Génocide rwandais: la Belgique "s'étonne" des critiques du général
Dallaire
BRUXELLES, 13 nov (AFP) - La Belgique
s'est "étonnée" jeudi des critiques formulées dans un ouvrage récent
par le général canadien Roméo Dallaire, ancien commandant de la Mission intérimaire
des Nations unies au Rwanda (Minuar), à l'encontre des Casques bleus belges présents
au Rwanda au début du génocide.
Dans un communiqué, les ministres belges des Affaires étrangères et de la Défense,
Louis Michel et André Flahaut, indiquent avoir "écrit à l'ambassadeur du
Canada en Belgique pour l'informer de leur réaction".
"Les attaques de M. Dallaire quant à l'attitude de la Belgique -et plus spécifiquement
quant au comportement de nos soldats sur place- ne correspondent pas à la réalité.
Il s'agit d'une généralisation d'incidents isolés ayant pour effet de jeter
injustement une ombre sur l'action des nôtres", écrivent les deux
ministres belges.
Dans son ouvrage intitulé "J'ai serré la main du diable - La faillite de
l'humanité au Rwanda", sorti le 29 octobre, Roméo Dallaire dénonce
notamment "le comportement exécrable" des commandos parachutistes
belges.
"Ils buvaient en patrouille, se bagarraient dans les bars et se faisaient
constamment appréhender", raconte le général.
Plus généralement, le général Dallaire écorche les Belges qui l'ont, selon
lui, abandonné sur le terrain et laissé seul avec, sur les bras, "un
crime contre l'humanité qu'ils avaient eux-même involontairement enclenché"
en tant que colonisateurs.
"Je me suis mis à haïr un pays qui avait perdu son courage pour rester au
combat. Un pays qui, après avoir essuyé quelques pertes, avait tourné le dos
au sort de 8,3 millions de Rwandais en péril", écrit-il.
Dans leur communiqué, les deux ministres belges jugent "pour le moins déplacé
et inopportun" les propos du général Dallaire. Ils soulignent aussi que
"dix de nos hommes ont alors perdu la vie dans des conditions
atroces".
Une commission d'enquête du Sénat belge avait mis en cause en 1997 le général
Dallaire pour "non-assistance à personnes en danger" lors de la mort
de ces dix militaires belges. Selon les parlementaires belges, l'officier
canadien avait été informé au matin du 7 avril 1994 de l'attaque subie par
les Casques bleus belges. Passant devant le camp où ceux-ci étaient encerclés,
le commandant de la Minuar n'avait pas réagi pour faire intervenir des
renforts.
Dans son livre, dédié aux 14 militaires de la Minuar qui ont péri au Rwanda,
dont les 10 soldats belges, le général Dallaire règle également ses comptes
avec les Américains, les Français, les Anglais et, dans une moindre mesure,
les Nations unies.