« Le fait que le Rwanda occupe un siège au Conseil de Sécurité à partir de demain est extrêmement inhabituel et problématique puisque le Rwanda a été accusé à plusieurs reprises par le rapport des experts de l’ONU d’avoir soutenu et armé un mouvement rebelle le M23 dans l’est de la RDC qui commet des violations extrêmement graves des droits de l’homme » a déclaré le 31 décembre 2012 à la RFI Philippe Bolopion, directeur de Human Rights Watch auprès des Nations unies.
En effet, à partir 1er janvier 2013, le Rwanda occupera officiellement un des sièges africains des Nations unies en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité pour un mandat de deux ans. Pourtant, le pays a été cité à plusieurs reprises, notamment par un rapport de l’ONU, comme étant le principal soutien en armes et en hommes aux rebelles du M23 qui sévissent dans l’est de la RDC et y commettent des atrocités. Le directeur de l’ONG Human Rights Watch auprès des Nations unies invite le Conseil à se montrer ferme vis-à-vis du Rwanda d’autant plus que « le Rwanda va être en position de prendre des décisions cruciales pour l’avenir du Congo, le pays qu’il est accusé de déstabiliser ». Philippe Bolopion appelle les autres pays du conseil de sécurité à « envoyer un message très fort au Rwanda dès qu’il arrivera au conseil en sanctionnant les hauts responsables rwandais qui sont accusés d’avoir soutenu le M23 et de continuer à le faire ». Ces responsables mis en cause par le rapport des Nations Unies publié en juin dernier sont entre autre le ministre rwandais de la Défense, le général James Kabarebe qui est accusé d’être à la tête du commandement de M23. Le soutien du Rwanda aux rebelles de M23 à l’est du Congo a poussé plusieurs principaux donateurs de ce pays parmi lesquels le Royaume-Uni, l’Allemagne et les Pays-Bas, à couper une partie de leur aide , privant ainsi le pays des mille collines d’une partie substantielle de son aide au développement dont il dépend pour près de la moitié de son budget national.
Dans une allocution prononcée devant le corps diplomatique et les principaux dignitaires de son régime ce 31 décembre 2012, le numéro 1rwandais, Paul Kagame, a déclaré que ce gel des aides extérieurs avait engendré un ralentissement considérable de l’économie du pays, tout en estimant que la crise mondiale avait aussi joué un rôle dans cet essoufflement de l’économie Rwandaise.
Human Rights Watch avait affiché sa déception lors de l’élection le 18 octobre 2012 du Rwanda en tant que membre non-permanent du Conseil de sécurité pour les deux prochaines années. « Le Rwanda n’est pas crédible pour occuper maintenant ce siège à cause de son soutien aux rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) en guerre contre la RDC, […] Nous estimons que c’est un conflit d’intérêt d’avoir un pays à la table du Conseil de sécurité qui a ouvertement violé l’embargo sur les armes imposé par les Nations Unies et qui est en train de soutenir une rébellion dans un pays voisin et qui est responsable des crimes de guerre dirigés par Bosco Ntaganda recherché par la CPI », avait déclaré à Radio Okapi Ida Sawyer, chercheuse à Human Rights Watch le lendemain de l’élection du Rwanda au Conseil de sécurité, et a ajouté que . « La présence du Rwanda à ce siège aura un impact négatif sur les populations congolaises victimes de la guerre à l’Est de la RDC », puisque le « Rwanda sera maintenant en mesure de bloquer les sanctions impliquant les officiels rwandais et d’autres initiatives dans la recherche de la paix en RDC ».
Jean Mitari
Jambonews.net