Une stèle pour les victimes du génocide
L'ambassadeur du Rwanda à Bruxelles, Joseph Bonesha, a annoncé la construction d'une nouvelle stèle en mémoire des victimes du génocide de 1994, à l'occasion du 12e anniversaire du génocide du Rwanda.
Il réagissait ainsi, au sein de son ambassade, à la manifestation organisée jeudi autour de la stèle située au rond-point Vandendriessche, à l'initiative de ceux qu'il a qualifiés de négationnistes du génocide.
La déclaration de l'ambassadeur a été prononcée à l'ambassade du Rwanda en présence de représentants de la Chambre, du Sénat, du ministre de la Défense, mais aussi d'associations de victimes du génocide et de personnes des familles des dix paras assassinés.
La cérémonie qui a débuté par une minute de silence, aurait dû avoir lieu au rond-point Vandendriessche à Woluwe-Saint-Pierre, mais cela n'a pu se faire, ce que l'ambassadeur a d'emblée déploré. Cette cérémonie de commémoration devait se dérouler autour du mémorial que nous pensions avoir été érigé en mémoire des victimes du génocide. Mais ce n'est qu'hier que nous avons constaté que ce n'était pas le cas, a déclaré Joseph Bonesha.
L'ambassadeur ne peut tolérer que le devoir de mémoire soit ainsi bafoué. Il a donc annoncé aux autorités belges que ce mémorial ne pourra plus, à ses yeux, représenter la mémoire des victimes du génocide, mais plutôt une humiliation posthume (...). Il a dans la foulée promis qu'une nouvelle stèle sera bientôt érigée en un autre endroit, sans donner plus de précisions.
Michèle Lhoir, veuve d'un des dix paras belges assassinés en 1994, a pour sa part souligné qu'il fallait se battre pour récupérer la stèle située au rond-point Vandendriessche. Elle s'est dite mortifiée par la manifestation qui a eu lieu jeudi.
M. Joseph Bonesha a, lors de son discours, également dénoncé la prolifération et l'activisme des mouvements négationnistes qui actuellement constituent une menace réelle pour toute l'humanité. Une coopération internationale est donc nécessaire pour juger les négationnistes au même titre que les auteurs du génocide, a-t-il encore déclaré.
L'ambassadeur a en revanche salué la démarche de la Belgique qui a jugé et condamné quelques-uns des génocidaires résidant sur son territoire et l'encourage à poursuivre dans cette voie. Il a également remercier les "pays amis" qui ont soutenu et continuent à soutenir les programmes de reconstruction du pays, dont la mise sur pied de la justice participative Gacaca.
Egalement présent à la cérémonie du 12e anniversaire du génocide, Albert Gakumba Hangu, représentant de l'asbl "Ibuka, Mémoire et Justice", a fait part de son inquiétude face à la montée du négationisme. Il y a lieu de craindre une tentative ou une préparation ou une incitation de répétition de l'irréparable, selon lui. Il a de plus dénoncé la passivité, le manque de volonté politique et la croyance des bourreaux à l'impunité.
Parallèlement aux discours tenus à l'ambassade du Rwanda, une cérémonie militaire a eu lieu au Tombeau du Soldat Inconnu en souvenir des dix paras belges assassinés à Kigali en 1994, dans le cadre de la journée d'hommage aux 226 soldats belges morts lors d'opérations pour la Paix depuis 1945. Le ministre de la Défense Nationale, André Flahaut et un représentant du Roi, le Lieutenant-Général Jef Van den Put y étaient. Ce dernier a rallumé la Flamme du Soldat Inconu.
Outre les cérémonies officielles, une marche aux flambeaux sera organisée ce vendredi soir à 19h00 entre la place royale et le palais de Justice. Il y aura également des expositions et la projection de films au centre culturel rwandais pendant toute la semaine, a précisé à l'ambassadeur du Rwanda. Parallèlement, des cérémonies ont lieu au Rwanda, dans la province de l'Ouest, ancienne préfecture de Cyangugu, en présence notamment du président de la république et du premier ministre, a-t-il encore déclaré en marge de son allocution, sans pouvoir confirmer la présence d'officiels belges.
( D'après BELGA)