L'affaire Rwandatel sa - Terracom sarl sent mauvais !

 

Le 16 juin  dernier, le régime FPR a cédé 99% des actions de l’Etat rwandais dans Rwandatel pour 20 millions USD à Terracom sarl, une société constituée à Kigali par UT Starcom et Alltel Corporation, Inc., deux sociétés basées aux USA. Lors de l’ouverture des offres techniques, TerraCom S.A.R.L était représentée par Mme Sandra Rwamushaija, une Rwandaise. TerraCom est apparemment non pas une société de droit américain mais de droit rwandais. Ce qui est certain, c’est que c'est une société à capitaux américains (Alltel Corp. Inc.) et japonais (UT Starcom).  En effet UT Starcom est une société basée à 1275 Harbor Bay Parkway Alameda, CA 94502 USA , Tel: 1 (510) 864-8800 en Californie mais les plus grands investisseurs de UT Starcom sont deux entreprises japonaises la Softbank Corp. , une banque japonaise ainsi que Mitsubishi Electric Corporation, la société japonaise qui construit notamment des voitures.

 

Alltel Corporation Inc. est une société américaine fondée en 1943 à Little Rock en Arkansas. Ensuite, elle s’est développée et s’est étendue jusque dans 26 Etats aux USA. On sait que l’ancien président des USA,  William J. Clinton (de son nom à la naissance William Jefferson Blythe IV) est né non loin de là à Hope en Arkansas. On sait qu’il y a longtemps travaillé comme Procureur, comme avocat et comme gouverneur de l’Etat d’Arkansas avant d’être élu Président des USA. Il faut également noter que Little Rock est le siège de la sa fondation "The Clinton Presidential Centre". On sait également que la fondation Clinton est très présente à Kigali où elle s’active dans la « lutte contre le Sida ». D’abord, la lutte contre le Sida ! Et ensuite, l’achat de Rwandatel. Décidément, ces gens de Little Rock sont très forts. Les liens entre l’intérêt de cette société née dans le petit Arkansas et l’ancien président des USA ne sont pas clairs pour l’instant. Peut-être n’y en a-t-il pas. Toujours est-il que de toute évidence, il y a trop de coïncidences comme on va le voir par la suite. De plus, l’intérêt d’une société de téléphonie basée en Arkansas, un Etat dont les habitants ne savent pas situer le Rwanda sur une carte, pour une compagnie comme Rwandatel sa, cet intérêt suscite des interrogations. Il y a matière à investigation.

 

Les choses se compliquent lorsque l’on cherche plus loin. Le Manager de TerraCom sarl  à Kigali est un certain Greg Wyler. Une petite recherche sur Internet aboutit sur un fait divers publié par le Boston Magazine sous la plume de Gretchen VOSS. Greg Wyler, âgé de 33 ans, résiderait à North Shore près de Peabody, aux USA. Ce fait divers n’ a "a priori" rien à voir avec Terracom sarl. Car il n’est pas encore clair si le Greg Wyler évoqué dans ce fait divers est la même personne que le Manager de Terracom sarl, l'acquéreur de Rwandatel. D’autant que le fait divers en question concerne une affaire plutôt douloureuse pour l'intéressé. Il s'agit en effet de l’assassinat de sa mère Susann Wyler (née Napolitano). D’après cet article, Greg Wyler affirme qu’il pense que c’est son père, Geoffrey Wyler, un puissant avocat de 61 ans versé dans  les litiges liés aux assurances qui aurait assassinée sa mère.

 

Convenons donc que cela ne concerne pas directement Rwandatel sa ni Terracom sarl. Ce qui est en revanche intéressant, c’est que G. Voss affirme que Greg Wyler a grandi dans une famille très riche et jouissant de très bonnes relations politiques à Winchester près de Boston. Sans plus. Il ne dit pas lesquelles. Il affirme qu’il a travaillé dans l’industrie de l’informatique, qu’il a beaucoup voyagé et qu’il a notamment effectué une mission de « volontaire »… au Rwanda. Et c'est là que les coïncidences commencent à s'accumuler. (Lire l’article sur http://www.bostonmagazine.com/index.cfm/fuseaction/article.view/articleID/00dde5ea-f93e-4ffb-b033-5ee0d566b4e8 ).

 

 Il n’est pas clairement établi si c’est bien ce Greg Wyler qui dirige Terracom sarl à Kigali. Mais, on est tenté de le croire. Si, cela s’avérait juste, il y aurait lieu de se demander s’il a ou avait des liens avec B. Clinton ou non. Il serait également intéressant de savoir si oui ou non, il a travaillé pour UT Starcom qui opère surtout dans le domaine « ICT ». L'article du Boston Magazine affirme qu'il est expert en informatique et qu'il a eu une carrière très fructueuse dans l'industrie de l'ICT. Une autre question qui mérite une réponse est celle de savoir si oui ou non, les relations politiques dont jouissait la famille de G. Wyler d'après G. Wyler amènent aux milieux démocrates et si ces relations ont été mises en jeu pour faciliter le montage de Terracom sarl aux USA, l’installation de son siège à Kigali et l’acquisition de Rwandatel sa par une Alltel Corporation Inc. une compagnie basée en Arkansas, à Little Rock.

 

L’intermédiaire pour la vente de Rwandatel était  Sterling Merchant Finance Ltd, une banque d’affaires basée à 1211 Connecticut Ave., NW, 4 th Floor Washington, DC 20036, United States, Tel: (1) 202 785-3500 Fax: (1) 202 785-3505. L’acquéreur étant également une compagnie américaine, on peut se demander quelle a pu être l’impartialité d’un tel intermédiaire dans cette affaire.

 

Tout cela sent mauvais. Sans avoir aucune sympathie pour les deux autres requins intéressés par Rwandatel, on peut se demander si cette banque américaine pouvait raisonnablement être neutre. Les autres investisseurs intéressés étaient MaraCom Group Ltd représenté par M.Pini Moria, une société anglo-israélienne ainsi que  R-Com Consortium, un groupe installé en Afrique du Sud mais qui était représenté par un Rwandais, un certain Jean Marie Nyaruhirira.

 

Kigali n’a pas rendu publiques les offres financières des deux autres concurrents. On ne les a pas examinées. En effet, lorsque l’offre technique n’est pas retenue, la procédure s’arrête là pour le(s) candidat(s) « malheureux ». Un comité d’évaluation a examiné l’offre financière de TerraCom sarl et a soumis une proposition d’approbation au « conseil des ministres » qui l’a acceptée. Evidemment. Que peuvent dire ces ministres payés pour se montrer, pour dire ce qu’on attend d’eux et le reste du temps pour… se taire ! L’ancien ministre de l’agriculture P. Habamenshi l’a appris à ses dépens ! Il n’avait pas compris qu’il n’avait pas le pouvoir d’attribuer des marchés, fussent-il tout petits. Dans ce cas-ci, il s’agit non pas de cacahuètes, mais d’une transaction de 20 millions Usd.

 

 L’intermédiaire que Kagame a choisi s’y connaît ! En effet elle c’est une société qui se définie comme étant « une banque d’affaires spécialisée dans le conseil économique et financier aux gouvernements, aux organisations internationales et aux entreprises dans les marchés émergents » et cela en Afrique, en Asie, en Europe de l’Est, en Amérique latine et dans les Caraïbes. Autrement dit, elle opère dans les pays pauvres où elle conseille les gouvernements sur la manière de vendre leurs entreprises publiques. Les gouvernement africains sont donc ses premiers clients. Sterling Merchant Finance Ltd dit qu’elle est experte en matière de « privatisations et liquidations d’entreprises, restructurations financières, montages de projets commerciaux et d’infrastructures, mobilisations de financements et conseils financiers (placements, fusions-acquisitions, etc.) dans des industries et secteurs aussi divers que les télécommunications, les services bancaires et financiers, le transport, les assurances, l’exploitation minière, les services publics, l’agro-industries, le pétrole et le gaz ».

 

Cette vente est une étape dans une série d’autres. Et elle n’est ni la première ni la dernière. Puisque le régime FPR a prévu de vendre 126 entreprises publiques. Comme pour une liquidation, « tout doit partir » semble être sa devise. Les ventes concernent toutes les entreprises qui faisaient l’indépendance et la fierté des Rwandais avant l’arrivée du FPR au pouvoir le 19 juillet 1994. Il faut remarquer qu’en 11 ans de règne, Kagame n’a créé aucune entreprise publique dont il pourrait s’énorgueillir. Il se contente de vendre toutes celles qu’il a trouvées dans le pays en 1994 lorsqu’il l’a ramassé à la cuillère après le génocide, les massacres à caractère génocidaire, les crimes de guerre et les déplacements massifs des propriétaires des actifs mobiliers et immobiliers qu’il a trouvés dans le pays.

 

Ainsi, 80% des actions de l’Etat rwandais à la BCR ont été vendues pour 6.05 millions USD à ACTIS, un groupe dépendant de CDC Group qui à son tour est possédé à 100% par l’Etat britannique à travers le DFID, Department for International Development, l’agence de coopération du R-U. Tandis que 80% de la Bacar ont été adjugés pour 3.76 millions USD à un consortium formé par FINA Bank Ltd (60%) et Enterprise Holdings Ltd (20%). FINA appartient à des hommes d’affaires indopakistanais basés à Nairobi (Kenya) tandis que Enterprise Holdings Ltd a son siège aux Botswana. On sait où mène ce genre d’alliances entre une clique mafieuse et des milieux affairistes internationaux en Afrique! Elles mènent aux guerres d’influence, aux génocides, aux crimes contre l’humanité et aux assassinats…!

 

Qu’on me comprenne bien. Je n’accuse personne. Mais, dans cette affaire, quelque chose sent mauvais 

Jean-Baptiste Mbera" <jbmbera@yahoo.fr



Mpinganzima Joelle <mpinganzima2005@yahoo.com> a écrit :

Jean Baptiste,
J apprecie votre approche intellectuelle de chercher a savoir la verite mais je tiens a dire que quand on fait une recherche il est deconseille de partir avec des prejuges deja. Il est clair que dans vos ecrits vous chercher a accuser un groupe. Je pense qu il ne suffit pas d accuser seulement mais de prouver ces accusations. Il ne sert a rien de chercher du mauvais la ou il n y en a pas. Je ne peux vous empecher de vaquer a vos interets , cependant j aimerai donner quelques rectifications a ce que vous avez ecrit. 
 
1.  Rwandatel a ete cede officiellement le 14 Octobre et non le 16 juin( ci dessous l article)
2. Terracom n etait pas represente par Sandra mais par Mr Garry Clark, Managing director
3. Que Terracom est des liens avec Clinton, Bush, Chirac ou Blair, est il que Rwandatel avait besoin d une amelioration de ces services. Des appels d offre ont ete lances dans ce sens et Terracom a gagne le marche non seulement parce qu ils offraient mieux mais aussi parce qu'ils ont pu expliquer clairement comment est ce qu ils comptaient ameliorer la compagnie techniquement( par exemple la creation d une compagnie cellulaire).
4. Je pense que l on devrait soutenir un investissement qui permet au Rwanda d ameliorer ces services et surtout de reduire le chomage en octroyant du travail.
5. Au lieu de chercher la bete ou il n y en a pas, Mr Jean Baptiste Mberabahizi devrait se demander ce qu il fait pour les rwandais. Les intrigues a longue de journee ne servent a rien aux rwandais.
Jean Baptiste Mberabahizi devrait chercher des investisseurs capables de developper le pays ou chercher des informations qui prouvent que Terracom ne va pas servir le Rwanda comme on s y attend. Je crois que cela ferait de lui un bon rwandais.
Gushyushya imitwe ntacyo bisigaye bifite icyo bimaze

 

Jean-Baptiste Mbera" répond:
Vos rectifications ne rectifient rien du tout malheureusement. Car il n’y a rien à rectifier.

  1. Vous dites :  « Rwandatel a ete cede officiellement le 14 Octobre et non le 16 juin( ci dessous l article) »

Nous ne parlons pas de la même chose. La cérémonie de remise de Rwandatel sa à son acquéreur a eu lieu ce 14.10.2005 effectivement. Mais l’acte de vente a bien été signé le 16 juin 2005 par D. Kaberuka. Visitez le site www.privatisation.gov.rw et consultez la rubrique « nouvelles ». Vous verrez comment tout cela a commencé depuis la publication de l’avis d’appel d’offres jusqu’à la remise officielle de l’entreprise.

  1. Vous dites : « Terracom n etait pas represente par Sandra mais par Mr Garry Clark, Managing director »

Encore une fois, nous ne parlons pas de la même chose. Vous parlez de la cérémonie de remise de l’entreprise et moi je parle de l’ouverture des offres techniques. Vous n’avez pas lu ce que j’ai écrit. Relisez ce que j’ai écrit et non ce que vous avez envie de lire. C’est peut-être un signe pour vous. Le manque de concentration est un signe de dépression nerveuse. Mais, que dis-je ! Beaucoup de Rwandais sont malades. Qu’ils le sachent ou pas !  Après tout ce qu’on a vécu dans ce pays !

  1. Vous dites : « Que Terracom est des liens avec Clinton, Bush, Chirac ou Blair, est il que Rwandatel avait besoin d une amelioration de ces services. Des appels d offre ont ete lances dans ce sens et Terracom a gagne le marche non seulement parce qu ils offraient mieux mais aussi parce qu'ils ont pu expliquer clairement comment est ce qu ils comptaient ameliorer la compagnie techniquement( par exemple la creation d une compagnie cellulaire). »

Vous pouvez être insouciante, c’est votre droit. Mais, ne demandez pas aux autres Rwandais et Rwandaises, qui ont collectivement créé cette entreprise par leurs impôts de s’en foutre également. Ceux qui vendent cette entreprise, n’y ont pas contribué. Ils l’ont juste trouvé sur place, se sont installés dans les bureaux et ont commencé à vendre le téléphone.

Pour eux, c’est très très important de savoir si oui ou non, s’ils sont floués et si leur entreprise est vendu dans le cadre d’un acte commercial ou de la construction d’un réseau politico-financier international. Vous pouvez vous en moquez si vous voulez, mais pas moi, pas eux.

Vous vous embrouillez dans des explications techniques sans en avoir la compétence d’autant plus que cela n’ajoute rien à votre manque d’arguments. Terracom sarl a été « monté » pour l’opération d’acquisition de Rwandatel. C’est un fait. Quant à la téléphonie cellulaire, cela n’est pas une nouveauté.

  1. Vous dites :  « Je pense que l on devrait soutenir un investissement qui permet au Rwanda d ameliorer ces services et surtout de reduire le chomage en octroyant du travail. »

Tout de même. On voit que vous vivez sur une autre planète. Terracom sarl n’a encore rien investi du tout en achetant Rwandatel. On verra bien plus tard. Quant à l’amélioration du service, vous la souhaitez seulement. Mais, votre rêve pourrait bien être un cauchemar. Demandez aux Rwandais si depuis la privatisation d’Electrogaz, ils ont de l’électricité dans leurs maisons. De plus, Electrogaz a perdu plusieurs milliards de Frw cette année, pour la deuxième année consécutive. Quant à la réduction du chômage, j’en doute. Généralement, ce que font les acquéreurs d’entreprises publiques, c’est avant tout des licenciements collectifs. Eh oui ! Ce qui les intéresse, c’est réduire les charges et non faire de la politique sociale à la place du gouvernement !

 

  1. Vous dites :  «  Au lieu de chercher la bete ou il n y en a pas, Mr Jean Baptiste Mberabahizi devrait se demander ce qu il fait pour les rwandais. Les intrigues a longue de journee ne servent a rien aux rwandais. »

Primo, gardez-vous de faire des jugements de valeur. Vous ne me connaissez pas. Secundo, « je ne cherche pas la bête ». Comment savez-vous qu’il n’y a en pas ? C’est votre petit doigt qui vous le dit ? Tout indique qu’il y en a une ! 

Kagame et son FPR tissent un réseau d’entreprises qu’ils fondent sous des prêtes-nom depuis longtemps déjà. Vous devez connaître le holding TRISTAR, non?  Méthode RUZINDANA, l’assistant du secrétaire général T. RUDASINGWA qui l’a fondée en 1994, alors même qu’il n’avait même pas d’argent de poche à ce moment-là, est aujourd’hui en exil, mais tout cela se sait. Autre élément que vous ignorez superbement, c’est que D. Kaberuka, qui a vendu Rwandatel sa et d’autres, était à la fois ministre des finances et commissaires aux finances du FPR. Il y a conflit évident d’intérêts. Mais cela, vous feignez de l’ignorer. Les Rwandais et les Rwandaises savent aujourd’hui comment le FPR finance ses nombreuses opérations, vous savez !

  1. Vous dites enfin : « Jean Baptiste Mberabahizi devrait chercher des investisseurs capables de developper le pays ou chercher des informations qui prouvent que Terracom ne va pas servir le Rwanda comme on s y attend. Je crois que cela ferait de lui un bon rwandais. Gushyushya imitwe ntacyo bisigaye bifite icyo bimaze »

C’est le gouvernement qui applique les politiques économiques, dont font partie la politique en matière d’investissements. Je ne suis pas au gouvernement. C’est là que l’on applique ou qu’on change des politiques précises. Mais, vous savez comment on change un gouvernement légalement, quand même ? Sinon, je vous le rappelle.  Il faut que ceux qui le souhaitent constituent un parti politique ou une liste indépendante, qu’ils expliquent leur programme politique aux citoyens et qu’ils sollicitent leurs suffrages au cours d’élections libres et démocratiques. Tout cela n’existe pas dans notre Rwanda.

Quant aux informations sur Terracom sarl, ne vous en faites pas pour cela. Celles que j’ai données, vous ne me les aviez pas demandées. Je l’ai fait de mon gré. J’ai apporté de la lumière. Vous, vous faites tout pour l’éteindre. Vous préférez fermer les yeux et marcher dans les ténèbres.

Il n’y a pas de bons ou de mauvais Rwandais. Toute personne est bonne et mauvaise à la fois. Et tout cela dépend des circonstances. Ce qui est bon pour les uns, est mauvais pour les autres. Pour guérir, il faut parfois faire souffrir. Pour construire, il faut parfois détruire. Vous avez grandi sans doute dans une atmosphère idéologique remplie de morale. Vous réfléchissez de manière métaphysique. C’est cette façon de penser qui domine le monde. Vous en êtes une victime. Mon opinion est que c’est la dialectique qui peut mieux vous aider à comprendre la réalité. Quant à la morale, je n’en vois pour l’instant, aucune utilité.

Un bon Rwandais !

Ni akumiro ! Ca veut dire quoi ça, un bon Rwandais ? C’est celui qui soutient le régime FPR ? C’est celui qui ferme les yeux sur ses forfaits ? Allons-donc ! Grandissez, ouvrez les yeux et les oreilles ! Si vous avez besoin de morale, gardez-la pour vous.

Bonne journée.

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La mondialisation touche aussi le Rwanda et il n’est pas toujours facile de savoir à qui appartient quoi aujourd’hui... depuis quand et jusqu’à quand. L’analyse ci-dessous vous permettra de vous faire une idée de l’actionnariat de certaines grandes sociétés opérant au Rwanda.

NKB 19/10/2008

Nous suivons avec attention l’évolution de l’industrie des télécoms au Rwanda et en Afrique de l’est. En tombant par hasard sur un article consacré à MTN Rwandacell, nous nous sommes rendus compte du changement intervenu dans son capital depuis la fin de l’année 2007.

Tristar investment S.A.R.L a cédé 15% des ses actions à son partenaire le groupe sud africain MTN. Celui-ci détient désormais 55% de Rwandacell contre 35% pour Tristar. Un tel fait n’est pas négligeable dans l’histoire économique du Rwanda et il mérite une petite analyse. 

Tristar et le groupe MTN étaient les principaux actionnaires de MTN Rwandacell à hauteur de 50% pour le premier et 40% pour le second. On se souvient qu’avant sa privatisation en 2005 Rwandatel S.A avait du céder 28% de ses participations dans Rwandacell au profit du gouvernement (10%) et des deux principaux coactionnaires Tristar et le group Sud africain MTN. A l’époque ces deux derniers s’étaient partagés 18% du capital de Rwandacell pour un montant équivalent à 3 million de dollar US et depuis Tristar avait vu ses parts augmenter de 46% à 50% et MTN de 26% à 40%

Rappelons aussi qu’à l’origine en 1997 Tristar, MTN et Rwandatel avaient constitué Rwandacell avec un capital de 15 million de franc rwandais (ou 500,000 dollar US au taux de change 1997 de 1 dollar pour 300 francs rwandais)

Dix ans après il apparait au rapport annuel 2007 du groupe MTN que la transaction d’augmentation de 15% de ses participations lui a couté près de 40 million de dollar US

Les détails de cette transaction ne figurent dans aucune annonce de presse de fin d’année 2007 mais déjà à l’époque nous nous étions demandé ce que pouvait bien valoir les intérêts de Tristar dans RwandaCell. En 2006 nous avions estimé la valeur de MTN Uganda à a peu près 490 millions de dollars pour 1.6 million d’abonnés mobilophones. Le groupe MTN avait payé 55 million à Tristar et 165 millions à Teliasonera (société de téléphonie Suédoise et Finlandaise) pour acquérir une augmentation de 44.8% d’actions MTN Uganda et en prendre le contrôle à plus de 95%. Nous en avions déduit qu’avec ses 452,000 utilisateurs en cette même année 2006 Rwandacell pouvait bien valoir 140 million de dollar

Par après vers le milieu de 2008, Safaricom au Kenya (9 million d’utilisateurs) mis en bourse 25% de ses action pour un montant de 800 million de dollar et donc sa valeur de marché au total était estimée à 3.2 milliards de dollar (à l’heure actuelle de la crise boursière mondiale son cours a chuté de plus de 40%). A la même époque Celtel Zambia avait "float(é)" 20% de son capital pour 666 milliard de Kwatcha ou 190 million de dollar US ce qui la valorisait à 950 million de dollars pour un parc d’1.9 million d’utilisateurs.

Celtel Zambia, MTN Uganda et Rwandacell son comparables de par leur rentabilité (plus de 50% de marge opérationnelle), leur composition de clientèle à majorité pre-paid (pré-payés), un "ARPU" ou revenu moyen par mois et par utilisateur d’environ 11 dollar et leur position dominante dans leur marchés respectifs (du moins pour MTN Rwandacell et Celtel Zambia). MTN Uganda avec 2.3 millions d’utilisateurs à la fin 2007 et Celtel avec 1.9 million pouvaient bien valoir près d’un milliard de dollar et Rwandacell avec 652,000 un peu près 280 millions de dollars

Ce calcul valorise les 15% de Rwandacell à 42 millions et donc pas loin des 40 millions que nous avons finalement retrouvé au rapport annuel 2007 du Groupe MTN (Le Groupe est "listé" à la bourse de Johannesburg et doit donc révéler les détails de ce genre de transactions faites via sa filiale d’investissement incorporée à l’Île Maurice). Une belle plus-value pour Tristar.

Il semble qu’il n’existe pas encore de législation précise au Rwanda en matière de taxation sur les plus-values résultant d’une cession d’actions. Dans d’autres pays une plus-value n’est admise en franchise d’impôt qu’à condition que Tristar, par exemple, prenne l’engagement de réinvestir ces fonds en immobilisation ou en biens tangibles avant l’expiration d’un certain délai. Tristar possède Real Contractors S.A.R.L, une entreprise prospère de construction au Rwanda et fait partie du consortium Rwanda Investment Group (RIG) qui à son tour possède la cimenterie de Mashyuza en plein expansion.

Le rapport du Group MTN fait état d’un chiffre d’affaire 305 millions de rand au prorata de ses 55% de participation au capital de Rwandacell (44 millions de dollar). Rwandacell avait donc atteint 80 millions de dollar de chiffre d’affaire (0.8% du groupe MTN au total), une marge opérationnelle de 44 millions et un profit net de 25 millions (si le taux d’imposition sur les sociétés commercial est de 30%, Rwandacell aura donc versé environ 11 millions au fisc Rwandais la Rwanda Revenue Authority) 

Depuis 2007 MTN Rwandacell est depuis considérée comme une filiale du groupe MTN et non plus comme une "joint venture" cogérée par les deux principaux actionnaires. Tristar en a perdu donc la gestion directe au quotidien et doit se contenter de dividendes versés aux actionnaires sur décision du conseil d’administration. En prime Tristar n’est plus tenue à contribuer aux investissements (en capital ou en nature) pour l’expansion de l’entreprise (l’entreprise est bien "lancée" et capable de s’autofinancer). Rwandacell compte actuellement environ 850,000 utilisateurs de téléphone mobile.

 
 
Sources :

"MTN increases shareholding in MTN Rwanda"
"Government mulls selling MTN Rwanda stake"
The New Times
Journaux Officiels du Rwanda
Rapport 2007 du Group MTN

18/10/2008