Bujumbura, 9 janvier, 2005 (Burundi
Réalités). D’après
des sources concordantes et confirmées par la ligue Iteka, l’armée
rwandaise a envahi le Burundi. L’invention ne s’est pas faite par
n’importe quel coin du Burundi. En effet, c’est par Mwumba à Ngozi,
dans la commune où Nkurunziza Pierre, président de la République du
Burundi, est originaire que Kagame a infligé cette humiliation au président
Burundais. Pourtant, il y a moins de trois mois, le ministre des affaires
étrangères Burundais, Madame Antoinette Batumbwira disait à qui voulait
l’entendre que Nkurunziza et Kagame étaient plus que des amis. Qu’ils
étaient plutôt des frères.
Le président du Burundi, Pierre Nkurunziza n’avait ménagé
aucun effort pour s’attirer les sympathies du président Rwandais. Il
y a, tour à tour, envoyé son ministre des affaires étrangères, son
chef d’état major et même son épouse. Comme si tout cela ne
suffisait pas, Nkurunziza y est parti lui-même. Radjabu Hussein y était,
lui aussi, officiellement rendu en sa qualité de président du CNDD-FDD
mais beaucoup plus pour son propre compte plutôt que pour celui de
Nkurunziza.
Le président
Nkurunziza n’a jamais voulu dire publiquement l’intérêt
fondamental national qu’il défendait. En effet, si Nkurunziza a gardé
le silence sur ce sujet, c’est qu’il n’y avait pas d’intérêt.
Tout ce qu’on peut déduire de ses dires est qu’il Il cherchait à
éviter des négociations avec les FNL et Rwasa Agathon. Or ceci n’est
pas un intérêt stratégique pour le Burundi, car les Burundais dans
leur majorité veulent que ces négociations aient lieu et que la paix
revienne au pays entièrement.
Clairement,
le président Paul Kagame vient de montrer aux Burundais que leur
gouvernement a failli à la mission de protéger leurs intérêts
fondamentaux. Cette affirmation aurait pu apparaître comme un procès
d’intention contre le gouvernement Nkurunziza si ce n’était le
communiqué conjoint qui a sanctionné la visite du ministre des
affaires étrangères, Antoinette Batumubwira à Kigali, au Rwanda du 14
au 15 novembre 2005. En effet, dans ce communiqué le Rwanda avait haussé
le ton. Le communiqué dit en substance en son point 7.2 ce qui suit :
«
Tenir des réunions des sous commissions techniques avant la fin de
l'année 2005 sur les questions urgentes, en l'occurrence les immigrants
illégaux, la démarcation de la frontière commune, la question des
pensions des agents complémentaires Rwandais ayant travaillé au
Burundi, la sécurité à la frontière commune »
Comme le
gouvernement Nkurunziza n’avait jamais voulu révéler aux Burundais
l’existence d’un conflit de frontière, il s’ensuit que ce point a
été mis à l’ordre du jour par le Rwanda. En avalisant la sortie
d’un communiqué conjoint qui contient un passage mettant en cause la
« la frontière commune», Antoinette Batumubwira, le ministre
des affaires étrangères a accepté implicitement l’existence d’un
tel conflit. Elle a failli à sa mission première de protéger les intérêts
du Burundi. Mais ce n’est pas seulement cette question qui met à nu
l’incompétence d’Antoinette Batumubwira à défendre les intérêts
du Burundi.
Dans le même
communiqué, le Rwanda veut des réunions concernant « la question
des pensions des agents complémentaires Rwandais ayant travaillé au
Burundi ». Comment se peut –il qu'Antoinette Batumubwira ne dit
mot sur les milliers de Burundais qui ont travaillé pendant des années
au Rwanda, ce que sont devenus les biens des Burundais qui ont été
obligés de quitter le Rwanda à l’arrivée du FPR? Comment est-il
possible qu’Antoinette Batumubwira n’ait dit aucun mot sur la nécessité
d’éclaircir le rôle du Rwanda dans la mort du Président Ntaryamira?
Antoinette Batumubwira n’a rien dit non plus sur la compensation aux
familles dont les membres ont péri lors de l’attentat contre
l’avion du président Rwandais d’alors Juvénal Habyarimana. Il y a
en effet trois familles Burundaise qui, après plus de dix ans
maintenant, n’ont rien eu des indemnités d’assurances qui leur sont
dues par le Rwanda.
En
s’appropriant de Mwumba, l’homme fort de Kigali vient de montrer à
Nkurunziza qu’il peut faire de n’importe quoi sur le sol burundais,
une chose que plusieurs observateurs ne doutaient pas. Mais ce qui est
plus grave c’est l’humiliation créée par l’annexion d’une
portion de la commune natale du président de la République.
Du
coup, les sources proches du président Nkurunziza affirment que le président
a eu du mal à accepter cette appropriation de sa colline natale par
l’armée rwandaise. Le président Nkurunziza avait cru à ses différents
entretiens avec le président Kagame de même qu’à ceux des
conseillers principaux Gabriel Mpozagara et Ascesion Twagiramungu
jusqu’à laisser tomber les postes importants tels que le ministère
de la défense et l’état major général de l’armée ainsi que le
commandement de tous les camps militaires dans les mains des FAB. Voilà
ce qui explique le fait que l’armée burundaise n’est pas intervenue
lors de cette invasion alors que l’une de ses tâches est de préserver
la souveraineté du pays. Or, l’armée régulière ne pouvait pas
intervenir sans recevoir des ordres des supérieurs mais force est de
constater que ces supérieurs FAB ont des affinités avec l’armée
rwandaise qui les a aidé à combattre les différentes rebellions
burundaises. La mesure de l’échec du pouvoir Nkurunziza est illustrée
par les efforts de l’administrateur et du gouverneur qui se sont
battus corps et âme pour avoir une intervention diplomatique de
Bujumbura.
Le message
de Kagame est on ne peut plus clair. Chaque fois qu’il le trouvera nécessaire,
il utilisera le Burundi pour ses propres fins sans consulter le pouvoir
en place. Selon différente sources à Ngozi, l’armée rwandaise
aurait décidé de s`approprier Mwumba dans les tentatives de poursuivre
les réfugiés rwandais qui ont arrivés en province de Ngozi le même
jour, le 3 janvier 2006. Il y a actuellement 8000 demandeurs de réfugié
rwandais au Burundi. La raison derrière la fuite des rwandais vers le
Burundi est qu’ils subissent de la part des rescapés tutsi de 1994.
Pour mémoire,
ce ne pas la première ni la dernière fois que Kagame envahi les pays
limitrophes du Rwanda. A titre d’exemple, le président Kagame, après
une longue collaboration avec Laurent Désiré Kabila jusqu’à ce que
ce dernier accède au pouvoir avec le support tant militaire et que
financière de Kagame, le président Kagame n’a pas hésité à
attaquer le Congo, une invasion qui a coûté la vie au Président
Congolais et des millions de vies humaines ainsi qu’un pillage systématique
des ressources de ce pays .