Le mardi 25 avril 2006
LE PRÉSIDENT RWANDAIS PAUL KAGAME HONORÉ PAR L'UDES
Des Sherbrookois d'origine africaine en colère
La Tribune
Sherbrooke
La coalition ad hoc des Canadiens d'origine africaine a dénoncé
la visite au Canada du président rwandais Paul Kagame, hier, tout comme la
remise de médaille de l'Université de Sherbrooke qui a eu lieu à Montréal.
Le président du Rwanda est en visite au pays ces jours-ci, et l'UdeS voulait
lui remettre une médaille pour honorer le peuple rwandais. Les membres de la
coalition, dont certains étudient à l'UdeS, estiment plutôt que l'institution
universitaire honore "un criminel de guerre notoire",
"indigne" de venir au Canada.
Réunis en point de presse, ces Canadiens d'origine africaine estiment que
Kagame est "le principal déclencheur du génocide rwandais d'avril
1994", "l'architecte principal de la guerre d'occupation, de dépeuplement
et de pillage de la République démocratique du Congo", entre autres, et
que "l'attitude du Canada d'accueillir Kagame" est "un
acquiescement aux activités d'un criminel".
Certains d'entre eux ont fait parvenir une lettre au recteur de
l'UdeS, Bruno-Marie Béchard, afin de manifester leur mécontentement.
"Nous déplorons qu'en tant qu'université, une institution qui forme des
gens, on honore quelqu'un qui a fait tous ces massacres", indique Felly
Ombi, étudiant à la maîtrise en histoire. Activiste et défenseur des droits
de l'homme au Congo, M. Ombi a dû quitter le pays parce que sa tête avait été
mise à prix. L'un de ses collègues a d'ailleurs été tué.
De son côté, Amnistie internationale a fait parvenir un communiqué dans
lequel elle indique que "les universités et les organisations canadiennes
devraient s'abstenir d'honorer M. Kagame et de lui fournir une tribune",
par respect pour les victimes du Front patriotique rwandais (FPR), le parti
dirigé par M. Kagame.
L'organisation rappelle qu'elle a dénoncé à plusieurs reprises les violations
des droits humains commises au Rwanda et dans l'est de la République démocratique
du Congo depuis l'arrivée du FPR.
"Pas un jugement"
Hier, en point de presse, certains des opposants laissaient
entendre que l'UdeS devait remettre un doctorat honorifique au président
africain, ce que le directeur du cabinet du recteur Jacques Viens dément,
faisant valoir qu'il s'agit d'une médaille pour son peuple.
Le président devait la recevoir des mains du directeur du campus de Longueuil,
Bernard Demers.
Lorsqu'on lui demande si l'UdeS aurait été mieux de laisser tomber cette idée,
M. Viens répond qu'il ne s'agit pas d'un "jugement sur la politique de M.
Kagame". L'institution n'offense-t-elle pas une partie de ses étudiants
africains? "Une fois que les gens comprendront que c'est un hommage au
peuple, ils vont voir les choses différemment", estime-t-il.
(c) 2006 La Tribune (Sherbrooke, Qc).