Le Burundi menace d’expulser des membres de HCR et CICR

Le président burundais, Domitien NDAYIZEYE, a menacé mardi d’expulsion des membres d’organisations internationales qu’il a accusés d’éloigner clandestinement de la frontière avec le Rwanda des Rwandais fuyant au Burundi la justice des « gacaca » mise en place dans leur pays.

Il a notamment cité le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), qui n’étaient pas joignables dans l’immédiat pour commenter ces accusations.

« On dit que la Croix-Rouge (CICR) et le HCR continueraient de transporter ces Rwandais vers les provinces de Muyinga et de Cankuzo (dans l’Est du Burundi), et cela dans un pays qui a des autorités. C’est inadmissible », a déclaré M. NDAYIZEYE à Bujumbura.

« Si vous attrapez des gens qui sont en train de les transférer, je vais donner aux responsables de tels désordres 24 heures » pour quitter le Burundi, a-t-il lancé, en s’adressant en kirundi (langue nationale) aux plus hauts responsables de l’armée. Les accusations du président burundais n’ont pas été confirmées de source indépendante.

Plusieurs milliers de Rwandais de la majorité hutue ont fui depuis début avril au Burundi « par peur des gacaca », les juridictions populaires chargées de juger les exécutants présumés du génocide de 1994. Ces Rwandais, qui sont actuellement entre 7.000 et 8.600 sur le territoire burundais selon les estimations, fuient également à cause de « rumeurs de massacres », selon le HCR.

Le Burundi avait dans un premier temps commencé à transférer ces Hutus rwandais loin de la frontière commune avec leur pays d’origine, avant de cesser quelques jours après. Lors d’une réunion avec les autorités rwandaises fin avril, Bujumbura s’était finalement engagé à ne pas accorder le statut de réfugiés à ces Rwandais.

Une « campagne de sensibilisation au retour » organisée par des comités mixtes rwando-burundais a alors été lancée. Selon l’administration burundaise, au moins 3.600 Rwandais avaient regagné leur pays au 13 mai à la suite de cette campagne.

Mais dans les jours qui ont suivi, le HCR a constaté un nouvel « afflux massif » de Rwandais au Burundi, de nombreux nouveaux arrivants faisant partie de ceux qu’on venait de rapatrier.

Mardi, le ministre burundais de la Défense, le général Vincent NIYUNGEKO, a déclaré qu’il y avait actuellement sur le territoire burundais 8.599 Rwandais fuyant notamment les gacaca.

Le HCR avait fait part le 13 mai de sa « préoccupation » à la suite de cas d’intimidation et de violence dont auraient été victimes ces personnes, pour qu’elles rentrent dans leur pays.

« Nous sommes dans une période politique très délicate, nous avons des problèmes de terres, nous avons des problèmes de famine dans plusieurs régions », a estimé M. NDAYIZEYE. « C’est pourquoi je dis avec force que tout doit être fait pour que ces gens retournent au Rwanda, de manière volontaire, mais ces gens doivent rentrer », a-t-il ajouté. (Source AFP)

24/05/05