Rwanda -France/ politique
Sortie à Kigali ce week-end d'un livre d'enquête sur les relations
France-Rwanda
Kigali, 31 août (ARI) : « Bras de fer franco-rwandais », tel est
le titre de l'ouvrage de 618 pages ( format A5 plus), à paraître ce
week end à Kigali selon un dossier de presse reçu en primeur et en
exclusivité par l'Agence Rwandaise d'Information / Rwanda News
Agency (ARI-RNA).
Fruit de six mois de « longues, fastidieuses et sérieuses
recherches », « Bras de fer franco-rwandais » s'annonce déjà
comme « un pavé dans la marre », peu avant le réchauffement tant
annoncé mais encore hypothétique des relations tumultueuses entre la
France et le Rwanda.
Réalisé par deux auteurs : Jean Baptiste RUCIBIGANGO, ancien
rédacteur en chef de La Nouvelle Relève et ancien député du PSR
(Parti Socialiste Rwandais) et son collègue Moïse SENYANZOBE,
l'ouvrage est très accablant pour la France. Mais lisez plutôt les
auteurs :
« ... nous pouvons déjà faire savoir, à ce stade, qu'après avoir
analysé le rôle de la France, à travers l'espace temps et à travers
l'Afrique entière, nous sommes arrivés à un constat des moins
rassurants, des plus flagrants et pour le moins époustouflant. La
France a assassiné, en trente ans, plus d'une vingtaine d'hommes
d'état africains dont voici, ci-après, les principaux, et dont
l'ensemble est repris sous le chapitre entier (en un dossier
exclusif) « le bilan noir de la françafrique » :
26.11.1989 Assassinat du président des Comores Abdallah .
29.03.1988 Assassinat à Paris de Dulcie September, représentante
en chef de l'ANC en France.
26.08.1973 Assassinat à Paris du leader tchadien Outel Bono .
29.10.1965 Enlèvement à Paris et assassinat de Mehdi Ben Barka,
principal leader de l'opposition politique (UFMP) au roi du Maroc
Hassan II .
13.01.1963 Assassinat du premier président élu du Togo : Sylvanus
Olympio
02.10.1961 Assassinat du leader indépendantiste camerounais Félix
Moumié à Genève.
03.09.1958 Assassinat du leader politique camerounais Ruben Um
Nyobé au Cameroun
Sans oublier l'assassinat de Mahmoud Harbi de Djibouti. Mais
surtout, enfin, le Président Juvénal Habyarimana parvenu en « fin de
règne » et qui, manifestement, sous la pression politique et
militaire du FPR - mouvement de libération, allait cesser de servir
comme pion au Rwanda et dans la sous-région des Grands Lacs en règle
générale. L'enjeu géopolitique était considérable. Voir les
hypothèses que nous avançons plus loin, sur base de faits et
témoignages les plus crédibles. »
Les auteurs accusent surtout la France d'avoir commis sept
génocides en un demi-siècle. « ... la France est responsable de
plusieurs génocides, bien évidemment passés sous silence et qui ont
précédés le dernier en date, celui du Rwanda. Il nous faut, à
présent, vous faire part de cet inventaire macabre, qui n'est pas en
l'honneur de la « patrie des droits de l'homme » :
- « à partir de 1941 le génocide algérien. L'horreur et
l'amplitude du génocide algérien fut malheureusement suivi de
plusieurs autres, aussi révoltants, aussi scandaleux, aussi
inadmissibles que voici :
- en 1947 le génocide malgache
- à partir de mars 1960 le génocide camerounais
- de 1962 à 1964 le génocide des Bamiléké
- du 7 avril au 4 juillet 1994, le dernier génocide en
date des Tutsi.
Ces cinq innommables génocides furent perpétrés exclusivement sur
le continent africain où la présence colonialiste et néocolonialiste
française est la plus remarquable. »
« Pendant le même demi-siècle, la France officielle participa,
plus qu'activement, de 1940 à 1945, au génocide des Juifs, et
collabora administrativement, fonctionnellement et judiciairement à
éliminer tous les Juifs de son territoire (y compris, et surtout,
ceux venus se réfugier en France, en cette période de l'horrible
chasse à l'homme, en provenance : de l'Allemagne, de l'Autriche et
de Pologne). »
« En plus de la participation de la France officielle au génocide
des Juifs, nous devons également mentionner, pour être complets et
irréprochables, les horreurs commises par le corps expéditionnaire
français et ses légionnaires, de 1951 à 1952, en Indochine, où les
bouchers n'étaient pas ceux que l'on croit usuellement. »
« Au total, macabre s'il en est, la France s'est donc permise sept
génocides en un demi-siècle soit , dans le « registre comptable de
l'horreur », plus d'un génocide par décade. Un record absolu à
inscrire au Guinness Book en son nouveau chapitre « le summum des
horreurs de l'Humanité».
Et les auteurs, visiblement autrefois francophiles, ne s'empêchent
pas d'exprimer leur déception : « ... la belle et douce France n'est
pas ce pays idéal que nous avons d'abord appris à connaître et
ensuite adulé, par nos divers manuels scolaires, et ce, ni comme
havre de paix ni comme patrie de la culture voire d'une civilisation
remarquable et, à nos yeux, encore moins la patrie des droits de
l'homme, bien évidemment, qui est un titre auto-attribué des plus
indécents voire surtout un titre vraiment usurpé. »
Mais l'ouvrage ne s'arrête pas uniquement à ces « dossiers noirs »
de l'histoire coloniale de la France. Il revient sur l'actualité des
relations franco-rwandaises en 5 dossiers très particuliers :
- « réactions et protestations contre la parodie
judiciaire du juge Bruguière
- le mystère (voire mystérieux) Barril
- Dominique de Villepin, maître à penser des génocidaires
et des forces négatives
- un avant-goût des révélations terrifiantes (et
incontestables) faites à la « Commission Nationale Indépendante »
(C.N.I.) sur le rôle de la France dans le génocide
- la persistance de l'exception française contenant « le
dossier spécial : Nicolas Sarkozy ».
Et les auteurs terminent leur propos sur une demande expresse de
compensation à la France :
« Le Rwanda n'a décidément pas mérité cela, chère France. Il
attend désormais plus q'une simple demande de pardon de votre part,
mais des réparations voire des compensations substantielles, à la
hauteur de votre implication, à la hauteur du désastre indicible
auquel vous avez participé et contribué sciemment. »
Rompues en novembre de l'année dernière par le Rwanda, les
relations diplomatiques franco-rwandaises étaient restées tendues
depuis le génocide de 1994 contre les Tutsi dans lequel la France
est accusée d'avoir pris une part importante. Mais le ministre
français des affaires étrangères annonçait récemment des initiatives
tendant à réchauffer ces relations, initiatives dont le détail et la
concrétisation sont toujours attendus. (Fin).
ARI-RNA/Lit. /FMW / 31. 08. 07/ 18 : 05 GMT
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