Rwanda : privés de bourse, des étudiants ne mangent pas 04-03-2011 Rwanda
(Syfia
Grands Lacs/Rwanda) Le prêt bourse d'études a, pour cette année académique
qui commence au Rwanda, été supprimé à de très nombreux étudiants. Faute
d'argent, beaucoup d'entre eux ont du mal à manger correctement ou sont
contraints de chercher un travail. Ce qui les empêche souvent d'aller aux
cours. D'autres ont déjà renoncé à leurs études.
L'Office
rwandais du prêt bourse a décidé de n'octroyer cette somme qu'aux classes
dites "vulnérables". Les Rwandais sont classés en riches, moyens, pauvres
moyens, pauvres, vulnérables, etc. Cet étudiant de troisième année classé
dans la catégorie des pauvres n'a pas eu de bourse…et comme beaucoup, il
n'arrive plus à s'en sortir. Manger est
devenu difficile pour nombre d'entre eux. Plutôt que d'aller au restaurant
de l'université qui leur coûte entre 18 000 et 24 000 Frw (entre 35 et 45
$) par mois, certains préfèrent préparer eux-mêmes leur nourriture. Fidèle
Niyompano, qui loge à quatre kilomètres de l'université, vit avec trois
condisciples dans une petite chambre qu'ils louent à 25 000 Frw. Elle leur
sert de chambre à coucher et de salle d'étude à domicile. Derrière un
petit rideau, leur maigre stock de nourriture : 2 kg de riz, 3 kg de
haricots, du sel et un peu de légumes fanés... "Nous cotisons 10 000 Frw
(25 $) par mois, mais seulement deux d'entre nous ont pu trouver cet
argent. Souvent, nous ne mangeons qu'une fois par jour, pour essayer
d'arriver au bout du mois avec un peu de nourriture". Parmi les
camarades de Fidèle, Albert, jeune finaliste en droit, va devoir sacrifier
son héritage pour continuer ses études : "A sa mort, mon père m'a légué un
champ qui pourra me procurer 60 000 Frw (100 $). Je le vendrai avant de
mourir de faim !". Il s'était d'abord abonné au restaurant de la ville à
300 Frw (0,5 $) par repas. Pas cher, mais un repas qui laisse sur sa faim.
"Dans ces restaurants, nous mangeons sur des assiettes que nous appelons
"CD", parce qu'elles sont assez plates et ont la taille d'une sous-tasse",
commente Laurent Mukiza en deuxième année de droit. "Leur viande, qu'ils
donnent une fois par semaine, nous l'appelons ‘carte sim’. Quand tu
manges, tu la vois difficilement à l’œil nu !", ajoute-t-il en
plaisantant. D'autres étudiants sont présents dans l'enseignement. "J'en ai un qui donne les cours du soir à mes enfants de primaire", livre un professeur de l'université. "Une organisation a signé avec certains étudiants un contrat de service d'enseignement à temps plein pour six mois. Que deviendront ensuite leurs cours d'université ?", s'interroge-t-il, alors que depuis le début de cette année, il n'a pas plus de 60 % de présents à son cours. Tous ceux qui travaillent sont très irréguliers à l'université. Certains ne trouvent pas de travail comme Théo Hatunguramye, inscrit en deuxième année économie, qui est rentré chez lui et travaille dans les champs des agriculteurs. Un peu d'argent pour venir chercher ses syllabus à Butaré à 100 km de là et passer, malgré tout, ses examens. Selon un étudiant de la faculté de l'agronomie, sur une classe de 85 inscrits, 28 sont déjà retournés à la maison. Ils essaient bien de se faire ajouter aux listes de boursiers, mais sans résultat pour l'instant.
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