Amnesty international dénonce la présence rwandaise dans l'est de la RDC

 

KINSHASA, 24 oct (AFP) - La secrétaire générale d'Amnesty International (AI), Irène Khan, a dénoncé vendredi à Kinshasa la présence de soldats rwandais dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC).

"Il y a encore des acteurs rwandais sur le terrain", a déclaré Mme Khan, au cours d'une conférence de presse, au terme d'une mission de sept jours dans l'est de la RDC.

Mme Khan - qui s'est rendue dans les provinces du Sud et du Nord-Kivu (est) ainsi qu'en Ouganda et au Rwanda - a précisé que des soldats rwandais étaient toujours présents à Uvira et à Bukavu (Sud-Kivu) ainsi qu'à Lubero dans le Nord-Kivu, se basant sur un "récent rapport" de son organisme.

Amnesty international, a indiqué Mme Khan, prend en compte les dimensions régionales du conflit en RDC, affirmant avoir discuté la question avec les présidents rwandais Paul Kagame et ougandais Yoweri Museveni lors de sa visite dans leurs pays respectifs.

"Kigali et Kampala doivent prendre des mesures immédiates pour traduire dans les faits leurs promesses d'en finir avec le soutien continu qu'ils ont fourni aux groupes armés...", a-t-elle affirmé.

Le 20 octobre, le ministre rwandais des Affaires étrangères, Charles Murigande, a déclaré lors d'une visite à Kinshasa qu'il n'y avait plus de soldat rwandais en RDC depuis octobre 2002, mettant quiconque au défi de trouver un seul homme de l'APR (Armée patriotique rwandaise) sur le territoire congolais.

M. Murigande avait rejeté les affirmations d'observateurs du Nord-Kivu (est) selon lesquels plusieurs milliers de soldats de l'APR étaient concentrés dans le district de Rutshuru à la convergence des frontières ougandaises et rwandaises.

A Kinshasa, Mme Khan s'est entretenue avec les vice-présidents Azarias Ruberwa et Jean-Pierre Bemba dont les ex-mouvements rebelles - le Rassemblement congolais pour la démocratie et le Mouvement de Libération du Congo - qui participent au gouvernement de transition en RDC, ont bénéficié du soutien militaire de l'Ouganda et du Rwanda.

La secrétaire générale d'AI - arrivée mercredi à Kinshasa - a demandé aux dirigeants congolais d'accélerer le processus de la réunification de l'armée et de la police pour assurer et renforcer la sécurité dans le pays.

Elle a soutenu que le vrai défi pour la RDC - pays qui sort d'un conflit armé de cinq ans - se trouve non pas dans l'organisation des élections prévues dans deux ans mais plutôt dans le rétablissement de l'autorité de l'Etat sur l'ensemble du territoire national.

"Amnesty insiste sur le fait que le vrai défi qui attend le processus politique en RDC est dans la volonté et la capacité du gouvernement à maîtriser les éléments armés, à mettre fin aux violations des droits humains, à mettre un terme à l'impunité, et à entreprendre une réforme fondamentale de l'armée, de la police et du système judiciaire", a-t-elle conclu.