L'ancien Premier ministre
Dominique de Villepin, mis en cause dans un rapport rwandais sur le
génocide de 1994, a accusé dimanche les autorités de Kigali de
"jouer avec l'Histoire", affirmant de son côté "ne pas craindre" la
vérité.
Dans un rapport publié début août, le Rwanda a une nouvelle fois
accusé la France d'avoir activement "participé" à l'exécution du
génocide de 1994 et a envisagé des suites judiciaires. M. de
Villepin, alors directeur de cabinet du ministre des Affaires
étrangères Alain Juppé, figure parmi les 13 dirigeants français
incriminés par ce rapport.
"Il ne faut pas tout mélanger", a déclaré dimanche M. de Villepin
au Grand Jury RTL/LCI/Le Figaro. "Il s'est produit un drame, un
génocide. Le seul pays au monde qui a pris le risque d'une
intervention (...) c'est la France".
"Faut-il faire le procès du pays, de l'armée française, qui a
pris le risque d'aller au Rwanda pour sauver des milliers de vies",
a-t-il poursuivi, affirmant s'être personnellement "battu pour que
l'on ferme Radio mille collines, (...) pour que nous allions sauver
des Rwandais dans des quartiers qui étaient menacés et menaçants".
"Il y a bien sûr un devoir de mémoire, il y a bien sûr une
exigence de vérité, et moi je ne crains en aucun cas cet exercice
là, mais je crois qu'il ne faut pas prendre des vessies pour des
lanternes".
"Quand les autorités rwandaises, parce qu'elles craignent une
mise en cause judiciaire de la part de la justice française,
prennent cette occasion pour faire un rapport et remettre les
compteurs à zéro, je crois qu'elles jouent avec l'Histoire, cela
n'est pas conforme à la vérité historique", a-t-il conclu.
Les autorités françaises ont rejeté comme "inacceptables" les
conclusions du rapport rwandais.
Kigali a rompu en novembre 2006 ses relations diplomatiques avec
Paris après que le juge Jean-Louis Bruguière eut réclamé des
poursuites contre le président rwandais Paul Kagame pour sa
"participation présumée" à l'attentat contre l'avion de
l'ex-président rwandais Juvénal Habyarimana le 6 avril 1994, qui
avait déclenché le génocide.