L'ONU confirme le soutien du Rwanda aux
rebelles congolais
Un
projet de rapport de l'ONU a renforcé les allégations selon lesquelles le
gouvernement du Rwanda fournirait des armes et même des enfants soldats aux
rebelles Tutsi dont les sévices en République démocratique du Congo ont déplacé
250.000 personnes depuis le mois d'août. Ce rapport extrêmement sensible a été
élaboré par un groupe d'experts nommé par le Secrétaire général des Nations
unies. Une partie de ce rapport a été présenté aux 15 membres du comité des
sanctions de l'ONU à New York hier (ndlr : avant-hier, mercredi 10 décembre),
ont déclaré, au journal anglais " The Independent ", des sources proches de
l'auteur. Les fuites concernant les conclusions de ce document serait d'un
embarras manifeste pour le président rwandais, Paul Kagame, qui a réfuté à
plusieurs reprises les accusations de fournir des armes et des soldats à la
faction rebelle de Laurent Nkunda, ce qui serait une violation flagrante d'un
embargo sur les armes.
Le rapport, quand il sera rendu public, pourrait également se révéler
politiquement toxique pour les pays occidentaux qui ont toujours pris les
demandes du Président Kagamé en considération pour justifier la poursuite de
l'aide financière à son peuple. La Grande-Bretagne étant l'un des principaux
bailleurs de fonds.
La semaine dernière, le Président Kagamé a fait une petite visite de courtoisie
à Londres, mais on ne sait pas si les dirigeants [anglais] l'ont interpelé au
sujet des conclusions des experts de l'ONU habilités à enquêter sur les
violations de l'embargo sur les armes.
Lors d'une rencontre le mois dernier à Kigali avec MM. David Miliband et
Bernard Kouchner, les ministres des Affaires étrangères anglais et français, le
Président Kagamé avait continué de nier tout soutien à Nkunda.
Le plus embarrassant pour M. Kagamé, ce ne sont pas seulement les allégations
que son gouvernement ait acheminé des armes aux rebelles, mais aussi, au moins
une fois, leur avoir fournis des soldats - dont certains des recrues étaient des
enfants.
Le rapport de l'ONU affirme également que certains des bombardements militaires
ont été lancés depuis le territoire rwandais.
La preuve selon laquelle Paul Kagamé serait à l'origine de la rébellion de
Laurent Nkunda serait une étape essentielle et devrait permettre à la
communauté internationale de mettre un terme à cet appui clandestin, a déclaré
une source aux Nations Unies.
Toujours dans ce rapport, il est cité des preuves démontrant en même temps
l'appui des milices Hutus, qui sont en partie responsable du chaos, à l'armée
congolaise et que les 17.000 soldats de la paix des Nations Unies n'ont pas été
en mesure de réprimer.
Les combats dans l'est du Congo découlent du génocide de 1994 au Rwanda lorsque
de nombreux soldats de la majorité hutue avaient fui en passant la frontière.
Près de quinze ans plus tard, cependant, elle est alimentée par une guerre pour
le contrôle des riches ressources minières de la région. C'est l'exploitation
illégale de ces minerais qui a contribué à financer la nouvelle avancée des
Tutsis.
Les révélations de la collaboration avec les rebelles Tutsis par le gouvernement
rwandais sont survenues le même jour o๠se réunissaient à Nairobi, certains de
ses dirigeants [rebelles] avec des fonctionnaires du gouvernement congolais pour
tenter de négocier un cessez-le-feu. Les rebelles Tutsi sont dirigés par le
général Nkunda, un ancien général de l'armée congolaise, qui affirme vouloir
protéger la minorité Tutsi.
à€ Nairobi, l'émissaire des Nations unies Olusegun Obasanjo a nié que les
négociations de paix entre les rebelles et le gouvernement du Congo étaient
rompues. Mais il a reconnu que les progrès ont été entravés parce que les représentants
des rebelles n'ont pas l'autorité politique pour négocier de manière concluante.
Sur le terrain, la force de l'ONU attend les renforts qui ont été autorisés par
le Conseil de sécurité. Mais cela devrait prendre six mois avant que les 3000
soldats supplémentaires arrivent. L'Union européenne est divisée sur les
propositions d'envoyer "une force relais" en attendant l'arrivée des casques
bleus supplémentaires.
"Le problà¨me est que nous sommes appelés à effectuer des taches qui ne sont
pas possibles", a déclaré Mme Hiroute Guebre Selassie, le chef de la mission de
l'ONU dans la province Nord-Kivu qui lutte pour faire face à la crise
humanitaire déclenchée par l'avance des rebelles.
L'armée onusienne a fait l'objet de critiques pour n'avoir pas su protéger les
civils des attaques rebelles malgré la présence de la plus grande mission de
maintien de la paix dans le monde. Mais pour Mme Selassie, " le conflit se
déroule dans une for^tt dense et sur une grande superficie". En outre " Les
attentes de la population est une chose, mais la MONUC se doit de faire des
choses qui sont faisable "
Selon les dires d'un responsable des nations Unies, hier soir, le rapport sera
présenté à la réunion du Conseil de sécurité de ce lundi, date à laquelle il
deviendra public. Cela pourrait amener l'ONU à prendre une résolution visant à
condamner le gouvernement de Kagamé pour ses actions avec des sanctions
économiques.
Source : The Indepedent
http://www.independ ent.co.uk/ news/world/ africa/un-
claims-rwanda- is-abetting- congo-rebels- 1061464.html
Par David Usborne à New York et Anne Penketh
Traduit de l'anglais par KD