"Nous les avons remis au Rwanda dans le cadre de nos obligations de bon voisinage". Ces prisonniers "sont des Rwandais qui ont été recrutés pour combattre aux côtés des forces de Nkunda", a ajouté l'officier. "Ils ont été faits prisonniers après être entrés en Ouganda".
Kinshasa accuse Kigali de soutenir les rebelles de Laurent Nkunda qui ont repris des combats depuis fin août dans la province du Nord-Kivu, frontalière du Rwanda. Les rebelles sont arrivés le 29 octobre aux portes de Goma, capitale provinciale, et la menace directement.
Kigali qui récuse ces accusations, exige depuis des années le désarmement des rebelles hutus rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) au Congo.
M. Nkunda dément pour sa part tout soutien du Rwanda, où le pouvoir est dominé par les Tutsis, et se présente comme un défenseur de la communauté tutsie congolaise. La Monuc constitue pourtant l’œil et l’oreille de la communauté internationale. Pour beaucoup d’observateurs une des raisons qui a fait que le Cndp n’est pas entré dans Goma, c’était pour ne pas se mettre à découvert. Le Cndp serait entré dans Goma , on ne sait pas comment il pouvait cacher l’armement rwandais et les troupes rwandaises qui combattaient pour lui.
La bataille de Rumangabo et l’avancée de Cndp vers Goma a mis à nu plusieurs preuves de l’implication de l’armée rwandaise dans les combats. Les témoignages des officiers de la Monuc sont venus s’ajouter aux effets militaires rwandais saisis et présentés à la communauté internationale par la hiérarchie militaire des FARDC.
Lors des combats autour de Goma, l’armée rwandaise a commencé à semer la panique dans cette ville en tirant des obus au-dessus de la frontière commune. Les officiers de la Monuc affirment qu’il s’agissait des obus de chars et autres pièces d’artillerie lourde.
Cela a permis aux autorités congolaises de renforcer leurs accusations contre les troupes rwandaises. Kigali a toujours démenti. Aujourd’hui encore, Kigali continue à démentir. Mais, pour la première fois, l’Onu a déclaré publiquement que Kigali accorde un soutien réel aux éléments du Cndp de Laurent Nkunda.
Le premier témoignage vient du porte-parole des Nations Unies Sylvie van den Wildenberg qui a déclaré à l’agence Associated Press à partir de Goma que les soldats du contingent uruguayen ont vu des militaires rwandais tirer des obus de chars et d’autres pièces d’artillerie lourde vers le Congo.
C’était le mercredi lorsque les forces de Nkundabatware ont commencé à avancer vers Goma. Gen Jorge Rosales, chef du contingent uruguayen au sein de la mission de paix de l’Onu en RDC a déclaré avoir vu le vendredi parmi les troupes rebelles non seulement des chars et de l’artillerie lourde de l’armée rwandaise, mais également des soldats rwandais intégrés dans les forces rebelles.
Après ces révélations accablantes, les responsables des Nations Unies ont posé la question aux autorités rwandaises qui ont encore nié les faits.
Mais les soldats de la Monuc restent catégoriques : « Nous les avions vus et observés ». La Monuc par son chef, Alan Doss avait confirmé au cour d’une vidéoconférence que les tires venaient du Rwanda. Et de préciser que le feu était venu de la frontière rwandaise près de la localité de Kibumba.
Kibumba est situé sur la route principale qui mène vers Rutshuru à environ 17 km au nord de Goma. La localité est non loin de la frontière rwandaise et de l’aérport de Goma. La frontière du Rwanda est visible à l’Est, au milieu de plusieurs volcans. Mais en diplomate réservé, le chef de la Monuc dit avoir chargé une unité pour vérifier les faits.
Mais les révélations qui viennent de Kampala attestant avoir remis récemment à Kigali des soldats rwandais qui combattaient dans les rangs de la rébellion de Laurent Nkunda est un véritable pavé dans la marre qui risque d’éclabousser le président rwandais Paul Kagame au cours du sommet de Nairobi qui s’ouvre ce vendredi.
(SL/Yes)
AFP/MMC
Last edited: 06/11/2008 17:24:09