Film: Sometimes in Avril 


Chers Netters,
Paul Kagamé vous recommande dans une interview accordée à Jeune Afrique/L¹intelligent de cette semaine d¹aller voir le film SOMETIMES IN APRIL du réalisateur Raoul Peck. J¹ai eu l¹occasion de voir la projection de ce long-métrage lors du festival de film « Berlinale » la semaine passée.

Techniquement le film est une réussite. Peck applique la même technique que le film «Holocauste » de 1978 qui dans le temps a fait comprendre aux jeunes générations les horreurs nazies à travers le sort individuel d¹une famille. Le couple « mixte » (un officier du type « hutu modéré » de l¹armée rwandaise et son épouse tutsi) est présenté comme des gens sympathiques tous les deux. (Une seule personne représentant le Colonel Bagosora apparaît 
sous la forme du « génocidaire hutu inné »). La présentation des horreurs des massacres des tutsi est inévitable. Je pense que Peck a réussi à les montrer d¹une façon digne et adaptée aux événements survenus. Raoul Peck semble avoir compris que quelque chose n¹allait pas à Washington à l¹époque - comme cela se doit pour un homme de la gauche de l¹Amérique latine (bien que ressortissant de l¹univers francophone du Haïti). Les scènes fortes du film
montrent l¹absurdité de la discussion qui s¹est déroulée au sein de l¹administration américaine sur l¹envergure de ce qui était en train de se passer au Rwanda. Il y a un type qui pose la question : « Hutu or Tutsi who are the good guys ? »

Les points faibles du film : Dans la tradition de la gauche américo-européenne les soldats du FPR sont présentés par Peck comme les libérateurs incontestés . Pour Peck ils sont les « good guys ». Le film ne discute pas l¹assassinat des deux présidents le 6 avril 1994 qui a 
déclenché la catastrophe. On voit l¹abattement de l¹avion et en sous-titre on peut lire qu¹il y a différentes hypothèses concernant la responsabilité pour ce crime. Mais ce qui est le plus important : le spectateur n¹apprend pas qu¹il y avait une agression des rebelles à partir de l¹Ouganda en 1990 et que les pays anglophones ont opté pour leur victoire en 1994. On ne mentionne même pas que le FPR a relancé la guerre civile tout de suite après l¹attentat et qu¹il a refusé toute négociation pour endiguer le chaos qui en résultait obligatoirement. 

Le public a honoré le film d¹un long applaudissement. Un bon film alors? 
Ma conclusion : le film a ses mérites mais il est une occasion ratée pour présenter le « cas rwandais » sous une forme d¹incitation à la réflexion sérieuse et non-partisane sur une catastrophe d'une dimension historique.
Salutations cordiales


Helmut Strizek, Berlin

N.B. : Malheureusement je n¹ai pas eu l¹occasion de voir le film «Hotel Rwanda » qui a été projeté également à Berlin.