Sa condamnation serait passée inaperçue s’il n’était pas le frère du Général Kayumba Nyamwasa, actuellement refugié en Afrique du Sud. Accusé d’atteinte à la sureté de l’Etat, le Colonel Rugigana Rugemangabo a été arrêté le 20 août 2010 à Kigali, quelques mois à peine après que son frère ait fui le pays, laissant croire à des poursuites plutôt liées à ses liens de parenté avec le Général Kayumba Nyamwasa, ancien Chef d’état major et proche de Paul Kagame, qui a trouvé l’asile politique en Afrique du Sud suite aux brouilles entre les deux hommes.
C’est d’ailleurs la thèse qui a été avancé par son avocat, le maitre Butera Geoffrey, et nombreux medias nationaux et internationaux. Par ailleurs, après la fuite de Nyamwasa vers l’Afrique du Sud, plusieurs de ses proches au Rwanda ont subi des harcèlements et menaces de la part du régime, c’est le cas de son père qui a été arrêté et qui s’est vu retirer ses papiers à la frontière du Rwanda et de l’Ouganda il y a quelques mois alors qu’il voulait se rendre en Ouganda.
Le Colonel Rugigana Rugemangabo est accusé entre autres d’être derrière les attaques à la grenade qui touchent le Rwanda depuis 2010, et ayant fait des nombreuses victimes, toutes civiles. Le ministère public avait requis la prison à vie contre le suspect, c’est vers midi et demi que le verdict est tombé, l’accusé a été reconnu coupable de haute trahison, propagation des rumeurs visant à discréditer le pouvoir, mais acquitté de la complicité avec les FDLR (Forces Démocratiques de Libération du Rwanda).
Cette condamnation du Colonel Rugigana Rugemangabo intervient un mois après la reprise du procès à Johannesburg des individus soupçonnés d’être les auteurs de l’attentat sans succès contre son frère le Général Faustin Kayumba Nyamwasa en juin 2010. Sur le banc des accusés, 6 individus, trois Tanzaniens et trois Rwandais, soupçonnés d’avoir orchestré et mené une tentative de meurtre le 19 juin 2010 contre le général Kayumba devant son domicile de Johannesburg. Kigali a été accusé d’être le commanditaire de cette tentative d’assassinat, mais le régime de Paul Kagame a toujours démenti ces accusations.
La condamnation du Colonel Rugigana montre une autre face sombre de la justice rwandaise fonctionnant comme celle d’une autre époque, où les enfants pouvaient répondre des crimes de leurs pères ou grands-parents.
Le 14 mai 2012, c’est le gouvernement rwandais qui s’était tristement illustré dans les représailles contre des proches de dissidents, en annulant les passeports, de toute une série de membres de leurs familles, dont les enfants du General Kayumba Nyamwasa.
Jean Mitari