BURUNDI : 3 000 Rwandais se réfugient dans le nord du Burundi
BUJUMBURA, le 13 octobre (IRIN) - Au moins 3 000 Rwandais, qui s'étaient réfugiés
au Burundi en début d'année avant d'être rapatriés, sont retournés dans les
provinces de Kirundo et Ngosi, dans le nord du Burundi en attendent que le
gouvernement définisse leur statut, a annoncé mercredi un responsable du Haut
Commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR).
« Ils ne sont pas arrivés en masse, mais chaque semaine on compte de nouveaux
arrivants », a déclaré depuis Bujumbura, la capitale burundaise, Catherine
Lune-Grayson, chargée des relations extérieures au HCR.
Jusqu'à 4 000 Rwandais ont été rapatriés en juin dernier. Le camp de transit
qui avait été mis en place à Songore dans la province de Ngozi a été fermé.
Des responsables rwandais et burundais ont supervisé la fermeture du camp,
alors qu'aucune organisation internationale, y compris le HCR, n'était présente.
Auparavant, des responsables du gouvernement rwandais et burundais s'étaient
rencontrés dans la province de Kayanza, dans le nord du Burundi, et avaient décidé
de traiter désormais les réfugiés rwandais comme des « immigrants illégaux
».
Mercredi, Catherine Lune-Grayson a indiqué que depuis la fermeture du camp de
transit de Songore, des Rwandais continuaient à arriver au Burundi. Début
septembre, le HCR a effectué un recensement des Rwandais et constaté que
quelque 2 300 personnes étaient retournées au Burundi.
« Selon nos estimations, plus de 3 000 Rwandais se trouvent actuellement au
Burundi », a-t-elle ajouté. La plupart des Rwandais vivent avec des familles
burundaises, principalement dans les communes de Gatsinda et de Mparamirundi
dans la province de Ngozi et de Rwisuri dans la province de Kirundo.
Selon Catherine Lune-Grayson, ces personnes ont fui le Rwanda parce qu'elles étaient
victimes de harcèlement, d'intimidation, de discrimination de la part de leurs
voisins.
Cependant, « toutes ces [raisons] ne sont qu'allégations, nous ne les avons
pas vérifiées », a-t-elle précisé.
Le HCR a distribué de la nourriture et a apporté une aide non-alimentaire aux
Rwandais. Catherine Lune-Grayson a indiqué que le HCR attendait que le
gouvernement burundais donne un statut à ces personnes et leur affecte un site
d'installation.
Le colonel Didace Nzikoruriho, responsable des réfugiés au sein du Ministère
de l'Intérieur, a indiqué mercredi à IRIN que le gouvernement était
conscient du problème et qu'il était prêt à collaborer avec le HRC pour
trouver une solution.
Il a ajouté que le gouvernement voulait mettre à la disposition des Rwandais
un site de transit mais « le site n'avait pas été encore identifié ».
Toujours selon le colonel Didace Nzikoruriho, une équipe d'avocats et de spécialistes
des droits de l'homme et des réfugiés serait recrutée pour définir le statut
des Rwandais.
« Si nous leur attribuons le statut de réfugiés, ils seront traités en tant
que tels, sinon, ils seront traités en fonction du statut que nous leur aurons
accordé », a-t-il ajouté.
Il a précisé que chaque affaire serait étudiée individuellement car les
demandeurs d'asile bénéficient du droit à la protection.
Cependant, à long terme, le gouvernement burundais envisage une loi sur le
droit d'asile et la protection des réfugiés.
Si le parlement adopte une telle loi, le gouvernement pourrait mettre en place
un secrétariat permanent pour les réfugiés.