CENTRE
DE LUTTE CONTRE L’IMPUNITE
ET
L’INJUSTICE AU RWANDA
BP 141 Bruxelles 3
Bruxelles, le 17 février 2006.
10 30
BRUXELLES
- Tél/Fax:32.81/60.11.13
GSM: 0476.701.569
Lettre
ouverte à la délégation de l’Union des Etudiants Juifs de France qui
visite le Rwanda du 14 au 21 février 2006.
Le Centre de
Lutte contre l’Impunité et l’Injustice au Rwanda (CLIIR)* saisit cette
occasion pour remercier les membres de la délégation de l’UEJF (Union des
Etudiants Juifs de France) pour leur visite aux rescapés du génocide
rwandais. Ils en ont bien besoin.
En effet,
l’UEJF a annoncé un voyage au Rwanda du 14 au 21 février pour faire
« dialoguer les mémoires »,
avec une quarantaine de personnes dont cinq rescapés du génocide tutsi et
des personnalités comme la députée Christiane Taubira ou le président de
SOS Racisme Dominique Sopo. Le voyage a pour but de découvrir l’histoire du
génocide tutsi de 1994 et d’aider les étudiants rwandais à construire et
transmettre leur mémoire, a expliqué à la presse le président de l’UEJF
Benjamin Abtan qui a déclaré entre autres : « J’entends
trop souvent dire que l’on parle trop de la Shoah et pas assez de
l’esclavage et du colonialisme, c’est une phrase insupportable ».
La délégation assistera à des tribunaux populaires GACACA et rencontrera
notamment des étudiants rescapés ainsi que le procureur général de Kigali
Jean de Dieu MUCYO.
Ce
voyage d’étude a pour objectif de faire le pont entre
juifs et Tutsi et mettre les mémoires en dialogue.
L’initiative de l’UEJF vise à donner une nouvelle
forme à la comparaison entre les souffrances qui marquent le dialogue entre
juifs et noirs en France ainsi que l’échange entre leurs cultures. La délégation
rencontrera à Kigali, des professeurs d’université, le procureur général,
les représentants de l’association des veuves du génocide, l’association
des Etudiants servants du génocide. Le programme inclut la visite aux mémoriaux
de Kigali et Butare, des hommages aux victimes, des films sur l’Holocauste
et le génocide rwandais. En avril, les étudiants organiseront une exposition
sur
la Shoah
au Rwanda. Une fois de retour en France, les étudiants organiseront des conférences
dans leurs universités.
Cette
visite devra tenir compte des obstacles suivants tels qu’ils ont été
relevés par notre organisation : le Rwanda, considéré longtemps comme
le pays des Mille collines, est devenu malheureusement le pays des mille
problèmes:
-
Le pays des milles fosses communes et des mille
sites crématoires qui ont vu partir en fumée des centaines de milliers de
cadavres de civils Hutu massacrés par les milices et les troupes Tutsi du président
rwandais Paul Kagame ; le pays où les victimes sont discriminées selon
l’ethnie et où seuls les rescapés tutsi sont autorisés à commémorer
leurs morts dans le sens imposé par le régime qui exploite le génocide
comme un « fond de commerce »
inépuisable. Le royaume de l’impunité assurée aux génocidaires Tutsi qui
prétendent « avoir arrêté » le génocide alors qu’ils y ont
participé ;
-
Le pays des mille mensonges ou « l’art
de mentir » est devenu « une
qualité » et un « nouveau
mode de vie » imposés à toute une population de rescapés Hutu et
Tutsi terrorisés, opprimés et muselés par la junte militaire au pouvoir. Le
pays des mille « syndicats de délateurs » qui sévissent dans les
tribunaux ordinaires et dans les tribunaux « dits populaires »
GACACA qui ont été détournés de leur objectif.
-
Le pays des milles complots et mille trahisons
qui découlent de la « culture du
complot » renforcée par la mentalité politique machiavélique et
maffieuse du président rwandais, le Général Paul KAGAME, qui a dirigé en
Uganda, la triste maison de torture « BASIMA HOUSE », lorsqu’il
était directeur des services de renseignements militaires du président
Yoweri Kaguta MUSEVENI. Vous serez renseigné en consultant les rapports des
organisations des droits humains de 1986 à 1990 qui dénonçaient les
assassinats et les disparitions des opposants ougandais à cette époque. Le
complot le plus récent concerne l’emprisonnement arbitraire de son prédécesseur,
l’ancien président de la République rwandaise, Monsieur Pasteur BIZIMUNGU,
qui est entrain d’agonir dans la prison centrale de Kigali où il subit des
conditions dégradantes et inhumaines qui caractérisent les prisons mouroirs
du Rwanda.
-
Le pays où des rescapés tutsi ont été entraînés
à commettre des crimes de génocide et à devenir ainsi des criminels à leur
tour. Le pays où certains rescapés tutsi participent de gré ou de force à
la « délation institutionnalisée » au plus haut niveau de l’Etat ;
-
Le pays où les troupes gouvernementales
pourchassent et massacrent des réfugiés rwandais qui sont sensés se trouver
sous la protection de l’ONU toujours défaillante et incapable de protéger
ceux qui sont en danger de mort : plus de 8.000 déplacés de guerre tués
à Kibeho en avril 1995 et plus de 200.000 tués et portés disparus dans
l’ex-Zaïre (RDC) entre octobre 1996 et mai 1997.
-
Le pays des mille injustices où des détenus
innocents croupissent dans les prisons mouroirs depuis plus de 11 ans. Le pays
où les droits humains et les libertés publiques sont violés en toute
impunité par les chefs militaires et politiques du FPR ;
-
Le pays dirigé d’une main fer par le Chef d’Etat
terroriste et sanguinaire impliqué, avec sa junte militaire, dans des crimes
de génocide, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité au
Rwanda et en RDC. Cette junte militaire ainsi que de nombreux cadres
politiques et militaires du Front patriotique Rwandais (FPR) s’assurent
l’impunité par la terreur et la mise en place des lois liberticides ;
-
Le pays des milles prisons et centres de torture
où les personnes intègres, les intellectuels, les journalistes sont assassinés,
emprisonnés ou forcés de s’exiler ; le pays où les libertés
d’association et d’_expression sont violées quotidiennement ; le
pays où tout espace de dialogue franc est interdit par la junte militaire et
où il est interdit de critiquer la mauvaise gestion du pouvoir ;
-
Le pays où des commissions parlementaires, créées
et manipulées par la junte militaire au pouvoir, se lancent dans des
campagnes de délation et de diffamation contre des leaders de la société
civile, des religieux et des opposants politiques réels ou supposés ;
-
Enfin, le pays où le génocide est savamment
exploité, par des chefs militaires et politiques, pour des intérêts
sociopolitiques, socio-économiques et géopolitiques par les grandes
puissances qui ont décidé de piller, par mercenaires noirs interposés, les
richesses et les immenses ressources naturelles de la RDC.
En outre, le Centre de Lutte contre l’Impunité
et l’Injustice au Rwanda tient à attirer l’attention des membres de la délégation
de l’UEJF sur les points suivants :
·
Entre avril et juillet
1994, le génocide rwandais a frappé simultanément les Hutu et les Tutsi. En
effet, les deux blocs de belligérants Hutu et Tutsi, qui se battaient pour
garder ou prendre le pouvoir, ont rivalisé dans les massacres de civils
innocents. En effet, chaque bloc a exterminé le maximum des membres de
l’ethnie rivale qu’il considérait comme ses adversaires politiques. On
ne peut pas comparer le génocide rwandais et la Shoah
car les juifs n’ont jamais occupé
l’Allemagne, gouverné ou attaqué les allemands ni avant, pendant ou après
la guerre 1940-1945. Les rebelles tutsi sont des descendants des anciens
privilégiés sous la monarchie tutsi qui opprimait les masses paysannes avant
la révolution de 1959. Il y a donc des antécédents sociopolitiques, socio-économiques
et des contentieux juridiques lourds dans le passé.
·
Depuis
sa création le 8 novembre 1995, le Tribunal Pénal International pour le
Rwanda (TPIR) n’a pas encore arrêté un seul génocidaire tutsi du FPR. La
procureure du TPIR, Madame Carla Del Ponte, qui avait clôturé trois dossiers
sur les crimes de génocide commis par le FPR (à savoir les massacres des
milliers de civils Hutu en commune GITI (province Byumba au nord), les
massacres de KABUTARE (province Butare au sud) ainsi que le massacre de trois
évêques catholiques et plusieurs prêtres à GAKURAZO (diocèse de Kabgayi),
a été écartée et remplacée par le nouveau procureur gambien, Monsieur
Hassan Boubacar Jallow. Avec la complicité criminelle de leurs parrains américains,
britanniques, canadiens, belges, … les génocidaires Tutsi du FPR continuent
de s’assurer l’impunité grâce au chantage permanent qu’ils exercent
sur le TPIR, sur les rescapés hutu et tutsi et sur la communauté
internationale.
Si,
depuis 1995, l’ONU avait ordonné l’arrestation des criminels du FPR qui
contrôlent et paralysent toutes les institutions officielles de l’Etat
rwandais (gouvernement, parlement, sénat et magistrature), le Rwanda serait
très avancé sur le plan de la démocratie, du respect des droits humains et
du développement durable. Pour échapper à la mort, à la persécution ou à
la prison, les leaders de la Société Civile et les journalistes indépendants,
les religieux, les magistrats honnêtes et courageux, les fonctionnaires et
les intellectuels Hutu sont contraints de s’exiler ou de se soumettre en
attendant une occasion pour fuir leur pays. Pour illustrer la paralysie et
l’épuration ethnique de la magistrature rwandaise, nous reprenons
l’analyse de l’ancien Président du Conseil d’Etat du Rwanda (sous le régime
FPR), feu Monsieur Alype NKUNDIYAREMYE, qui est décédé dans son exil à
Bruxelles le 26 novembre 1999. Il avait dénoncé cette justice du vainqueur
sur le vaincu dans les termes suivants :« La
justice pour la répression des crimes contre le Droit des Gens, notamment le
crime de génocide, les crimes de guerre et les autres crimes contre l’Humanité,
déborde le cadre de compétences souveraines d’un Etat déterminé.
La
pertinence de cette logique n’est plus à démontrer. En effet, après la
deuxième guerre mondiale (1939-1945), il
n’a pas été toléré que les allemands NAZI puissent être jugés par les
juifs. Maintenant aussi les kosovares ne peuvent pas être autorisés à juger
les serbes, alors que les deux peuples victimes ne sont pas
accusés eux aussi d'avoir commis des crimes contre le Droit
des Gens. En revanche, au Rwanda, les tutsi, victimes du génocide de
1994, et de surcroît, contre toute logique, grands gagnants de la guerre
qu’ils ont déclenché le 1er octobre 1990, sont entrain de juger les hutu
qu’ils présentent comme étant les bourreaux des leurs.
La
justice du vainqueur sur le vaincu,
administrée dans le cadre de la répression des crimes contre l’ordre
public international, constitue une
faute grave pour les gestionnaires de cet ordre même, surtout quand elle
devient un amalgame de plusieurs aspects inconciliables: propagandes
politiques, esprits revanchards
pour honorer la mémoire des parents humiliés politiquement et militairement
à un certain moment de l’histoire, constitutions d’alliances et des
lobbies.
Vu
la complaisance ou la complicité des puissances occidentales face à la mort
de plus de 3.500.000 de congolais, nous craignons que le génocide rwandais
ait été programmé par ceux qui autorisent aujourd’hui l’occupation et
le pillage des richesses de la République Démocratique du Congo (RDC). Ainsi
le génocide rwandais semble constituer un très bon prétexte pour
s’emparer des richesses de la RDC puisque le général Paul KAGAME, appuyé
par ses parrains occidentaux, occupe et pille la RDC grâce à son éternel
fond de commerce qu’est devenu le génocide qu’il a provoqué lui-même.
D’après l’enquête du juge antiterroriste français, Jean Louis BRUGUIERE,
« le Général Paul KAGAME
et actuel chef de l’Etat rwandais, est désigné comme le principal décisionnaire
de l’attentat terroriste du 6 avril 1994, en tête d’une liste de dix
officiers supérieurs du FPR et de deux « servants des missiles sol-air »
tirés sur l’avion présidentiel, qui y sont également identifiés. Or
le génocide rwandais a été rendu possible par la combinaison de trois
crimes tous commis par les rebelles tutsi du FPR à savoir :
- La
guerre déclenchée par les rebelles tutsi du FPR à partir du 1/10/1990 ;
- Le
déplacement massif de plus d’un million de citoyens rwandais (à majorité
hutu) ainsi que la cruauté, qui a caractérisé les massacres de civils
hutu commis entre 1990 et 1994 par les rebelles tutsi du FPR, telle
qu’elle a été décrite par le Lieutenant Abdul RUZIBIZA dans son témoignage
du 14 mars 2004 et dans son livre «Rwanda : l’Histoire secrète »
publié en octobre 2005 à Paris aux éditions Panama ;
- L’attentat
terroriste contre l’avion présidentiel qui a causé la mort de deux présidents
Hutu, celui du Rwanda, Habyarimana Juvénal et celui du Burundi, Cyprien
Ntaryamira ainsi que la mort de leurs proches collaborateurs le 6 avril
1994.
Si
les grandes puissances avaient empêché une guerre inutile contre le Rwanda,
l’invasion, l’occupation militaire et le pillage des ressources minières
de l’ex-Zaïre (actuel République Démocratique du Congo) par les
dictateurs rwandais (KAGAME Paul), ougandais (Yoweri Kaguta MUSEVENI) et
burundais (BUYOYA), l’Afrique des grands lacs aurait fait l’économie de
ce bilan macabre qui ne cesse de s’alourdir, à savoir :
- Près
de 100.000 hutu massacrés entre octobre 1990 et février 1993 par les
rebelles Tutsi, appuyés par l’armée ougandaise (NRA) dans le nord du
Rwanda (préfectures de Byumba et de Ruhengeri). Entre temps, en guise de
représailles, les extrémistes Hutu ont massacré des centaines de civils
tutsis à Gisenyi, Ruhengeri, Kibuye, Bugesera.
- Près
800.000 Tutsi et Hutu victimes des massacres attribués à des extrémistes
hutu entre avril et juillet 1994 ;
- Plus
de 2,5 millions de civils Hutu victimes des massacres attribués aux extrémistes
Tutsi du FPR depuis octobre 1990 jusqu’en 2005 dont 8000 tués au camps de
Kibeho.
- Quatre
Chefs d’Etats et leurs proches collaborateurs, six Evêques catholiques et
des centaines de religieux ont été assassinés dans la sous-région en
l’espace de 8 ans ;
- L’Armée
Patriotique Rwandaise (APR) a aussi massacré des populations civiles
congolaises sans défense durant la guerre de conquête et de pillage des
ressources minières de
la RDC. Selon
les rapports de l’ONU
et des organisations internationales humanitaires, plus de 3,5 millions de
congolais ont été massacrés impunément en l’espace de sept ans.
- Les
Réfugiés Hutu qui ont fui à l’étranger sont poursuivis à tort ou à
raison dans leurs pays d’accueil. D’autres ont été massacrés dans les
camps de réfugiés qui étaient installés dans les pays voisins. Parmi
elles, plus de 200.000 réfugiés Hutu massacrés en République Démocratiques
du Congo et ces crimes ont été qualifiés d’actes de génocide par les
différentes commissions d’enquête (ONU et ONG). Beaucoup de réfugiés
Hutu ont été contraints à un retour forcé, sans aucune garantie de sécurité
et certains ont été massacrés (plus de 250.000 Hutu massacrés dans les
deux préfectures de Ruhengeri et Gisenyi pendant la guerre civile attribuée
aux rebelles Hutu). Plusieurs dizaines de milliers de réfugiés rapatriés
ont été persécutés quotidiennement et emprisonnés arbitrairement depuis
leur retour fin1996.
La Convention
de Genève sur les réfugiés
continue d’être foulée aux pieds dans le cas des Rwandais puisque les
rescapés de ces massacres ont été poursuivis partout ; et même
jusqu’aujourd’hui la traque à l’homme continue dans tous les pays
d’accueil avec la complicité du Haut Commissariat des Nations Unies aux Réfugiés
(HCR) et la complaisance de
la Communauté
internationale
(Tanzanie, Malawi, Zambie, RDC, Burundi, RCA, etc.)
- D’après
le témoignage crédible d’un officier du FPR, le
Lieutenant Abdul Joshua RUZIBIZA, publié sous forme d’un livre de 494
pages intitulé « Rwanda :
L’histoire secrète »,
nous pouvons reconnaître publiquement le GENOCIDE DES HUTU du Rwanda par le
FPR. En effet, les stratégies utilisées par les bourreaux du FPR et les
massacres systématiques et planifiés par des unités militaires du FPR
confirment que les civils Hutu ont été victimes d’un génocide planifié
selon les termes de la Convention
pour la prévention et la répression du crime de génocide adoptée par
l’Assemblée générale de l’ONU le 9 décembre 1948. Un extrait de
ce témoignage confirme ce génocide des Hutu du Rwanda à la page 335 :
« La tâche de massacrer systématiquement
la population était attribuée à une catégorie de militaires bien choisis
et formés spécialement sous la supervision de bourreaux qui exerçaient en
qualité d’officiers de renseignement, de personnels de renseignement
(Intelligence Officer/Intelligence Staff) ou de commissaires politiques dans
l’armée (Political Commissar).
Cela n’empêchait pas que les spécialistes des tueries fassent parfois
appel à une compagnie pour les épauler dans les opérations
d’enterrement, de chargement, d’incinération ou de dissimulation des
corps. Tout dépendait de l’importance du nombre de gens tués ou devant
être tués. Parfois on faisait appel à plusieurs compagnies. Mais de
telles interventions étaient d’autant plus rares que chaque unité
militaire avait sa propre compagnie spéciale ou son propre peloton spécial.
Une compagnie de ce genre comptait souvent plus de 200 hommes et un peloton
de plus de 100 hommes, opérant sous la supervision des IO (Intelligence
Officers) des PC (Political Commissars)…
« la première phase des
massacres de la population, orchestrés par l’APR après la prise du
pouvoir par le FPR a concrètement débuté au mois de juillet 1994 pour
continuer jusque fin 1996. La plupart des Hutus ont cru qu’il s’agissait
de vengeances. Pourtant les massacres étaient planifiés. Les populations
hutues ont été décimées sur ordre des hauts militaires de l’APR. Les
instances militaires ont vu leur tâche facilitée par un service spécialisé
de renseignement oeuvrant au sein d’autres services de renseignement »…RUZIBIZA
confirme à la page 337 : « Au
niveau des services de la DMI (Directorate of Military Intelligence) ou
de la G2 Army, les affaires traitées avaient une autre envergure. Il y
avait des sections au sein de la DMI qui étaient chargées de trier les
personnes à assassiner, de les emmener sur le lieu d’exécution et de
dissimuler toutes les traces. En sus, comme la DMI compte beaucoup
d’agents dans chaque unité de l’APR, sélectionner, capturer, tuer et
dissimuler les traces, tout cela était fait par des agents disséminés ici
et là dans le pays »…
Considérant
tout ce bilan macabre que nous venons d’énumérer, nous vous recommandons
de vous méfier des discours mielleux que les autorités rwandaises ne
manqueront pas de vous faire. Elles ont été choisies et bien entraînées
pour le faire. Nous vous demandons également de prodiguer des conseils utiles
aux rescapés tutsi et hutu afin qu’ils s’abstiennent de sombrer dans la délation
institutionnalisée au plus haut niveau de l’Etat. Les rescapés tutsi
doivent se désolidariser de la « machine
à tuer » qu’est devenue la DMI (Directorate of Military
Intelligence) qui assassine, terrorise, contrôle et paralyse le
fonctionnement des tribunaux ordinaires et les tribunaux « dits
populaires » GACACA (voir notre
Communiqué n°80/2005 du 18 mars 2005 intitulé «Les
tribunaux GACACA sont détournés, contrôlés et paralysés par les chefs
militaires et politiques du FPR impliqués dans le génocide rwandais ».
Nous annexons à la
présente lettre ouverte nos derniers communiqués qui vous permettront
d’apprécier l’ampleur des violations massives des droits humains qui
s’y commettent et le sort réservé aux nombreux héros du génocide
assassinés, emprisonnés ou forcés de s’exiler depuis des années. Si vous
en avez l’audace, vous pouvez également demander aux chefs militaires et
politiques du FPR, qui ont trempé dans les crimes de génocide contre des
civils hutu innocents, de passer aux aveux et de se livrer au TPIR d’Arusha
comme ils ne cessent de le demander aux détenus qui croupissent dans les
prisons sans aucun dossier judiciaire.
Espérant que
vous aurez l’honnêteté intellectuelle de donner des conseils utiles
susceptibles de favoriser la tolérance et la reconnaissance mutuelle des
souffrances de tous les rescapés rwandais (tutsi et hutu), nous vous
remercions vivement et vous prions d’agréer l’assurance de nos
salutations les meilleures.
Pour le
Centre, MATATA Joseph, Coordinateur.
Copie
pour information à :
Madame
Simone Veil, présidente de la Fondation pour la mémoire de la Shoah
Monsieur
Bernard Kouchner, membre du comité de parrainage
Le président
du comité français pour Yad Vashem, Richard Prasquier
Monsieur le
Maire de Paris.
Monsieur
Dominique Sopo, Président de SOS Racisme
Monsieur
Gaston Kelman, auteur de « Je
suis noir et je n’aime pas le manioc »
Monsieur
Suad Belhaddad,
CLIIR* :
Le Centre de Lutte contre l’Impunité et l’Injustice au Rwanda est une
association de défense des droits humains basée en Belgique, créée le 18
août 1995. Ses membres sont des militants des droits humains de longue date.
Certains ont été actifs au sein d’associations rwandaises de défense des
droits humains et ont participé à l’enquête CLADHO/Kanyarwanda sur le génocide
de 1994. Lorsqu’ils ont commencé à enquêter sur les crimes du régime
rwandais actuel, ils ont subi des menaces et ont été contraints de
s’exiler à l’étranger où ils poursuivent leur engagement en faveur des
droits humains.
Centre de Lutte contre l'Impunité
et l'Injustice au Rwanda (CLIIR)
BP. 141 Bruxelles 3
1030 BRUXELLES-Belgique
Tél/Fax: 32.81.60.11.13
GSM: 32.476.70.15.69