Les
rebelles des FNL prêts à comparaître devant un tribunal international
(AFP
21/08/2004)
BUJUMBURA, 21 août (AFP) - Les rebelles hutus des
Forces nationales de libération (FNL), qui ont revendiqué le massacre de
quelque 160 réfugiés congolais tutsis le 13 août au Burundi, se sont dits prêts
samedi à comparaître devant "un tribunal international".
"Nous n'allons jamais nous présenter devant la justice tutsie du Burundi
(...), mais nous sommes prêts à répondre devant un tribunal
international", a déclaré le porte-parole des FNL, Pasteur Habimana,
joint par téléphone par l'AFP depuis Bujumbura.
Ce "tribunal international jugerait tous les crimes commis par les Hutus et
les Tutsis dans la région depuis l'indépendance du Burundi", en 1962,
a-t-il ajouté.
Il devra notamment "juger (l'ancien président burundais tutsi, Pierre)
Buyoya, (l'actuel président rwandais tusti, Paul) Kagame et (l'actuel président
ougandais, Yoweri) Museveni pour leurs crimes contre les Hutus au Burundi et au
Rwanda, et contre les Congolais au Congo (République démocratique du Congo,
RDC)", a ajouté M. Habimana.
L'Ouganda et le Rwanda ont reconnu officiellement être intervenus en RDC
pendant la rébellion de 1996-97 et pendant la guerre de 1998 à 2003. Le
Burundi leur avait prêté mains fortes, sans le reconnaître officiellement.
A la suite de la tuerie de Gatumba (ouest du Burundi) le 13 août, le Burundi a
lancé un mandat international contre M. Habimana et le chef des FNL, Agathon
Rwasa, pour "crimes contre l' humanité et crimes de guerre".
Les FNL ont par ailleurs "refusé" samedi de comdamner cette tuerie,
comme l'avait demandé l'Onu.
"Nous refusons de comdamner ce qui s'est passé à Gatumba, la communauté
internationale nous demande de mentir. Nous avons refusé le mensonge", a déclaré
M. Habimana.
Jeudi à New York, le chef des opérations de maintien de la paix des Nations
unies, Jean-Marie Guéhenno, avait affirmé que les FNL devaient "condamner
clairement ces horreurs", s'ils ne veulent pas être totalement déconsidérés.
Les FNL ont revendiqué la tuerie de Gatumba, perpétrée dans un camp de réfugiés
congolais. Cependant, selon de nombreuses sources, des guerriers congolais Maï-Maï
et des extrémistes hutus rwandais, basés en RDC, seraient aussi impliqués da
ns ce massacre.
Les FNL ont répété samedi être intervenus contre le camp pour deux raisons.
"Nous avons attaqué le camp militaire de Gatumba (situé à proximité du
camp de réfugiés congolais), les Banyamulenge (Congolais tutsis d'origine
rwandaise, qui habitaient le camp de réfugiés) ont prêté main forte à leurs
frères tutsis de l'armée", a réaffirmé encore une fois M. Habimana.
Les FNL affirment aussi être intervenus dans le camp de réfugiés pour contrer
une offensive des Banyamulenge en RDC.
"Nous avons détruit l'état-major (militaire) des Banyamulenge (à
Gatumba). (...) Ils se préparaient d'ailleurs à attaquer la RDC", a assuré
le porte-parole rebelle.
Le Burundi, petit pays d'Afrique centrale, est en proie à une guerre civile qui
oppose depuis 1993 l'armée, dominée jusque-là par la minorité tutsie, aux
rebelles hutus. Les FNL sont le dernier des sept mouvements r ebelles à
combattre l'armée.
© Copyright AFP