Auto- destruction d'un peuple martyr.
par Jean Mateka
Nous vivons une curieuse époque où le peuple rwandais se voit confronté à l'inéluctable auto-destruction programmée et où les mots liberté et égalité sont devenus utopiques, conséquentes de l'obscurantisme et du goût immodéré des hommes pour le mal.
Mon regard inquisiteur, avide me laisse ternir dans l'angoisse. Du coup, accablé par ce macabre destin qui paraît condamner pas mal de ces soi- disant intellectuels rwandais à une sorte d'inertie dans l'art de penser et de réagir face aux événements troublants dont la masse populaire rwandaise continue d'être victime. Cette résignation face à cette force satanique et cette perte progressive de la capacité à bien réfléchir, à différencier l'ivraie du bon détruisent petit à petit notre for intérieur et nous conduisent dans une impasse sans issue.
Sans pouvoir trouver de réponses à cette situation problématique, ma conscience m'expose aux questions essentielles du temps, de l'être, du devenir, de l'avant et de l'après. Fin des fins, il me revient de constater que nous vivons, nous le peuple rwandais la pire des époques où d'autres souffrances à peine plus anciennes resurgissent par faute de ne pouvoir trouver la solution efficace au conflit purement ethnique que d'aucuns veulent tourner à leur avantage en l'appelant comme bon leur semble afin de le rendre éternel comme si 18 ans que cela vient de durer n'a pas suffi.
L'autre question hors du commun philosophique est de savoir si ce peuple majoritaire est voué à jamais à l'esclavagisme d'un régime dictatorial dont la stratégie qui est d'éliminer physiquement, moralement tout homme clairvoyant qui s'oppose à leurs tueries sélectives et à leurs supercheries qui égarent les brebis égarées, semble constituer leur état naturel. Actuellement je ne vois pas une autre issue car d'autres voies semblent irréalisables et fort malheureusement ces gens de mauvaise graine restent les seuls responsables car comme ce fut le cas dans les temps anciens ou passés la stupidité, la naïveté, futilité, égocentricité, duplicité, médiocrité, complexité, crudité, individualité, exclusivité et l'immoralité du goût de l'argent qui passe à une gourmandise sans égal nous ont plongés dans une tragédie sans précédent.
A ma qualité de croyant, je reste convaincu que là où l'homme s'avère impuissant Dieu est là pour le secourir. Le vrai est celui qui croit en Dieu et joint l'agréable à l'utile dans toutes actions qu'il entreprend. Cette époque me fait penser au drame d'Abel et de Caïn où des frères s'entre-tuent, où les puissants profitent de leur puissance pour écraser les faibles et leur prendre le peu qu'ils ont. Qui aurait pensé que les pays supposés respecter les droits de l'homme puissent un jour priver un innocent le droit de voyager. Ce sont toujours les plus petits qui font les frais de toute cette injustice. J'ai cette conviction qu'un jour le tout puissant effacera cette humiliation des petits et des opprimés pour refaire un monde sans partialité en punissant les méchants, un monde où tous les hommes auront les mêmes droits et vivrons comme des frères sans autres formes de considération.
Le peuple grand a perdu son indépendance. Des pays comme la Belgique qui nous a aidés a recouvré la liberté lors du référendum devrait jouer encore un rôle important afin de se débarrasser du joug de la dictature de ce régime mono ethnique. Le peuple rwandais est pris en otage par des dirigeants qui pratiquent des rites en dehors du commun. Comment comprendre qu'un dirigeant peut exiger à son peuple de se soumettre à la circoncision sous prétexte de le protéger contre le sida. C'est une façon de pousser le peuple majoritaire au suicide car derrière cette machination se cache quelque mystère que les spécialistes ne tarderont pas à dévoiler. L'arme qui tue en masse c'est la faim, les mauvaises conditions de détention et la torture quotidienne de la masse populaire pour les empêcher de revendiquer leurs droits.
L'ignorance du passé produit dans notre vie secrète un sentiment de férocité par lequel nous parvenons à extérioriser d'une manière inconsciente, à nous aventurer sens dessus et d'un pas mal assuré, vers tout ce qu'il y a de vie débordante autour de nous, poussant notre égoïsme à l'extrême limite. Bien que les personnes prêchant cette exclusivité soient minoritaires, force est de constater que ceux qui divisent le peuple luttant pour leur souveraineté bénéficient de l'appui incontestable de ce régime dictatorial. Ils s'infiltrent au sein de l'organisation et sèment la zizanie dans l'opposition politique rwandaise. Tout ce qui est planifié dans l'intérêt de délivrer le peule rwandais du joug oppresseur est dévoilé à la dernière minute aux partisans du FPR.
Si le peuple rwandais veut bel et bien réussir dans son combat pour la démocratie, il faudrait commencer par sauvegarder leurs acquis en pesant le pour et le contre.
Le pour c'est le choix d'un groupe de personnes qui à n'importe quel prix ne faillirait pas à leur noble mission, celle de bien naviguer et de conduire le navire à destination car moindre faux pas on risque de se noyer dans cet océan qui a englouti pas mal de ceux qui nous y ont précédé.
Le contre serait de s'allier à l'ivraie et de ne pouvoir débusquer ces informateurs qui font semblant de lutter contre un régime dont ils sont à la fois partisans. Jouant le double jeu, il est difficile de les dévoiler mais cela demande d'opter pour une autre stratégie et plus de discrétion.
Le régime du FPR n'a jamais cessé d'utiliser cette arme de division pour continuer à régner, le grand problème auquel fait face pour le moment le peuple rwandais est à l'origine des faux leaders qui continuent à semer un sentiment de régionalisme dans l'esprit des gens comme si les conséquences de cette idéologie divisionniste sont oubliées. Ceux qui prêchent ce sentiment négatif au sein de l'opposition, sont poussés par cette individualité forte, insolite et hostile qui n'aime qu'elle – même, n'est docile qu'à elle –même, et soumet tout le reste à ses desseins particuliers alors que le vrai leader fait dans certaines circonstances montre d'un tempérament d'un oubli de soi –même, sentiment animé d'un idéal de fraternité universelle, qui discerne en chaque être humain , si loin qu'il soit loin de lui la grande unité de toutes choses, et en sent la présence.
Le " je veux tout avoir, je vais tout faire et je veux être tout" doit disparaître dans les mœurs et habitudes de ceux qui dirigent l'opposition rwandaise car à en juger par les derniers événements survenus à certains leaders politiques de la diaspora rwandaise il est fort probable qu'il y ait une certaine complicité entre certains hommes hautement placés au niveau des partis d'opposition et les agents du FPR, leur objectif est d'informer l'ennemi dans le but de remplir leur ventre ou dans un contexte d'une lutte entre leaderships. Ce qui apparaît décisif à cet égard, c'est l'estime que l'on porte à ces responsables informateurs, sans qu'aucune considération autre qu'objective ne vienne égarer ce jugement quasi subjectif qu'on a sur eux.
Ce qui me fait de la peine, c'est ce manque de justice et d'amour parmi les hommes qui vivent sur notre planète, cette absence de cohésion entre les peuples qui souffrent afin de se mettre ensemble pour lutter efficacement contre cette force du mal, c'est cette corruption qui fait que les frères s'entretuent et s'entredéchirent pour survivre au dépens des autres.
Le plus déplorable encore, c'est le silence que garde la communauté internationale devant les exactions d'un régime sanguinaire comme celui de Paul Kagame qui massacre les innocents, qui pratique la purification ethnique à l'égard des peuples qui jadis vivaient dans la fraternité. Un pouvoir qui se nourrit du malheur des indigènes, ces malheureux qui souffrent de tous les maux du monde: Injustice, manque de liberté, la carence en alimentation et en médicaments, emprisonnements arbitraires, massacres quotidiens et sélectifs---
Peuple aimant la liberté, il n'est jamais tard de sauver ce peuple martyr. La grande tâche incombe aux leaders de l'opposition et à tout un chacun. Soyons louables de modestie et comptons de prime abord sur notre unité, le reste viendra après.
posté par Jean Mateka,
Berlin, le 23.07.08