Assistance Militaire Américaine au Rwanda et à l'Ouganda
Dans sa livraison du 14 Juillet 1998, Lynn Duke de Washington Post écrit qu'un membre de l'Administration de Clinton, interrogé sur l'assistance militaire massive des Etats Unis au Rwanda, déclarait qu'"il était nécessaire d'établir un régime militaire très puissant dans la région des Grands Lacs pour imposer des solutions militaires aux conflits." L'assistance militaire des Etats Unis à ces deux régimes provient essentiellement du budget spécial du Pentagone. Cette allocation échappe au contrôle du Congrès et du public américain. Elle émane d'une loi votée en 1981 qui accorde au Pentagone des millions de dollars chaque année pour financer les opérations des Forces Spéciales à l'extérieur des Etats Unis. C'est dans ce cadre que Washington a transformé le Rwanda et l'Ouganda en une véritable gendarmerie américaine en Afrique. En dehors de l'approvisionnement en matériel de guerre, le Rwanda et l'Ouganda participent activement aux programmes de formation et assistance militaires suivants: 1. Rapid Intervention Force (RIF) appelé aussi l'African Crisis Response Initiative(ACRI), ce programme a commencé en 1995. Bien que d'autres pays africains y participent, notamment le Sénégal, une importance très particulière est accordée au Rwanda et à l'Ouganda au nom du génocide. Des milliers de soldats et officiers Tutsi prennent part chaque semestre à ces formations militaires assurées par les bérets verts, une unité d'élite de la 3 Division des Forces Spéciales basées à Fort Bragg, en Caroline du Nord. Dans le cadre de ce programme figure également le "Super Rapid Intervention Force", un bataillon d'élite composé uniquement de soldats Américains. Ce groupe de moins de mille personnes est actuellement en cours de formation en Allemagne. Sous la direction du général américain John Jumper, il constitue une machine meurtrière très redoutable. Il est réputé pour sa mobilité exceptionnelle et sa sophistication. Son rôle est d'intervenir en Afrique pour assister les forces locales en cas d'une grande crise et de défendre les intérêts américains quand ils sont menacés. 2. International Military Education and Training (IMET) Ce programme offre une formation militaire très avancé. Historiquement, plusieurs dictateurs militaires du Tiers Monde ainsi que leurs pelotons d'exécution y ont été formés. C'est le cas des tontons macoutes d'Haïti et des brigades sanguinaires du Chili, Argentine et autres pays. Plusieurs officiers Tutsi y sont enrôlés à Fort Bragg et à Fort Leavenwoth dans l'Etat de Kansas. C'est dans le cadre de ce programme que Kagame, alors officier dans l'armée ougandaise, participa à une formation militaire en 1993 en compagnie de plusieurs officiers Ougandais. 3. Joint Combined Exchange Training (JCET). Ce programme tombe sous la supervision de la Marine, l'Armée de terre et la Force aérienne. Le but de cette formation est de permettre aux troupes rwandaises de gagner de l'expertise militaire. Les unités de la 3 et de la 5 Forces Spéciales y prennent part. Plusieurs disciplines militaires sont enseignées, à savoir les techniques de camouflage, la préparation des combats, la mobilité des unités restreintes, l'entretien du matériel de guerre, la navigation nocturne etc... 4. Rwandan Interagency Assessment Team (RIAT) Ce projet fut spécialement conçu pour évaluer l'efficacité de tous les entraînements militaires auxquels participent les soldats et officiers Rwandais dans le but de recommander, en cas de besoin, des solutions pour les améliorer. 5. L'invasion du Congo : selon plusieurs sources concordantes, les Etats Unis apportent un soutien logistique au Rwanda et à l'Ouganda. En effet, d'après « Le Soir », deux jours avant l'invasion du Congo, plusieurs experts militaires américains ont été aperçus à proximité de la frontière du Congo. Par ailleurs, deux bâtiments de guerre américains opéraient au large de Matadi, en servant de relais de communications entre Goma, Kigali et Kitona. Ils dirigeaient également les communications du tour de contrôle de l'aéroport militaire de Kitona. En outre, "des instructeurs américains entraînaient des mercenaires Serbes, Colombiens, Somaliens et Sud Africains dans la localité de Dedia, non loin de l'île d'Idjwi, dans la province du Sud-Kivu".
Les initiatives diplomatiques américaines en faveur des régimes extrémistes de Museveni et Kagame confirment l'existence d'une relation très solide de clientélisme entre le gouvernement américain et ces derniers. En guise d'illustration, on note: 1. Dans le but d'embellir l'image de Museveni et de Kagame, les Etats Unis ainsi que ses alliés occidentaux ne cessent de brandir ces deux extrémistes comme des dirigeants modèles en Afrique, les leaders de la soi-disant "renaissance africaine". Et le voyage de Clinton en Afrique, dont le point le plus culminant a eu lieu en Ouganda, n'avait pour but que de consacrer le nouveau rôle de gendarmes que l'impérialisme américain venait d'assigner à ces deux leaders. 2. Les Etats Unis ont activement milité en faveur de l'impunité de Museveni et de Kagame quant à leur responsabilité dans le génocide des Hutu dans les camps des réfugiés au Congo. En effet, sous pression américaine, la version finale du rapport de l'enquête des Nations Unies à ce sujet a été modifiée pour remplacer le mot "génocide" par "massacre". Par cette action, Washington a voulu préserver l'intégrité morale de ses protégés, car ces derniers utilisent le génocide Tutsi comme justification éthique de leur dictature ethnique. 3. Les Etats Unis sont en train de promouvoir les intérêts du Rwanda et de l'Ouganda auprès des institutions internationales. Par exemple, bien que la Banque Mondiale ait établi la réduction du budget militaire comme condition de base pour l'octroi de l'aide aux pays africains, elle continue, sous la pression américaine, à octroyer des prêts aux régimes ethniques du Rwanda et de l'Ouganda bien que leurs budgets militaires aient augmenté de plus de 400% entre 1995 et 1998. 4. Quant à l'invasion du Congo, des preuves irréfutables existent pour confirmer que les Etats Unis en sont la vraie charnière. Bien qu'il est clairement établi que les troupes rwandaises et ougandaises ont envahi le Congo, et que l'Ouganda soit allé jusqu'à le confirmer avec toute l’arrogance, les Etats Unis n'ont pas dénoncé cette agression. Et au niveau des Nations Unies, suite aux pressions américaines, aucune résolution n'a été votée pour la condamner. Par ailleurs, les Etats Unis, par la voix de Susan Rice, sous-secrétaire d'Etat aux Affaires Africaines, ont ouvertement justifié cette invasion du Congo en soutenant que le Rwanda et l'Ouganda ont des intérêts légitimes de sécurité qui justifient leur agression. On se rappelle également comment Bill Clinton a précipitamment dépêché Howard Wolfe en Afrique, pendant la débâcle du front de l'ouest, non pour demander aux agresseurs de se retirer, mais plutôt pour contraindre l'Angola et la Namibie d'arrêter leur soutien au gouvernement congolais, pourtant victime de cette agression. En outre, selon le journal zimbabwéen, Herald, Madeleine Albright, la Secrétaire d'Etat américain, a elle-même ordonné à l'ambassadeur des Etats Unis à Harare d'intervenir auprès des autorités de Zimbabwe pour obtenir un sauf-conduit pour que l'unité d'élite de l'armée ougandaise, formée par les Américains, puisse sortir du Congo.
Source : Wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Kagame
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