Un
sommet international sur les moyens d'arrêter l'engrenage de violences dans
l'Est de la République démocratique du Congo (RDC) qui menace de provoquer
un désastre humanitaire s'est ouvert vendredi à Nairobi, alors que combats
et exactions se poursuivent dans le Kivu.
Les travaux, en présence du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, ont
commencé dans un hôtel à la périphérie de la capitale kényane par des
entretiens bilatéraux à huis-clos entre les participants, avant une séance
plénière au cours de laquelle M. Ban devait prononcer un discours sur la
crise congolaise.
Ce sommet, auquel participent les présidents congolais Joseph Kabila et
rwandais Paul Kagame ainsi que plusieurs autres chefs d'Etat africains, a
été convoqué d'urgence face à la détérioration rapide de la situation
humanitaire et militaire dans le Nord-Kivu, province de l'Est de la RDC
frontalière du Rwanda et théâtre d'une série de tragédies humanitaires et de
conflits meurtriers depuis le début des années 90.
Les organisateurs du sommet n'ont pas précisé si MM. Kabila et Kagame
auraient des entretiens directs lors de la réunion, alors que les deux
gouvernements multiplient les accusations réciproques sur leur
responsabilité dans la crise.
Sur l'objectif du sommet, le Commissaire européen au développement Louis
Michel a souhaité qu'il aboutisse à "une déclaration qui ré-engage les
différents chefs d'Etat de la région" sur les accords déjà signés pour
mettre fin au conflit, essentiellement sur la neutralisation des groupes
armés qui sévissent dans le Kivu.
Ces accords visent particulièrement le Congrès national pour la défense
du peuple (CNDP) du général congolais tutsi Laurent Nkunda, et les Forces
démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), rébellion hutue rwandaise
basée dans l'est de la RDC.
"J'espère qu'ils (les chefs d'Etat) vont mettre au point une feuille de
route opérationnelle avec des mécanismes de contrôle", a commenté M. Michel
en marge de la réunion, ajoutant: "nous demandons tous un cessez-le-feu et
des risques de sanctions pour tous ceux qui ne le respectent pas".
Corps de cinq civils tués lors des combats, à Kiwanja
dans le Nord-Kivu, le 6 novembre 2008
© AFP Roberto Schmidt |
La rébellion de Laurent Nkunda, qui a par avance jugé inutile le sommet
de Nairobi, a infligé jeudi un nouveau revers majeur à l'armée de la RDC en
s'emparant d'au moins une nouvelle localité de l'est du pays, Nyanzale.
Avant l'ouverture des débats à Nairobi, Kudura Kasongo, porte-parole de
M. Kabila, a accusé les rebelles d'avoir commis des "tueries" dans le Kivu
et dénoncé l'inaction la mission de l'ONU en RDC (Monuc) face à ces
exactions.
"Il y a des tueries de commises et apparemment la Monuc n'a rien fait", a
accusé le porte-parole dans des déclarations à la presse.
Il a également une nouvelle fois accusé le Rwanda d'être impliqué dans le
conflit dans le Kivu. "Il faut que le Rwanda cesse d'intervenir dans le
problème congolais. Le Rwanda est impliqué dans les violences actuelles",
a-t-il affirmé.
Jeudi l'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch
(HRW) a accusé les rebelles de Laurent Nkunda et les miliciens
pro-gouvernementaux Maï-Maï d'avoir "délibérément" tué des civils lors de
combats dans le Kivu.
De son côté, la Monuc s'est dite "extrêmement préoccupée" par des
rapports qui "concernent des exactions graves contre des civils, y compris
des exécutions sommaires" qui auraient été perpétrées par les rebelles dans
une autre localité de l'Est, Kiwanja.
"Les Casques bleus de l'ONU dans l'est de la RDC sont tout simplement
incapables de protéger des civils qui sont délibérément visés", a par
ailleurs déploré HRW, qui cite l'un de ses experts sur l'Afrique, Anneke Van
Woudenberg.