Plan Cohen, Plan Sarkozy, et depuis le 13 janvier 2009, on peut se
permettre de parler de « Plan Obama ». Intervenant devant le Congrès pour
approuver sa nomination en qualité de Secrétaire d’Etat, Mme Hilary
Clinton a développé les grandes lignes de la politique africaine de Barack
Obama. Elle s’est attardée sur le Darfour, le Zimbabwe et la République
démocratique du Congo. Si Cohen propose la création d’un « Marché commun »
qui fragiliserait la RDC, que le président français Sarkozy évoque « le
partage des ressources naturelles du Congo avec le Rwanda », Hilary
Clinton pense qu’il faudra « aider les pays africains à préserver leurs
ressources naturelles et à en tirer une juste rémunération ». Quant à la
guerre, Barack Obama menace « de tenir responsables les gouvernements
étrangers qui tiennent à déstabiliser la RDC ». C’est toute la différence.
Réagissant à l’arrestation de Laurent Nkunda au Rwanda, Washington, par la
bouche de Robert Wood, porte-parole du département d’Etat, s’exprimait en
ces termes : « Il s’agit d’une avancée bienvenue sur la voie de la paix.
Il (ndlr Nkunda) n’a fait que déstabiliser la population du Congo et, pour
tout dire, de l’ensemble de la région. Cela faisait trop longtemps qu’il
semait le désordre ».
Pour mieux saisir la portée exacte de cette réaction, il est très
intéressant de remonter à l’année 2005. En effet, Barack Obama, alors
sénateur de l’Illinois, avait initié un projet de loi en 2005, devenu une
loi en 2006, laquelle identifie la violence sexuelle systématique à une
menace particulière en RDC.
Cette loi inclut une série d’engagements : « reconstruire la RDC, y
développer des structures politiques durables, tenir pour responsables les
gouvernements étrangers qui tentent de déstabiliser la RDC, mettre fin à
la corruption politique, professionnaliser les forces armées, réduire les
violences sexuelles, soutenir les victimes d’abus sexuels ».
La loi autorise également « la mise à disposition de 52 millions de
dollars d’assistance à la RDC ; elle recommande l’affectation d’un Envoyé
spécial des USA chargé de résoudre les violences récurrentes en RDC ; elle
presse l’Administration américaine de soutenir la Monuc ». (Tiré de Obama
’08).
Elu le 4 novembre 2008, Barck Obama a été investi le 20 janvier 2009, et
le « Plan Obama » est désormais une réalité. Hilary Clinton, Secrétaire
d’Etat américaine l’a dévoilé le 13 janvier 2009 devant le Congrès.
Abordant le chapitre réservé à l’Afrique, Hilary Clinton a « indiqué que
le chaos, notamment sous la forme de la piraterie, provenait des Etats en
déliquescence comme la Somalie. Si l’on ajoute le Zimbabwe, où le
gouvernement du président Robert Mugabe maltraite la population, et l’Est
du Congo, où règnent l’anarchie et la violence, le chaos continue de
susciter des problèmes en Afrique subsaharienne. »
Ces pays a-t-elle dit « constituent un terrain propice non seulement aux
pires abus, qu’il s’agisse de massacres, de viols, de l’indifférence aux
maladies et d’autres calamités, mais aussi une invitation pour les
terroristes à trouver refuge dans le chaos ».. Comme solution, Hilary
Clinton propose « d’aider les pays africains à préserver leurs ressources
naturelles et à en recevoir une juste rémunération, à mettre fin à la
guerre au Congo, à mettre un terme au régime autocratique du Zimbabwe et
au désastre humanitaire du Darfour ». Telles sont les grandes lignes du «
Plan Obama ».
Des concepts dynamiques
En parcourant le « Plan Obama », on découvre des concepts dynamiques et
non dangereux à l’image de ceux contenus dans d’autres « plans
provocateurs et méprisants ». Notamment « la part de responsabilité des
gouvernements étrangers qui déstabilisent la République démocratique du
Congo, la corruption politique et l’absence d’une armée professionnelle ».
Mais pour ce qui est des enjeux économiques, nerfs de la guerre, Obama est
réaliste et préconise de « préserver les ressources naturelles des Etats
et qu’ils reçoivent une juste rémunération ».
On peut se permettre de dire que le « Plan Obama » vise effectivement la
fin de la guerre, de l’instabilité mais le développement dans la région.
Il n’aliène aucun attribut de l’indépendance, n’entame pas la souveraineté
de chaque Etat, mais veut par contre que les richesses d’un pays profitent
avant tout aux fils de ce pays. Il projette ainsi l’image de sa lutte sur
le plan interne aux Etats-Unis pour réconcilier les Américains avec
eux-mêmes. Donc, les Congolais avec les Congolais, les Rwandais avec les
Rwandais, etc.
Toute la différence est là avec le « Plan Cohen » qui fragilise l’économie
congolaise pour renforcer ceux des pays anglophones de l’Est. Le Plan
Obama s’oppose aux propositions du « Plan Sarkozy » qui conduirait à la
balkanisation de la République démocratique du Congo tout en confortant
l’économie du Rwanda grâce aux ressources naturelles de la République
démocratique du Congo.
Lutte contre le terrorisme
Le mérite du « Plan Obama », c’est qu’il s’inscrit dans le contexte
général de la lutte contre le terrorisme. Si cela n’est pas encore dit
clairement, Barack Obama sait pertinemment bien que le terrorisme a
évolué. Il n’est plus à l’image des individus, incarné autrefois par «
Carlos », mais devenu même une « affaire d’Etat », le cas des pays « de
l’axe du mal ». Car les « gouvernements étrangers qui tentent de
déstabiliser la RDC » ne sont autres que des « terroristes d’Etat ».
Autant Barack Obama tient à les rendre responsables pour mettre fin à la
guerre au Congo. Ce que les « plans Cohen et Sarkozy » ne soulignent pas.
Au demeurant, le « Plan Barack Obama » est tout l’opposé du « Plan Sarkozy
». Pour les observateurs avertis, il s’agit « d’une version corrigée » de
Bill Clinton, avec Suzan Rice, actuelle ambassadrice des Etats-Unis aux
Nations unies, alors secrétaire d’Etat adjointe américaine aux Affaires
africaines. Elle soulignait à cette époque que « le Congo, alors Zaïre, ne
devait servir d’espace à des expériences politiques, au terrorisme, ni de
terre fertile aux Etats parias ».
Et Bill Clinton a eu récemment l’honnêteté intellectuelle de reconnaître
d’avoir commis des erreurs dans sa politique africaine. En effet, a-t-il
dit, « quand je suis devenu président, je croyais que l’Afrique était un
pays, alors qu’il est un continent. C’est après avoir voyagé à travers ce
continent que j’ai reconnu que je me suis trompé ».
Le « Plan Barack Obama » compte certainement combattre le terrorisme sous
toutes ses formes. Ce qui explique assurément les virages à 180° que l’on
observe en Afrique des Grands Lacs.
Par Le Potentiel
(Le Potentiel 28/01/2009)
Plan Cohen, Plan Sarkozy, et depuis le 13 janvier 2009, on peut se
permettre de parler de « Plan Obama ». Intervenant devant le Congrès pour
approuver sa nomination en qualité de Secrétaire d’Etat, Mme Hilary
Clinton a développé les grandes lignes de la politique africaine de Barack
Obama. Elle s’est attardée sur le Darfour, le Zimbabwe et la République
démocratique du Congo. Si Cohen propose la création d’un « Marché commun »
qui fragiliserait la RDC, que le président français Sarkozy évoque « le
partage des ressources naturelles du Congo avec le Rwanda », Hilary
Clinton pense qu’il faudra « aider les pays africains à préserver leurs
ressources naturelles et à en tirer une juste rémunération ». Quant à la
guerre, Barack Obama menace « de tenir responsables les gouvernements
étrangers qui tiennent à déstabiliser la RDC ». C’est toute la différence.
Réagissant à l’arrestation de Laurent Nkunda au Rwanda, Washington, par la
bouche de Robert Wood, porte-parole du département d’Etat, s’exprimait en
ces termes : « Il s’agit d’une avancée bienvenue sur la voie de la paix.
Il (ndlr Nkunda) n’a fait que déstabiliser la population du Congo et, pour
tout dire, de l’ensemble de la région. Cela faisait trop longtemps qu’il
semait le désordre ».
Pour mieux saisir la portée exacte de cette réaction, il est très
intéressant de remonter à l’année 2005. En effet, Barack Obama, alors
sénateur de l’Illinois, avait initié un projet de loi en 2005, devenu une
loi en 2006, laquelle identifie la violence sexuelle systématique à une
menace particulière en RDC.
Cette loi inclut une série d’engagements : « reconstruire la RDC, y
développer des structures politiques durables, tenir pour responsables les
gouvernements étrangers qui tentent de déstabiliser la RDC, mettre fin à
la corruption politique, professionnaliser les forces armées, réduire les
violences sexuelles, soutenir les victimes d’abus sexuels ».
La loi autorise également « la mise à disposition de 52 millions de
dollars d’assistance à la RDC ; elle recommande l’affectation d’un Envoyé
spécial des USA chargé de résoudre les violences récurrentes en RDC ; elle
presse l’Administration américaine de soutenir la Monuc ». (Tiré de Obama
’08).
Elu le 4 novembre 2008, Barck Obama a été investi le 20 janvier 2009, et
le « Plan Obama » est désormais une réalité. Hilary Clinton, Secrétaire
d’Etat américaine l’a dévoilé le 13 janvier 2009 devant le Congrès.
Abordant le chapitre réservé à l’Afrique, Hilary Clinton a « indiqué que
le chaos, notamment sous la forme de la piraterie, provenait des Etats en
déliquescence comme la Somalie. Si l’on ajoute le Zimbabwe, où le
gouvernement du président Robert Mugabe maltraite la population, et l’Est
du Congo, où règnent l’anarchie et la violence, le chaos continue de
susciter des problèmes en Afrique subsaharienne. »
Ces pays a-t-elle dit « constituent un terrain propice non seulement aux
pires abus, qu’il s’agisse de massacres, de viols, de l’indifférence aux
maladies et d’autres calamités, mais aussi une invitation pour les
terroristes à trouver refuge dans le chaos ». Comme solution, Hilary
Clinton propose « d’aider les pays africains à préserver leurs ressources
naturelles et à en recevoir une juste rémunération, à mettre fin à la
guerre au Congo, à mettre un terme au régime autocratique du Zimbabwe et
au désastre humanitaire du Darfour ». Telles sont les grandes lignes du «
Plan Obama ».
Des concepts dynamiques
En parcourant le « Plan Obama », on découvre des concepts dynamiques et
non dangereux à l’image de ceux contenus dans d’autres « plans
provocateurs et méprisants ». Notamment « la part de responsabilité des
gouvernements étrangers qui déstabilisent la République démocratique du
Congo, la corruption politique et l’absence d’une armée professionnelle ».
Mais pour ce qui est des enjeux économiques, nerfs de la guerre, Obama est
réaliste et préconise de « préserver les ressources naturelles des Etats
et qu’ils reçoivent une juste rémunération ».
On peut se permettre de dire que le « Plan Obama » vise effectivement la
fin de la guerre, de l’instabilité mais le développement dans la région.
Il n’aliène aucun attribut de l’indépendance, n’entame pas la souveraineté
de chaque Etat, mais veut par contre que les richesses d’un pays profitent
avant tout aux fils de ce pays. Il projette ainsi l’image de sa lutte sur
le plan interne aux Etats-Unis pour réconcilier les Américains avec
eux-mêmes. Donc, les Congolais avec les Congolais, les Rwandais avec les
Rwandais, etc.
Toute la différence est là avec le « Plan Cohen » qui fragilise l’économie
congolaise pour renforcer ceux des pays anglophones de l’Est. Le Plan
Obama s’oppose aux propositions du « Plan Sarkozy » qui conduirait à la
balkanisation de la République démocratique du Congo tout en confortant
l’économie du Rwanda grâce aux ressources naturelles de la République
démocratique du Congo.
Lutte contre le terrorisme
Le mérite du « Plan Obama », c’est qu’il s’inscrit dans le contexte
général de la lutte contre le terrorisme. Si cela n’est pas encore dit
clairement, Barack Obama sait pertinemment bien que le terrorisme a
évolué.. Il n’est plus à l’image des individus, incarné autrefois par «
Carlos », mais devenu même une « affaire d’Etat », le cas des pays « de
l’axe du mal ». Car les « gouvernements étrangers qui tentent de
déstabiliser la RDC » ne sont autres que des « terroristes d’Etat ».
Autant Barack Obama tient à les rendre responsables pour mettre fin à la
guerre au Congo. Ce que les « plans Cohen et Sarkozy » ne soulignent pas.
Au demeurant, le « Plan Barack Obama » est tout l’opposé du « Plan Sarkozy
». Pour les observateurs avertis, il s’agit « d’une version corrigée » de
Bill Clinton, avec Suzan Rice, actuelle ambassadrice des Etats-Unis aux
Nations unies, alors secrétaire d’Etat adjointe américaine aux Affaires
africaines. Elle soulignait à cette époque que « le Congo, alors Zaïre, ne
devait servir d’espace à des expériences politiques, au terrorisme, ni de
terre fertile aux Etats parias ».
Et Bill Clinton a eu récemment l’honnêteté intellectuelle de reconnaître
d’avoir commis des erreurs dans sa politique africaine. En effet, a-t-il
dit, « quand je suis devenu président, je croyais que l’Afrique était un
pays, alors qu’il est un continent. C’est après avoir voyagé à travers ce
continent que j’ai reconnu que je me suis trompé ».
Le « Plan Barack Obama » compte certainement combattre le terrorisme sous
toutes ses formes. Ce qui explique assurément les virages à 180° que l’on
observe en Afrique des Grands Lacs.
Par Le Potentiel
|