Le Conseil de sécurité de l'ONU a exprimé vendredi son "soutien total" aux experts de l'ONU qui accusent Kigali et Kampala d'armer la rébellion en RDCongo et a menacé implicitement de prendre des sanctions contre de hauts responsables de ces deux pays.
Dans une déclaration, le Conseil condamne fermement "tout appui extérieur" apporté au mouvement rebelle congolais M23 par des "pays voisins" et exige que ces ingérences cessent sous peine de sanctions, en référence implicite au Rwanda et à l'Ouganda.
Le Conseil "exprime son soutien total" à ses experts qui ont accusé formellement dans un rapport confidentiel les deux pays de continuer à armer le M23 ce que Kigali comme Kampala démentent catégoriquement.
Il se dit prêt à prendre des "sanctions ciblées" contre les dirigeants du M23 et "ceux qui violent le régime de sanctions et l'embargo sur les armes" auxquels est soumise la République démocratique du Congo (RDC), ce qui pourrait l'amener à sanctionner notamment le ministre rwandais de la Défense mis en cause directement dans le rapport des experts de l'ONU.
Il demande aux pays membres de soumettre "d'urgence" des listes de personnes ou d'entités à sanctionner.
Le Conseil "exprime son soutien total au groupe d'experts de l'ONU du comité 1533", qui ont rédigé ce rapport accablant pour le Rwanda et l'Ouganda, et demandent aux pays de la région de renforcer leur coopération" avec ces experts. Ce rapport doit être soumis formellement au Conseil le mois prochain.
Cette prise de position très ferme intervient au lendemain de l'élection par l'Assemblée générale de l'ONU du Rwanda comme membre non permanent du Conseil de sécurité, pour un mandat de deux ans commençant en janvier prochain.
Le Conseil "réitère sa ferme condamnation de tout appui extérieur au M23 et à cet égard, exprime sa grave inquiétude face aux informations indiquant qu'un tel appui continue d'être fourni au M23 par des pays voisins". Les 15 membres du Conseil "exige que cet appui extérieur au M23 et à d'autres grouopes armés cesse immédiatement", sans toutefois mettre en cause nommément le Rwanda et l'Ouganda.
Le Conseil demande à tous les pays de la région de "coopérer activement" avec le gouvernement congolais pour désarmer le M23 et les autres groupes armés qui opérent dans la région.
Le rapport de l'ONU, dont l'AFP a eu copie, conclut que les gouvernements rwandais et ougandais continuent de soutenir militairement et politiquement le M23, allant même jusqu'à affirmer que la rebellion est commandée "de facto" par le ministre rwandais de la défense, le général James Kabarabe.
Le Mouvement du 23 mars (M23) est formé par d'anciens rebelles qui, après avoir été intégré en 2009 dans l'armée congolaise, se sont ensuite mutinés et affrontent depuis mai dernier l'armée régulière de la RDC.
Dans sa déclaration, le Conseil demande aussi au secrétariat général de l'ONU de lui faire des propositions pour "renforcer les capacités de la Monusco (Mission de l'ONU en RDCongo) à remplir son mandat", y compris pour surveiller le "flot d'armes et de matériel" militaire qui passe par les frontières est de la RDC. Celles-ci bordent le Rwanda et l'Ouganda.