La situation entre la France et le Rwanda est toujours "bloquée" après la
rencontre mardi à New York du président Nicolas Sarkozy avec son homologue
Paul Kagame, a déclaré jeudi à la presse le chef de la diplomatie
française, Bernard Kouchner.
"La situation est évidemment bloquée, puisque nous ne pouvons rien
contre les mandats d'arrêt de la justice internationale", a dit M.
Kouchner, qui était interrogé sur les résultats de l'entretien de M.
Sarkozy avec M. Kagame.
Le Rwanda a rompu fin novembre 2006 ses relations diplomatiques avec
Paris après que le juge Jean-Louis Bruguière eut réclamé des poursuites
contre M. Kagame et d'autres responsables rwandais pour leur
"participation présumée" à l'attentat contre l'avion de l'ex-président
rwandais, Juvénal Habyarimana, le 6 avril 1994, qui avait déclenché le
génocide.
"Ce sont les exigences qui ont été présentées et nous avons expliqué
que nous n'y pouvions rien", a dit M. Kouchner, confirmant que M. Kagame
avait demandé à son homologue français la suppression de ces mandats
d'arrêt.
Le président français Nicolas Sarkozy à l'ONU, le 23
septembre 2008
© AFP Eric Feferberg
Le président rwandais Paul Kagamé à la tribune de
l'ONU, le 23 septembre 2008
© AFP Timothy A. Clary |
Le ministre français a fait valoir que "de l'autre côté non plus, la
France ne peut rien après le rapport Mucyo, que nous examinons avec
beaucoup d'attention et les accusations portées contre la France, qui sont
évidemment insupportables".
La France a rejeté début août les conclusions d'un rapport de Kigali
sur sa "participation" au génocide de 1994. Le président de la commission
d'enquête rwandaise s'appelle Jean de Dieu Mucyo.
"Nous sommes dans une situation bloquée et on a intérêt à la
débloquer", a poursuivi M. Kouchner. "Ca a toujours été la politique de la
France d'avoir des relations normales avec le Rwanda qui, par ailleurs,
est quand même le pays qui a le plus souffert", a-t-il dit.
La présidence française a confirmé jeudi que MM. Sarkozy et Kagame
s'étaient rencontrés mardi à New York, en marge de l'Assemblée générale de
l'ONU, comme le révèle le quotidien français La Croix dans son édition
électronique.
La Croix affirme que les deux hommes ont eu un échange "franc" et que
le président français est resté "ferme" sur l'impossibilité d'intervenir
dans le contentieux judiciaire opposant les deux pays.