son journal du soir en langue rwandaise, Radio Rwanda avait annoncé
l'arrestation par "les services de sécurité" de Victoire Ingabire "alors qu'elle
tentait de fuir le pays"
Mme Ingabire "a été empêchée de prendre l'avion" alors qu'elle s'apprêtait à
embarquer à l'aéroport de Kigali, a corrigé par la suite Radio Rwanda, dans ses
journaux en anglais et en français.
"La police lui a demandé de ne pas prendre l'avion car il y encore des questions
auquelles elle doit répondre", selon Radio Rwanda.
Le jour même de son retour au pays, le 16 janvier, l?opposante avait demandé,
après avoir déposé des gerbes de fleurs à un mémorial du génocide contre les
Tutsi à Kigali, que les auteurs de crimes commis contre les Hutu en 1994 soient
également jugés.
Le régime rwandais accuse depuis lors Mme Ingabire, une Hutu, d'avoir nié, par
de tels propos, la réalité du génocide de 1994, au cours duquel au moins 800.000
personnes selon l'ONU, en majorité Tutsi, avaient été tuées.
Elle a été interrogée à plusieurs reprises par la police. L'un de ses
collaborateurs, Joseph Ntawangundi, avec lequel elle était rentrée d'exil, a été
interpellé en février, en exécution d'un jugement par contumace rendu en 2007
par un tribunal gacaca (populaire) pour son implication dans le génocide.
Mme Ingabire est la présidente des Forces démocratiques unifiées (FDU), un parti
créé en exil et pas encore enregistré par les autorités rwandaises.
Elle a été désignée par sa formation comme candidate à la présidentielle d'août
prochain et avait annoncé à plusieurs reprises son intention de participer au
scrutin.
Ces dernières semaines, les FDU avaient dénoncé "un nombre croissant de menaces,
d'agressions et de harcèlements subis par l'opposition à l'approche de la
présidentielle".
Ce parti avait également accusé les autorités rwandaises de bloquer délibérément
son enregistrement, afin d'empêcher la participation de Mme Ingabire à
l'élection.
Début février, l'organisation américaine de défense des droits de l'Homme Human
Rights Watch s'était inquiétée du "nombre croissant de menaces, d'agressions et
d'actes de harcèlement" contre "les membres des partis de l'opposition".
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