TPIR/RWANDA - UN AVOCAT DU TPIR TAPE DU
POING SUR LA TABLE EN EVOQUANT LA MISE EN ACCUSATION DE KAGAME
Arusha 7 avril 2006 (FH) - Un avocat plaidant
devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), Me Peter
Erlinder, a affirmé vendredi que le président rwandais, Paul Kagame,
devait être mis en accusation au vu des preuves et des témoignages accumulés
contre lui par le TPIR.
Cet éclat intervient alors que le Rwanda célèbre l'anniversaire du génocide.
Le TPIR s’efforce depuis douze ans de juger et de mettre en accusation les
auteurs présumés du génocide sans jamais mettre en cause leurs anciens
adversaires arrivés au pouvoir.
Le mandat de ce tribunal, créé quelques mois après le génocide,
permettrait pourtant de le faire car il couvre non seulement les auteurs du
génocide mais aussi les auteurs de crimes contre l’humanité et les
crimes de guerre commis en 1994 dans le pays.
Erlinder, qui est Américain, défend Aloys Ntabakuze, l’ancien major
commandant le bataillon de para- commandos, un bataillon d’élite.
Avocat reconnu parmi la centaine exerçant au sein du TPIR, ancien président
de l’ordre des avocats américains, Erlinder a prétexté l’annonce
d’une visite d’Etat du président rwandais Paul Kagame au Canada pour
mettre en garde le gouvernement canadien.
Selon lui, des éléments dont dispose la Cour et auquel le gouvernement
canadien peut accéder, prouvent que le Front patriotique rwandais (FPR,
ancien mouvement rebelle actuellement au pouvoir à Kigali) était la seule
force militaire capable d’interrompre le génocide mais qu’il l’a
laissé se perpétuer.
D’après plusieurs témoignages et des documents des Nations unies qu’il
évoque, l’armée régulière rwandaise n’était pas en mesure de le
faire car elle luttait depuis 4 ans en situation d’infériorité contre
l’invasion rebelle. Il cite pour appuyer ses propos le général Roméo
Dallaire, ancien responsable militaire des Nations Unies au Rwanda, ainsi
que l’ambassadeur américain à Kigali à l’époque.
L’avocat américain évoque également le témoignage d’un ancien
officier du FPR, le lieutenant Abdul Ruzibiza, qui a accusé le FPR et son
chef Paul Kagame d’avoir tiré les deux missiles contre l’avion du président
Juvénal Habyarimana donnant ainsi le signal du début du génocide.
Kagame, dit-il, a ordonné l’assaut final de ses troupes avant que la
moindre action en représailles de l’attentat contre l’avion du président
n’ait été signalé dans le pays. De même alors que l’armée rwandaise
a proposé à plusieurs reprises un cessez- le- feu afin d’interrompre les
massacres, le FPR l’a refusé.
Kagame lui-même aurait été présent lors d’un massacre survenu au stade
de Byumba au nord du pays dans une zone contrôlée par le FPR et où des
dizaines de milliers de civils auraient été tués, ajoute-t-il.
Pour toutes ces raisons, il affirme qu’une requête est en préparation
pour demander la mise en accusation de Paul Kagame pour meurtre,
conspiration en vue de commettre un meurtre et divers crimes de guerre et
crimes contre l’humanité.
Il conclut que les charges contre son client et d’autres responsables de
l’armée, actuellement jugés pourraient être lancés contre les
vainqueurs de 1994.
PB/GF
© Agence Hirondelle