Le juge Bruguière est sur le point de rendre son
rapport sur le génocide rwandais.
C'EST LE CHEF DES TUTSI QUI A ALLUME LA MECHE
Le Rwanda s'apprête à commémorer
les dix ans du génocide qui, au printemps 1994, a
fait près d'un million de morts. Au même moment,
le juge Bruguière termine son enquête sur
l'attentat perpétré en 1994 contre le chef d'Etat
rwandais Habyarimana. Elle accable des membres du
Front patriotique rwandais de Paul Kagame.
roger de diesbach, ron hochuli
Alors que le Rwanda s'apprête à
marquer le dixième anniversaire du génocide qui a
fait près d'un million de morts parmi les
populations tutsi et hutu modérées, le juge français
Jean-Louis Bruguière termine son enquête. Sa
conclusion? Ce sont des membres du Front
patriotique rwandais de Paul Kagame, l'actuel président
du Pays des Mille collines, qui ont mis en oeuvre
l'attentat du 6 avril 1994 contre l'avion des présidents
rwandais et burundais, tous deux Hutu. Ce, sous le
haut commandement de Paul Kagame qui agissait avec
la complicité du président ougandais Yoweri
Museveni.
Il ne s'agit donc aucunement de
blanchir les génocidaires hutu. Mais de pointer du
doigt ceux qui ont allumé la mèche. Ceux qui ont
provoqué l'étincelle qui a embrasé le Pays des
Mille collines de manière effroyable au printemps
1994.
des milliers de pages
Le juge Bruguière enquête depuis
mars 1998 sur le crash de l'avion qui, le 6 avril
1994 à 20 h 25, abattu par un missile,
s'est écrasé près de Kigali provoquant la mort du
président rwandais Juvenal Habyarimana et de son
homologue burundais Cyprien Ntaryamira - tous deux
Hutu.
Mandaté par la veuve du copilote français également
décédé dans le crash, le juge Bruguière a reçu
les conclusions de ses enquêteurs à la fin
janvier. En ressort un document de plusieurs
milliers de pages, qui comporte le fruit
d'investigations menées sur le plan international,
et notamment en Suisse. Ce rapport devrait être
remis prochainement au procureur de la république.
paris sous pression
Depuis que les milieux qui s'intéressent
au génocide rwandais - à la fois en Afrique et
dans les pays occidentaux - ont appris que
Jean-Louis Bruguière arrivait au terme de son enquête,
l'information s'est répandue comme une traînée de
poudre, vu son importance.
Problème: ce rapport s'achève au moment même où
le président Kagame, le FPR et l'ensemble du Rwanda
et de ses alliés africains s'apprêtent à célébrer
le dixième anniversaire du génocide. Il y a donc,
du Rwanda à l'Afrique et aux Etats-Unis en passant
par l'Europe, de multiples tentatives visant à bâillonner
le juge Bruguière et son rapport.
Selon des milieux bien informés, si le président
sud-africain Thabo Mbeki (grand allié de Paul
Kagame) s'est rendu dernièrement à Paris, c'était
afin de faire interdire ou ajourner la publication
du Rapport Bruguière. Le responsable d'une grande
organisation non gouvernementale: «A ma
connaissance, il en a parlé directement avec le président
Chirac.»
En réalité, les conclusions auxquelles aurait
abouti le juge Bruguière n'étonnent pas les
milieux qui s'interrogent sur les origines du génocide
rwandais. Car elles ne feraient que confirmer différents
rapports et enquêtes journalistiques déjà publiés.
L'ancien responsable d'enquête du Tribunal pénal
international (TPI) Michael Hourigan rédige en 1997
un rapport secret portant sur les confessions de
trois Tutsi: ces derniers affirment avoir appartenu
à l'escadron d'élite qui a assassiné le président
hutu. Ce qui permet à Steven Edwards de révéler
dans le journal canadien National post, le
1er mars 2000: «Les trois Tutsi ont dit à des enquêteurs
de l'ONU en 1997 que l'assassinat du président
Juvenal Habyarimana avait été mis en oeuvre avec
la «complicité d'une puissance étrangère» sous
le haut commandement de Paul Kagame.»
Dix jours plus tard, le 11 mars, le journaliste
Stephen Smith revenait sur cette piste dans Libération,
mentionnant le rapport secret des Nations Unies. Et
le journaliste de commenter: «Gravissime à double
titre, cette accusation impute au régime rwandais
sorti des fosses communes la responsabilité de l'élément
détonateur du génocide au Rwanda, sur lequel les
Nations Unies se refuseraient à rechercher la vérité
en toute impartialité» (lire ci-dessous).
Les trois informateurs tutsi ont affirmé appartenir
à une cellule baptisée «Network». Cette
structure clandestine du FPR était activée et désactivée
selon les besoins. Ainsi, des soldats de l'ombre,
dont les noms et les grades ont été révélés aux
enquêteurs des Nations Unies, auraient organisé
l'attentat contre le Falcon 50 à partir de trois
positions de tir et autant de postes de commande aux
abords de l'aéroport de Kigali. Toujours selon Libération,
un complice à Dar es-Salam, la ville tanzanienne
d'où Juvenal Habyarimana rentrait le soir du 6
avril après un sommet régional visant à ramener
la paix dans la région des Grands Lacs, aurait
annoncé le retour du président. Deux missiles
sol-air auraient été tirés sur l'avion quand
celui-ci était en phase d'approche. L'un des deux
tireurs serait décédé.
Dans une autre enquête, publiée par le Vrai
papier journal, de célèbres journalistes
d'investigation - Pierre Péan, Christophe Nick et
Xavier Muntz - ont donné une impressionnante série
de détails sur la période de gestation et le déroulement
de l'attentat en se fondant sur d'autres témoignages,
que le juge Bruguière aurait également recueillis.
Il faut remonter au 4 août 1993, huit mois avant le
génocide. La diplomatie française estime avoir
remporté un succès en proposant un accord de paix
entre Hutu et Tutsi. Mais dès le départ, les deux
parties n'ont aucune intention de le respecter.
Chacune veut gagner du temps. Les Hutu pour se réorganiser,
et les Tutsi pour infiltrer le Rwanda.
«abattre habyarimana!»
Cet accord anticipe le partage du
pouvoir prévu par le plan de paix d'Arusha. La
future armée du rwanda devait être composée de 19 000
hommes, dont 40% de soldats du FPR tutsi, qui est
d'ailleurs autorisé à installer immédiatement un
bataillon de 600 hommes à Kigali. Une force
internationale est déployée pour surveiller
l'application de l'accord. La résolution 772 de
l'ONU crée l'UNMAR, Mission pour l'assistance au
Rwanda.
Dès lors, les évènements s'accélèrent. Les extrémistes
hutu paniquent devant le retour en force du
traditionnel ennemi tutsi. Le programme génocidaire
se met au point. Quant aux Tutsi, ils cultivent le
double discours. Pendant les négociations, précise
un ancien militant cité par le Vrai papier
journal, Kagame expliquait à ses troupes: «Conférence
ou pas, notre objectif est d'abattre Habyarimana!» C'est
donc à partir de là que l'actuel homme fort du
Pays des Mille collines aurait eu l'idée de préparer
une attaque destinée à tuer d'une pierre deux
oiseaux. Les présidents burundais et rwandais
meurent le 6 avril 1994 au soir, lorsque le Falcon
50 qui les transporte est touché par un missile,
juste au-dessus de Kigali. RdD/RH
«Pas sûr que Kagame soit inculpé»
Filip Reyntjens, juriste, professeur
à l'Université d'Anvers, est un grand spécialiste
de la région des Grands Lacs. Il a écrit de
nombreux ouvrages sur le Rwanda, dont «Trois jours
qui ont fait basculer l'histoire». Il a émis, dès
1996, l'hypothèse de l'implication du Front
patriotique rwandais dirigé par Paul Kagame dans
l'attentat contre l'avion.
Qu'attendez-vous du rapport
Bruguière?
Filip Reyntjens: -J'ai
souvent été en contact avec le juge et son équipe
dès le début de l'instruction. Ce que j'en
attends, c'est que des éléments du FPR soient
mis en cause. Car jusqu'alors, il existait un
faisceau d'indications plus que de véritables
preuves. Le juge semble arriver à une conclusion
qui reflète l'intime conviction qu'il avait au
moment où il a reçu les premiers éléments:
c'est Paul Kagame qui a commandité l'attentat.
Quelles seraient les conséquences
juridiques?
- A mon sens assez maigres. Parce
que si le procureur de la République à qui le
rapport sera transmis décide des inculpations, il
est tout sauf sûr que le Rwanda accepte
d'extrader les concernés. Et puis, ce n'est pas
le premier dossier à partir duquel on se pose la
question de l'opportunité de poursuites. Ce sera
au procureur de décider, car tout cela coûtera
beaucoup d'argent. Toutefois, politiquement,
Kigali risque de se retrouver dans une position
pour le moins gênante. D'ailleurs, le président
rwandais Kagame a déjà annoncé la couleur. Il
ne cesse de rappeler l'hostilité de la France
vis-à-vis du Rwanda et le fait que Jean-Louis
Bruguière serait parti d'une hypothèse qu'il
avait d'emblée contre le FPR.
On évoquait, un temps, l'éventualité
d'un mandat d'arrêt international contre
Kagame...
- Cela m'étonnerait beaucoup que
Kagame soit personnellement inculpé. Il bénéficie
de l'immunité d'un chef d'Etat en fonction. Les
Français ne vont pas faire la bêtise de passer
outre. Il n'y a aucun organe compétent chargé de
lever cette immunité à part... le Rwanda. Et
puis, ce n'est évidemment pas lui qui a tiré les
missiles. Mais même s'il n'est pas inculpé lui-même,
ceux qui le sont risquent bien de dire qu'ils
n'ont fait qu'exécuter des ordres. Kagame serait
alors inévitablement mis en cause
personnellement. Problème? Parmi les trois
personnes qui ont tiré les missiles, à ma
connaissance, une seule serait encore en vie. Et
je crains beaucoup pour sa survie si elle est nommément
citée.
Il est question de pressions
exercées pour étouffer l'affaire?
- C'est infiniment délicat. Le
dossier met en cause un chef d'Etat en fonction,
au moment où le Rwanda s'apprête à célébrer
le 10e anniversaire du génocide. Donc des
considérations politiques peuvent jouer: Brugière
transmettra-t-il son rapport avant les commémorations?
S'il travaille comme il le fait d'habitude, je
doute qu'il tienne compte de ces considérations.
RdD/RH
Un attentat minutieusement préparé
Conquérir l'Afrique équatoriale.
Tel était l'objectif de Paul Kagame et de
Yoweri Museveni, qui ont organisé l'assassinat
des présidents rwandais et burundais. Le
dirigeant du FPR et le chef d'Etat ougandais ont
conçu leur guerre à la Napoléon, comme l'écrit
le Vrai papier journal. Un témoin
rapporte que des officiels ont rencontré Paul
Kagame en février 1994 pour le prévenir que
s'il mettait le feu aux poudres il y aurait des
massacres parmi les Tutsi. Il aurait alors répondu: «Même
à Auschwitz il y a eu des survivants.»
L'endroit choisi pour monter
l'attentat? Une conférence qui se déroule le 6
avril 1994 à Dar es-Salam. Les discussions
commencent avec du retard. «Soudain,
Habyarimana étonne tout le monde», relate le Vrai
papier journal. «Il accepte un gouvernement
de transition, comme le prévoyaient les accords
d'Arusha signés huit mois plus tôt, puis décide
de rentrer précipitamment à Kigali.»
Tout le monde remarque alors les efforts du président
ougandais pour le retarder. Museveni convainc
son homologue burundais de prendre l'avion du
Rwandais, «plus rapide». Il est impératif que
l'appareil ne décolle qu'à la tombée de la
nuit. A Kigali, le commando avait besoin d'une
nuit noire pour oeuvrer. Car la zone où il
devait agir était contrôlée des forces de sécurité
rwandaises.
dans les jardins du président
Lorsque le Falcon 50
d'Habyarimana décolle pour Kigali avec retard,
grâce à Museveni, le commando tutsi arrive à
un endroit appelé La Ferme sur une petite
colline proche de l'aéroport de la capitale
Kigali. Ancien officier de renseignement du
Front patriotique rwandais (FPR), Jean-Pierre
Mugabe travaillait au quartier général de
Kagame au soir du 6 avril 1994. Après avoir
choisi l'exil, il a témoigné: «Des
dirigeants du FPR appartenant à l'armée de
Habyarimana avaient conseillé de placer les
missiles à cet endroit. Ils avaient donné des
indications sur l'itinéraire d'approche de
l'avion. Ces personnes sont les colonels Alexis
Kanyarengwe et Théoneste Lizinde.»
A Kigali, la femme du copilote Minaberry est
habituée à entendre les liaisons radio de
l'appareil. Son mari lui a donné les fréquences.
Les choses suivaient leur cours, lorsque
soudain, tout se détraque. La tour de contrôle
demande cinq fois si les présidents du Rwanda
et du Burundi sont à bord. Pour beaucoup, cette
conversation est la preuve immédiate que les
Hutu ont été les auteurs de l'attaque. Sinon,
pourquoi tant d'insistance? Le bon sens permet
d'y répondre. Le protocole devait paniquer, ne
sachant pas s'il fallait préparer une réception
officielle pour «ses» présidents. Tapis
rouge? Fanfare? Escorte?
A cette heure précise, le commando est en
place, près de la piste. Il dispose de quatre
missiles pour réussir son coup. Le premier rate
sa cible. Pas le deuxième. L'avion explose en
vol avant de s'écraser comme une boule de feu
dans les jardins de la résidence présidentielle.
Mme Minaberry, voisine de l'aéroport, entend
une explosion. Il est 20 h 25.
devant un match de football
Au même moment, poursuit le Vrai
papier journal, «Paul Kagame se trouve dans
la salle de télévision de son QG. En compagnie
de différents officiers, il regarde un match de
foot: la demi-finale de la Coupe d'Afrique des
nations oppose le Mali à la Zambie. Le colonel
James Kabarere entre dans la pièce et
s'approche de Kagame. Il lui souffle à
l'oreille que l'opération a réussi.» Selon le
témoin Jean-Pierre Mugabe: «Après un
court conciliabule, ils sortent. L'unité du
haut commandement tutsi prend immédiatement ses
dispositions et attaque la nuit même les forces
régulières rwandaises. Cette unité opère
sous le commandement direct de Kagame et de
Kabarere. Toutes les autres unités du FPR
passent à l'attaque sans autre préavis.»
Alors que 3000 Tutsi infiltrés à Kigali
organisent le chaos, les premiers massacres perpétrés
par les Hutu contre les Tutsi commencent le
lendemain. Au pire moment, il y a 1000 morts
toutes les 20 minutes. Très vite, le FPR
demande le retrait de tous les bérets bleus et
des témoins occidentaux. Il veut à tout prix
empêcher une intervention de la communauté
internationale. Cela aurait pu ruiner les plans
de Kagame et de Museveni. Mais c'était trop
tard pour sauver le Zaïre de Mobutu.
RdD/RH
Carla Del Ponte finalement trop
pressée?
Mais pourquoi le Tribunal pénal
international pour le Rwanda (TPIR) n'a-t-il
jamais daigné mener une enquête sur ce que
nombre d'experts, observateurs et juristes
considèrent comme le détonateur des massacres
du printemps 1994, du génocide rwandais? Sons
de cloche divergents, en guise de réponse:
raisons politiques, avancent les uns; purement
juridiques, suggèrent les autres.
Louise Arbour, ancienne
procureure du TPI - qui vient d'être nommée
haut-commissaire des Nations Unies pour les
droits de l'homme - a toujours dit que cette
affaire ne relevait pas du mandat de la Cour
onusienne basée à Arusha, en Tanzanie.
Celle-ci doit traiter de crimes contre l'humanité
et de crimes de guerre, «pas d'un incident isolé»,
avait-elle estimé. Le rapport de son enquêteur
Michael Hourigan, qui lui fut transmis en 1997,
n'allait pas la faire changer d'avis: affaire
classée.
«lourdes conséquences»
Ce, bien que cette investigation,
pourtant qualifiée, selon l'échelle de
fiabilité de quatre degrés du TPIR, comme «probablement
vraie en attendant des vérifications». Or les
nécessaires vérifications semblaient faciles
à obtenir, les informateurs s'étant déclarés
prêts à fournir, sous réserve de protection,
les «documents originaux de l'opération».
La Tessinoise Carla Del Ponte, qui succède à
Louise Arbour en 1999, a longtemps tenu le même
discours. Mais contrairement à sa prédécesseure,
elle n'aurait jamais lu la moindre ligne des
conclusions de Hourigan, selon des sources
proches du TPIR. Mais, en réalité, il
existerait deux documents. Un premier rapport
aurait été transmis au secrétaire général
de l'ONU Kofi Annan, et à lui seul. Personne ne
semble savoir ce qu'il est advenu de ces quatre
pages non datées, mais contenant des
informations «lourdes de conséquences».
un intérêt croissant
Ce qu'aurait reçu Mme Arbour
serait un second document. Un petit mémorandum
de trois pages datées du 1er août 1997,
contenant les témoignages des trois
informateurs tutsi qui affirmaient avoir
participé à la mise en oeuvre de l'attentat
sous le haut commandement de Paul Kagame, comme
l'a révélé le National Post en mars
2000. Précisément, répliquent ces sources, «Carla
Del Ponte n'en a pris connaissance que bien plus
tard... probablement à travers l'article en
question».
A partir de ces informations, le discours de la
Suissesse paraît évoluer. Sa porte-parole
Florence Hartmann déclare, en décembre 2000:
«Nous coopérons avec l'enquête française
(menée par le juge Bruguière, ndlr) qui
dira si nous devons nous pencher sur la
destruction de l'avion. Si cette enquête
indique que l'attentat fait partie d'un plan
organisé pour déclencher le génocide,
l'affaire relève de notre mandat.»
la procureure dérange
A partir de là, Carla Del Ponte
rencontre le juge Bruguière à plusieurs
reprises, permettant notamment au Français
d'enquêter à Arusha. Mais voilà. «Les enquêtes
spéciales de la procureure du TPIR, dont
certaines consistaient notamment à interroger
des hommes du Front patriotique rwandais de Paul
Kagame, et l'intérêt croissant de la Suissesse
pour l'attentat de 1994, n'ont pas été du goût
de tout le monde. Car à l'époque déjà
beaucoup de gens n'avaient pas intérêt à ce
que le juge Bruguière arrive au bout de ses
peines. «Et le fait que Carla Del Ponte se
rapproche de lui a contribué à son
remplacement à la tête du TPIR», confie une
source. «Kagame a su activer les bons réseaux.
Mais il n'a pas eu à chercher longtemps. Au
sein même du Conseil de sécurité, certains
n'avaient pas intérêt à ce qu'elle reste en
place.»
deux instances distinctes
En effet, en août 2003, le
Conseil de sécurité des Nations Unies adopte
une résolution scindant le TPI en deux
instances distinctes. Il prétend qu'une seule
procureure ne peut s'occuper de deux pays. Carla
Del Ponte conserve le Tribunal pénal
international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), mais
elle est écartée du dossier rwandais, qui
revient au Gambien Hassan Bubacar Jalow.
Suivra-t-il la même ligne? Ouvrira-t-il une
enquête si le rapport Bruguière établit un
lien entre «l'incident» du 6 avril 1994 et les
massacres qui ont suivi? La réponse devrait être
imminente.
En attendant, les journalistes du Vrai papier
journal ne s'y trompaient pas lorsqu'ils
concluaient, en 2000, que le juge Bruguière était
le seul capable de changer la morale du génocide
rwandais. Et de relever l'ironie de la chose: «Ce
juge, qui détestait tant le pouvoir socialiste,
peut être le seul à sauver la face de
Mitterrand dans cette affaire.» Car au
paroxysme du génocide, le président français
avait été accusé d'être un complice des
fascistes hutu. RdD/RH
Commentaires de :Emmanuel Nduwayezu
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