Un rapport définitif établi par un
groupe indépendant d’experts des Nations-Unies
affirmant que le Rwanda continue de soutenir la
rébellion M23 dans l’Est de la RDC a été présenté
ce vendredi 12 octobre au comité des sanctions du
conseil de sécurité de l’ONU. Malgré la
confirmation de ces accusations par les ONG telles
que le Human Rights Watch(HRW), International
Crisis Group(ICG) ainsi que la condamnation par la
communauté internationale de son implication dans
ce conflit, le Rwanda continue à nier les
allégations contenues dans ce rapport en affirmant
qu’il a été établi sur base de rumeurs et des
ouïes-dire.
Ce rapport, qui est plus accablant que celui rendu
public en juin 2012, indique que le Rwanda n’a pas
cessé d’entrainer et recruter des troupes pour le
M23, tout comme il n’a pas cessé de fournir des
armes et de l’aide logistique. Comme il ressort de
ce rapport, ce M23 serait composé d’environ 1250
soldats qui auraient déserté l’armée nationale
congolaise et qui continuent de gagner du terrain.
Des accusations sans fondement, selon le Rwanda
Le Gouvernement rwandais dénonce et condamne ce
rapport définitif le qualifiant de sans fondement
et prétextant qu’il est basé sur des rumeurs; ceci
en dépit de la confirmation des faits par des
rapports similaires établis par Human Rights Watch
et International Crisis Group. Le Gouvernement
rwandais a chargé le cabinet d’avocats Akin Gump
Strauss Hauer & Feld LLP, basé à New York, pour
l’aider à contrer ces accusations et défendre les
autorités rwandaises devant le comité des
sanctions des Nations-Unies. Ce cabinet d’avocats
sera donc chargé d’élaborer un document montrant
que le groupe d’experts des Nations-Unies est
biaisé et que ces experts n’ont pas accordé au
gouvernement rwandais l’occasion de répondre à ces
allégations avant de finaliser et transmettre ce
rapport.
Un officiel du Gouvernement rwandais qui a pris
connaissance de ce rapport définitif, a déclaré
que le groupe d’experts ont procédé à une
« kitchen-sink », stratégie consistant à coller
des morceaux basés sur des rumeurs et des
ouïes-dire tout en espérant que plus le volume des
accusations non fondées sera grand, plus crédible
sera le résultat de leur travail.
Dans leur contre rapport qui devait être transmis
au comité des sanctions ce vendredi 12 octobre
2012, le gouvernement rwandais veut
s’attaquer directement aux auteurs du rapport plus
particulièrement, au coordinateur du groupe, Steve
Hege, l’accusant d’injuste et surtout
d’anti-Rwandais. Par conséquent le gouvernement
veut démontrer que Steve Hege n’est pas habilité,
ni qualifié pour continuer dans sa position
actuelle.
Il ressort aussi du côté rwandais, que le groupe
d’experts ne leur a pas accordé suffisamment de
temps pour examiner les résultats contenus dans
ce rapport, avant de le transmettre au comité des
sanctions et surtout, le Rwanda accuse ces experts
de ne pas avoir incorporé dans ce rapport
définitif les points de vue du Rwanda.
Le Rwanda a refusé de discuter du rapport
Un addendum publié récemment par les mêmes experts
indique que le groupe a fourni des efforts afin de
pouvoir discuter avec le gouvernement rwandais du
contenu du rapport, mais sans succès notoire. Ils
ajoutent que durant une visite officielle
effectuée à la mi-mai à Kigali, le gouvernement
rwandais n’a pas voulu les recevoir pour discuter
de ces questions.
Toujours pas de solution pour combattre le M23
Lors d’une réunion tenue récemment à Kampala en
Ouganda, par la Conférence internationale pour la
région des Grands Lacs, les chefs d’Etats ont
accepté d’aller en avant en ce qui concerne le
plan de déploiement d’une force neutre de 4000
hommes sous l’égide des Nations-Unies et de
l’Union africaine pour combattre les groupes
rebelles dans l’Est de la RD Congo.
Au cours d’une réunion convoquée par l’ambassadeur
de la France auprès de l’ONU sur la RD Congo
tenue le 10 octobre 2012, l’Ambassadrice des USA,
Susan Rice a confirmé les déclarations faites par
le sous-secrétaire d’Etat des USA pour
les affaires africaines, Mr. Johnnie Carson, qui
demandent au gouvernement rwandais de condamner
officiellement le M23. L’Ambassadrice Rice a aussi
insisté qu’une solution régionale soit trouvée.
Cependant après 3 réunions avec échec à Kampala et
un mini-sommet à New York sous les auspices de
Ban-Ki-Moon terminé en chaos, il est difficile de
s’imaginer comment une solution régionale
pourrait être trouvée.
A Kinshasa, le sommet de la francophonie s’est
clôturé ce 14 octobre 2012 et il est prévu que
tous les participants signent une résolution
condamnant les exactions commises dans le Kivu la
région Est de la RD Congo. Curieusement le Rwanda
représenté par sa ministre des affaires étrangères
Louise Mushikiwabo, selon TV5, n’a pas l’intention
de signer cette résolution. Ces réserves observées
du côté du Rwanda sont considérés par autres
participants au sommet comme un aveu de
culpabilité.
Plusieurs centaines de milliers de déplacés
Le M23 qui aurait été créé par le Gouvernement et
les autorités militaires rwandais depuis avril
2012, a déjà causé plusieurs centaines de milliers
de déplacés et est responsable d’innombrables
morts et blessés dans le Nord-Est de la RD Congo
riche en minerais.
Ces accusations contre le Rwanda de créer et
soutenir le M23 ont fait qu’un groupe de certains
pays occidentaux ont suspendu leurs aides envers
le Rwanda d’environ 90 millions de dollars
américains, depuis le mois de juin, lorsque le
rapport provisoire des experts de l’ONU ainsi
que celui de Human Rights Watch avaient été rendus
publics.
Ce rapport définitif peut rendre difficile
l’élection du Rwanda par l’Assemblée Générale,
comme membre non permanent du Conseil de sécurité
des Nations-Unies pour la période 2013-2014. Cette
élection devrait avoir lieu au courant de la
semaine prochaine.
Jeph Mboneye
Jambonews.net