Marie-Rose Habyarimana
Gatineau, le 19 mars 2004
Édition du
mardi 23 mars 2004
Monsieur Taïeb Chérif, Secrétaire général de l'OACI,
En date du 6 avril 1994, à 20h30, l'avion présidentiel
Falcon 50 qui transportait mon père, feu le président Juvénal Habyarimana,
son homologue burundais, le président Cyprien Ntaryamira, leurs délégations
respectives, ainsi que les trois membres de l'équipage français, se faisait
abattre par un missile sol-air alors qu'il était en phase d'atterrissage sur
l'aéroport international de Kigali. Tous les occupants de l'avion ont péri
dans cet attentat.
En tant que fille du président assassiné et citoyenne canadienne, et au nom
de toute ma famille, je réclame auprès de votre haute autorité, la conduite
d'une enquête par l'OACI, pour faire la lumière sur les auteurs de cet
attentat, comme votre organisation le fait dans toutes les situations de
crashs, qu'ils soient accidentels ou provoqués par des motifs criminels. Qui
plus est, le juge français Jean-Louis Bruguière vient de terminer son enquête
sur l'attentat. Les informations ainsi recueillies aideront sûrement l'OACI
à élucider enfin ce crime et à en trouver les auteurs.
Il va sans dire que l'attentat contre l'avion de mon père a non seulement été
motivé par des intentions terroristes, mais il a aussi plongé le Rwanda dans
une tragédie sans précédent qu'il n'est nul besoin d'élaborer dans la présente.
Et il est désolant de constater que 10 ans viennent de s'écouler sans
qu'aucune enquête internationale n'ait été menée.
Il est du ressort et du devoir de l'OACI d'enquêter sur cet
ignoble attentat, d'autant plus que l'ONU a annoncé, le 15 mars dernier,
qu'un représentant de l'OACI participerait à l'analyse de la boîte noire du
Falcon 50 trouvée à l'ONU à la suite des révélations du juge Bruguière.
Une enquête en profondeur s'impose pour que justice soit
faite pour les familles des victimes et pour le peuple rwandais dont la réconciliation
et la paix durable resteront toujours illusoires tant que l'assassinat du président
ne sera pas élucidé.
Dans l'espoir d'une réaction positive à la présente, je
vous prie de croire, Monsieur le Secrétaire général, en mon entière
collaboration et en celle de ma famille, et d'agréer l'_expression de ma très
haute considération.
http://www.ledevoir.com/2004/03/23/50464.html